Que pensent les syndicats de la réforme du lycée professionnel présentée par JM Blanquer ? Des critiques souvent négatives mais avec des nuances sensibles. Régions de FRance soutient la réforme tout en soulignant sa dépossession…
» Les mesures annoncées représentent de graves dangers pour l’avenir scolaire et professionnel des jeunes. La qualité des formations est menacée et les conditions d’études des élèves et de travail des enseignant·es seront inévitablement dégradées. Le ministre se garde bien de préciser que sa prétendue revalorisation de la voie professionnelle scolaire se fera avec moins de moyens : moins d’école pour les jeunes, moins de postes d’enseignant·es et un financement en berne des établissements. Si cette réforme est mise en œuvre, ce sont au moins 6000 postes qui seront supprimés et 120 heures en moyenne qui seront spoliées aux élèves, soit l’équivalent de 3 semaines et demi de formation par an », écrit le Snuep Fsu. » Pour « vendre » sa réforme aux PLP, le ministre emploie la même stratégie que lorsqu’il était le principal acteur de la réforme du bac pro 3 ans », ajoute le syndicat. « Il annonce la possibilité donnée aux PLP d’être affecté·es en BTS. Le SNUEP-FSU acte positivement cette annonce mais reste lucide. Très peu de PLP seront concernés et la grande majorité des collègues continuera à enseigner au niveau V et IV en voyant leurs conditions de travail se dégrader ». Interrogé par le Café, Axel Benoist, secrétaire national, n’est par contre pas hostile à des classes passerelles entre LP et BTS. « Si ces jeunes ne trouvent pas de place c’est qu’ils ont besoin de formation supplémentaire ».
« Ce qui est au menu c’est la baisse des volumes horaires », explique Maxime Besselievre, secrétaire national de la CGT Éduc’action. « Le projet de réforme creuse l’écart entre formation professionnelle et poursuite d’études en BTS ». La CGT évalue à un trimestre sur 3 ans la perte des heures d’enseignement, entre 294 et 378h. « Les 2des par familles de métier nous inquiètent : c’est moins de temps pour avoir le bac et on s’interroge sur la présence de tous les métiers dans tous les lycées ».
» Les nouvelles grilles horaires en bac professionnel sont allégées pour les élèves afin de dégager des heures pour des groupes à effectifs réduits ou de la co-intervention. C’est une option intéressante, si aucun moyen ne s’évapore dans l’opération », estime Stéphane Crochet , secrétaire général du Se Unsa. « D’autres axes de travail sont encore flous, que ce soit l’avenir des 78 campus des métiers existants, la mise en oeuvre des futures « familles de métiers » ou la durée modulaire du CAP… Selon le ministre, toutes ces propositions donneront lieu à « un dialogue social nourri et constructif ». Pour le SE-Unsa, des moyens garantis et l’amélioration de la qualité de vie au travail des enseignants de lycée professionnel sont indispensables à la réussite de ce projet ».
Plus positive, Régions de FRance confirme que les régions soutiennent le plan Blanquer. « Plusieurs des mesures vont dans le bon sens : progressivité des choix (familles de métiers puis spécialité) ; pluralité des formes : scolaire et apprentissage ; soutien aussi bien à ceux qui font le choix de l’insertion après le bac professionnel qu’à ceux qui souhaitent poursuivre, par une adaptation du contenu de la terminale ; ouverture plus grande au monde économique, y compris sur la redéfinition des diplômes ; accord pour ouvrir la réflexion sur le devenir/l’évolution des Campus des métiers en partenariat avec les Régions. En lien avec leurs compétences économique et de formation, les Régions seront en première ligne pour mettre en œuvre ces transformations aux côtés de Jean-Michel Blanquer », écrit Régions de FRance. Mais « les Régions soulignent le risque de cloisonnement des formations professionnelles initiales avec la politique de l’apprentissage livrée à la loi de l’offre et de la demande et le pilotage de la voie professionnelle confié au Ministère de l’Education nationale et aux Régions. Les Régions réaffirment leur volonté d’organiser la transversalité et d’adapter sur les territoires l’offre de formation à la réalité de l’environnement économique ».