Malgré de réels efforts faits par le ministère, les arrêtés sur l’organisation du lycée ont été repoussés très majoritairement lors du Conseil supérieur de l’éducation (CSE) du 12 avril. Le ministère a accepté de faire passer la marge horaire en cycle terminal de 7 à 8 heures. En seconde l’éco-gestion devrait faire sa réapparition sous forme d’un enseignement optionnel, ce qui serait une bonne nouvelle pour les professeurs de SES. Enfin la spéciailté Ressources humaines fait sa réapparition en STMG.
Un net rejet des trois arrêtés
Après le rejet des textes sur le bac, le ministère vient de vivre un second revers lors du CSE du 12 avril. Le CSE s’est prononcé contre l’arrêté sur la classe de seconde et contre les deux textes sur la voie générale et la voie technologique.
L’arrêté sur la classe de seconde a été repoussé par 53 voix contre (Fsu Sgen) et 10 pour (Snpden et Unsa Education). Le Se Unsa s’est abstenu. L’arrêté sur la voie générale a reçu 33 voix contre pour 9 pour. Celui sur la voie technologique n’a eu que 6 pour contre 35.
Malgré des avancées
Pourtant le ministère a accepté de réelles avancées de l’avis même des syndicats. Ainsi la marge horaire en cycle terminal est relevée à 8 heures. Il est acté que cette marge ne peut être « qu’abondée » par le recteur (le texte original disait « le recteur peut modifier »).
De nouveaux enseignements sont introduits. Une option « management et entrepreneuriat » sera proposée en seconde. Cela devrait rassurer les professeurs de SES qui craignaient de devoir faire de la gestion aux dépens de la sociologie. En cycle terminal, le ministère va introduire un nouvel enseignement de spécialité « littérature et langue et culture de l’Antiquité ». Dans la voie technologique, l’enseignement de ressources humaines est rétabli. Des professeurs de STMG craignaient de voir disparaitre cette spécialité. L’enseignement de sciences du numérique est porté à 1h30 hebdomadaire.
Il y a eu une surprise quand le ministère s’est dit très interessé par un amendement du SGL proposant une annualisation de l’enseignement de l’EMC. Celle ci devrait donner lieu à 18h annuelles.
Maths et orientation en panne
Par contre le ministère n’a pas bougé sur la question d’introduire un enseignement de maths pour tous les lycéens du cycle terminal. Un amendement bénéficiant du soutien de la Fsu et du Se Unsa n’a pas été retenu.
Quand à l’éducation à l’orientation elle reste la parente pauvre de la réforme alors même qu’elle en était le prétexte. Rebaptisée « accompagnement au choix d’orientation », elle en disposera plus que d’un horaire indicatif de 54 h annuelles. Un horaire qui devrait correspondre à celui de la « semaine de l’orientation »…
Un projet incohérent
« Il y a eu une vraie volonté de prendre en compte nos remarques », reconnait Claire Guéville, secrétaire nationale du Snes Fsu en charge du lycée. « Mais le projet de JM Blanquer reste aux antipodes du projet porté par le Snes. On souhaite un projet qui construise des formations avec des disciplines en cohérence les unes avec les autres ». Pur le Snes la réforme « marque une rupture » avec le lycée actuel. Le Snes déplore aussi la façon dont la réforme est construite. Le CSE précédent a traité de l’examen final (le bac). Celui du 12 avril des horaires disciplinaires. « On aurait aimé se prononcer sur les contenus et l’organisation des enseignements avant d’aborder les autres points », dit C Guéville. « On met la charrue avant les boeufs ».
Si l’Unsa apparait divisé sur la réforme (le Snpden et l’Unsa éducation votant pour et le Se Unsa s’abstenant), le Sgen Cfdt, d’abord favorable à la réforme et au lycée modulaire, est devenu très critique. » Le projet d’organisation du lycée n’est pas à la hauteur des enjeux », note le Sgen. » Les enseignements d’exploration sont supprimés sans qu’on ait cherché à les faire évoluer… Résultat prévisible, ce sera dans le cadre des enseignements communs que se fera intégralement la détermination des enseignements de spécialité, avec, du coup, des programmes orientés dans cette logique. Et les enseignants de Seconde se retrouveront dans la même injonction paradoxale qu’aujourd’hui, d’avoir à assurer un enseignement qui doit être à la fois commun mais triant… Toutes les modalités de travail pédagogiques un tant soit peu innovantes semblent écartées ou renvoyées en périphérie du lycée. C’est le cas des enseignements d’exploration en Seconde…, de la pédagogie de projet dans la voie générale puisque les TPE sont supprimés pour être remplacés par un grand oral de plus en plus évanescent, sans horaire dédié ni obligation d’être travaillé sur un temps long. C’est le cas enfin de l’AP ». La grande réforme fait finalement une quasi unanimité contre elle.
François Jarraud