« Le réussite éducative ne repose plus sur la restitution des connaissance mais sur la capacité à extrapoler et à appliquer les connaissances de façon créative dans de nouvelles situations en reliant différents champs de connaissances… Cela nécessite de nouvelles façons d’enseigner et d’apprendre et un nouveau type d’enseignants ». Dans un nouvel ouvrage publié par l’OCDE, Valuing our Teachers and Raising their Status, Andreas Schleicher, directeur de l’éducation de l’OCDE, tire toutes les conséquences de cette évolution. Il met en évidence le lien entre le constructivisme et le niveau des élèves. Il montre aussi l’intérêt qu’ont les autorités à veiller au bien être des enseignants. Car là où il est faible, le niveau l’est aussi…
Une nouvelle conception du métier d’enseignant
« La classe traditionnelle qui a existé pendant des générations repose sur une introduction dirigée par l’enseignant caractérisée par des leçons, ou un cours dialogué ». Cette classe là, pour A Schleicher, vit ses derniers instants. Parce que le niveau d’exigences s’est élevé et qu’on attend des élèves davantage capables d’autonomie et de traiter des tâches complexes.
Pour pouvoir asseoir cette nouvelle pédagogie, le métier d’enseignant doit évoluer aussi bien dans ses relations avec la communauté éducative que dans les pratiques pédagogiques. Pour A Schleicher il y a déjà un lien entre le niveau des élèves, tel qu’il est évalué dans Pisa, et les conceptions pédagogiques des enseignants. « Depuis des décades les éducateurs ont encouragé à donner aux élèves plus de controle sur l’organisation du cours, son rythme. Ces stratégies orientées vers l’élève trouvent de plus en plus de place dans les salles de classe ».
Quelles pratiques pédagogiques…
C’est ce qu’il va montrer en se basant sur les résultats en maths de Pisa. Il dresse d’abord une typologie des méthodes pédagogiques dans les pays de l’OCDE selon que l’enseignement est centré sur le maitre ou l’élève et aussi selon qu’il repose sur la mémorisation ou la construction du savoir par l’élève. Les résultats sont intéressants parce que le graphique montre le lien entre la mémorisation et l’enseignement centré sur le professeur et inversement. La France apparait à cet égard bien extrême avec un taux très fort d’enseignement tourné vers le professeur et de mémorisation.
Pour quels résultats ?
Coté niveau des élèves, les résultats sont à nuancer. « Quand les professeurs dirigent les élèves, il sont plus à même de réussir des problèmes de maths simples. Quand le problème devient difficile, les élèves enseignés dans un système centré sur l’enseignant perdent cet avantage », dit A Schleicher. La conclusion qu’il en tire c’est qu’il ne fait aps se reposer sur un style d’enseignement mais qu’il faut en utiliser plusieurs.
L’opposition est plus nette entre les démarches où les élèves mémorisent des résultats et celles où ils élaborent les résultats. La mémorisation est liée à l’anxiété des élèves. Elle aide à résoudre des problèmes de routine. « Si la mémorisation marche pour résoudre des problèmes simples cela ne va plus loin », note A Schleicher. Plus le niveau des élèves d’un pays est élevé moins l’enseignement repose sur la mémorisation, montre PIsa.
Mais au delà, quelles méthodes pédagogiques employer pour réussir en maths ? L’ouvrage donne de nombreux exemples de « bonnes pratiques » dans des établissements. Il cite par exemple un établissement de Linz où l’enseignement est donné par deux professeurs dans la classe qui se partagent le travail l’un d’eux encadrant des groupes d’élèves. Dans uen école israélienne les enseignants ont changé le temps de l’heure de cours pour l’allonger de façon à aller plus au fond des questions mais ils traitent moins de sujets et la semaine est raccourcie. Dans uen école anglaise un jour par semaine es réservé à une recherche menée par les élèves. Les enseignants donnent le défi du jour et les élèves doivent rassembler les informations pour trouver al solution. Exemples de problèmes : jeter un oeuf le plus haut possible et ne pas le casser, ou apporter une solution à un risque naturel.
Enseigner de façon collaborative
Tous ces exemples reposent sur des pratiques collaboratives du métier. Pour A Schleicher, « trouver l’approche pédagogique qui marche le mieux dans un contexte précis perdn du temps, nécessite de la recherche et une pratique collective où les bonnes idées irriguent la profession. Réussir cela c’est passer d’une organisation de type industriel à une organisation du travail vraiment professionnelle. C’est ce qu’on doit attendre du 21ème siècle en éducation ». Un graphique montre non seulement que la France est mal placée pour le travail collaboratif des enseignants mais aussi que les pays qui ont les meilleurs résultats dans Pisa sont ceux qui ont des pratiques collaboratives ( Japon en tête, Corée, Singapour, Hong Kong etc.). L’ouvrage donne d’ailleurs en exemple les réseaux d’enseignants au Japon où ont lieur régulièrement des séminaires de pratiques de classes.
Pour A Schleiecher, pour améliorer les pratiques pédagogiques dans le futur, il faut passer de l’enseignant isolé au travail collaboratif, de l’emploi du temps traditionnel à des périodes plus longue set plus flexibles pour approfondir l’enseignement, de l’enseignement traditionnel à des projets et des problèmes.
Quel lien entre la considération reconnue aux enseignants et les résultats ?
Tout cela nécessite aussi que le métier d’enseignant soit reconsidéré. « Pour que l’enseignement soit plus efficaces, les enseignants doivent avoir un haut niveau de bien-être, de sentiment d’efficacité et de confiance… On demande de plus en plus aux enseignants . On attend d’eux une connaissance approfondie de ce qu’ils enseignent.. et on attend d’eux d’autres tâches comme développer les compétences non cognitives des élèves, répondre aux différences des élèves et travailler collaborativement avec les autres enseignants et les parents. Dans ce contexte ce n’est aps une surprise que le stress et le bien-être des enseignants soient devenus des sujets prioritaires… Pisa montre que les systèmes éducatifs les plus efficaces sont ceux où la société accorde une grande valeur aux enseignants… Ce n’est aps seulement que les enseignants doivent se sentir bien. Le sentiment d’efficacité des enseignants est lié à la motivation des èleves, à leur résultat.
Et là on a en France du souci à se faire car les enseignants français sont ceux, avec la République slovaque, qui se sentent les moins valorisés dans la société.
Cela alors même que l’OCDE établit le lien entre cette valorisation et la part de très bons élèves en maths.
On laisse nos décideurs en tirer les conclusions qui s’imposent. Ou pas.
François Jarraud