» Des collèges qui ont moins de 30 élèves par classes, ce n’est pas bon, même pour les élèves ». Ces propos présidentiels, tenus le 15 mars selon l’AFP, résument assez bien la tournée du président de la République et du ministre de l’éducation nationale en Indre et Loire. Lancé pour effacer la mauvaise impression donnée par les fermetures de classes en milieu rural, le voyage présidentiel n’a pas convaincu. D’autant que le Snuipp Fsu, premier syndicat du primaire, publie une contre argumentation précise.
Alors que les CDEN se terminent dans les départements, E Macron voulait effacer l’impression détestable restée dans le monde rural par la multiplication des fermetures de classes. Ainsi il annonce le 15 mars l’ouverture de « la première classe dédoublée en milieu rural », à Rilly-sur-Vienne (37). Le geste , qui applique en zone rurale la mesure qui existe en Rep+, se veut symbolique : le président n’oublie pas le monde rural au profit des villes. » Nous allons augmenter le taux d’encadrement (nombre d’enseignants par rapport au nombre d’élèves) l’année prochaine, en particulier en zone rurale. Nous allons ouvrir 1.000 classes » sur l’ensemble du territoire en plus de celles dédoublées dans les zones prioritaires », ajoute-il. De son coté le ministre de l’éducation nationale bataille dans les médias depuis plusieurs semaines limitant les fermetures à 207 classes rurales.
Mais, selon le Snuipp, on est loin du compte. Rappelant les troubles dans 70 départements, le syndicat compte 1097 fermetures dans les écoles rurales pour seulement 289 ouvertures, soit un différentiel de 808 postes supprimés. Pour le syndicat, « les 3880 postes créés pour la rentrée 2018 ne suffisent pas à financer la mesure-phase du gouvernement : le dédoublement des CP et des CE1 en REP+ et des CP en REP « consommera » à la rentrée environ 6200 postes. Même en tenant compte de la baisse démographique, ce sont près de 1200 postes qui font défaut pour préparer la rentrée 2018. Recteurs et directeurs d’académie sont donc contraints à des redéploiements en ponctionnant les postes des secteurs ruraux pour les réaffecter dans les villes où se situe la majorité des réseaux d’éducation prioritaire, suscitant l’incompréhension car l’abaissement des effectifs dont on sait qu’il peut être facteur de réussite, n’est pas l’option retenue pour tous les élèves. L’amélioration du taux d’encadrement dont se targue le gouvernement, si elle est réelle du point de vue mathématique, repose en fait sur un trompe-l’oeil lié en partie aux classes dédoublées ».
De très nombreux exemples appuient cette analyse. Par exemple la carte scolaire du Gers publiée le 16 mars avec 10 fermetures de classes rurales contre 3 ouvertures. Selon le Snuipp dans l’Indre, autre département rural , on compte 8 postes supprimés (0 créés) en zone rurale, 20 en Dordogne, 22 dans la Loire etc.
Le président préfère faire la morale aux Français qu’il croise lors de ce voyage. Au maire de Rilly il répond « » des collèges qui ont moins de 30 élèves par classes, ce n’est pas bon, même pour les élèves ». Des propos qui seront mal appréciés des enseignants. Aux retraités qui se plaignent de la hausse de la CSG, il les invite à » un effort pour aider les jeunes qui travaillent et qui paient vos retraites ».