« Nous partageons confusément le sentiment que le lien entre l’Église et l’État s’est abîmé, et qu’il nous importe à vous comme à moi de le réparer ». La phrase prononcée devant les évêques le 9 avril alimente la polémique aussi bien auprès des syndicats que de la Ligue de l’enseignement.
Le Se Unsa estime qu’en » appelant les catholiques à s’engager en politique, le président sort de son rôle. Il doit seulement s’adresser au citoyen, caractère premier de chaque personne au sein de la République. La croyance constitue un caractère secondaire, comme le genre, la couleur de peau, les opinions politiques, l’orientation sexuelle ». Le syndicat souligne « un passage surréaliste du discours : « chaque jour, des associations catholiques et des prêtres, accompagnent des familles monoparentales, des familles divorcées, des familles homosexuelles, des familles recourant à l’avortement […] ; l’Église accompagne inlassablement ces situations délicates et tente de concilier les principes et le réel ». Sans préjuger de la réalité de cette affirmation, l’opinion publique a surtout retenu l’opposition de l’Église au divorce, à l’acceptation de l’homosexualité, à l’IVG et au mariage pour tous. »
» Le président de la République porte une attaque frontale aux principes fondamentaux de la laïcité. La loi de séparation de 1905 pour laquelle « la République ne reconnaît … aucun culte » serait-elle devenue de la poudre de perlimpinpin ? », affirme le Snes Fsu. » Au delà des gages qu’il a sans doute voulu donner à son auditoire alors que va s’ouvrir le débat parlementaire sur la bioéthique, le président donne sa vision de la société laïque dans laquelle État et Églises sont placés sur le même plan, appelant les catholiques, que « les politiques ont profondément méconnus », à réinvestir la « scène politique, nationale comme européenne ». Il entretient aussi largement la confusion entre croyants et Église ».
» Faut-il voir là l’esquisse d’une gestion communautaire des défis posés par la société actuelle ? », demande la Ligue de l’enseignement. « Parmi ces défis, la réduction des inégalités sociales insupportables qui sont à l’œuvre dans notre pays et qui sont contraires à nos valeurs. Pour la Ligue de l’enseignement, « ce n’est pas la diversité culturelle qui menace l’unité de la société, c’est l’inégalité persistante et croissante des conditions et des discriminations » . En conséquence, c’est bien le lien entre République et laïcité qu’il faut, non pas réparer, mais réaffirmer. »
Sur son blog, Claude Lelièvre rappelle les étapes de cet engagement du président sur un chemin qui interpelle la laïcité.