Vous êtes invités à découvrir l’exposition « La Belle vie numérique ». Cette exposition gratuite en accès libre à l’Espace Fondation EDF, s’interroge sur les changements apportés par le numérique dans notre vie quotidienne d’une façon originale. Elle invite à réfléchir et à réagir sur la transformation du monde par le numérique, à travers les œuvres inattendues de 30 artistes contemporains. L’exposition surprend, car elle se détache volontairement de l’image technologique ou des clichés technoïdes que le mot numérique fait surgir dans l’imaginaire collectif. De plus, les visiteurs ne restent pas de simples spectateurs, chaque espace leur propose des expériences insolites. Les professeurs peuvent organiser des visites libres gratuites de l’exposition, ou opter pour des visites guidées toujours gratuites mais sur réservation.
Le numérique, nouvel outil de création artistique
Cette exposition n’est pas une exposition d’art numérique, mais le regard porté par 30 artistes du monde entier sur la transformation de notre vie quotidienne avec l’apparition d’internet et des technologies numériques. Elle s’intéresse particulièrement à la transformation des pratiques artistiques. Comment les artistes, ceux qui ont vu arriver la révolution numérique et ceux qui sont nés avec, inventent-ils de nouvelles manières de faire et de penser ? Comment reflètent-ils le changement de perception du monde ressenti par chacun d’entre nous ? Comment les outils de création ont-ils été influencés par les GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple) ? Quels regards portent-ils sur ce nouveau monde dont on ne perçoit parfois plus les frontières entre réel et virtuel ? « La Belle vie numérique » invite, de manière ludique, le visiteur à réfléchir, réagir, participer plutôt que d’imposer des réponses ; elle l’invite à découvrir les délices et les vices de son devenir numérique. Chaque espace lui propose des expériences insolites, au milieu de photos géantes sur les murs et de vidéos.
Un parcours en six étapes
Deux circuits sont proposés aux visiteurs pour découvrir les six espaces thématiques de l’exposition. « Les absurdités numériques » se penchent sur les mutations comportementales, et invitent le public à considérer ses modes de vies connectés sous un angle, drôle et ironique, parfois déroutant, pour se demander, ce qu’est, être humain aujourd’hui. « La beauté numérique » lui démontre que les formes de la beauté n’ont pas de normes, pas de règles, qu’elles ont toujours évolué au gré des époques et des innovations. Le développement des technologies numériques de l’information et de la communication a profondément bouleversé les manières de créer, de voir et de penser. L’apparition d’œuvres en ligne, accessibles à tous et à tout moment, révolutionne les rapports entre l’artiste, l’œuvre, le spectateur et le marché de l’art. L’espace « Avec le numérique, tout le monde est artiste ! » demande aux visiteurs si le selfie est une œuvre d’art. Les œuvres deviennent des fichiers numériques que l’on met en ligne, que l’on s’envoie, que l’on soumet comme projet.
Pour le meilleur et pour le pire
L’espace « Fantasmes et peurs numériques » démontre que toute innovation technologique apporte son lot d’espoirs immenses et de frayeurs incontrôlées. L’apparition du numérique a révolutionné la vie et tous les domaines sont touchés. Il y a ce risque dont l’exposition se fait l’écho du remplacement de l’homme par des machines intelligentes. Les questionnements autour de l’intelligence artificielle se multiplient, les machines seront-elles bientôt plus intelligentes que l’homme ? Les ordinateurs sont-ils les artistes de demain ? L’intelligence artificielle peut-elle être considérée comme un créateur ou comme un outil ? Qui détient les droits d’auteur ? Le 26 octobre dernier, un robot qui a l’apparence d’une femme du futur, a obtenu un vrai passeport, et répond seule aux questions des journalistes. Ses interviews ont été diffusées en live sur le média social Periscope qui fait l’objet d’une installation stupéfiante de l’artiste MWood dans l’exposition.
Dans l’espace intitulé « Les nouveaux possibles », les artistes proposent de nouveaux modes de pensée. Carla Gannis et Lee Lee Nam revisitent les œuvres iconiques de l’histoire de l’art pour les pousser à muter et à se repositionner dans le langage visuel de l’époque actuelle. Véronique Béland, Lyes Hammadouche, Matteo Nasini et Scenocosme utilisent la technologie comme un moyen de donner forme à l’immatériel. Ils révèlent les flux invisibles qui traversent tout un chacun. Tous ces artistes ont en commun d’utiliser les technologies numériques pour leur faire dire autre chose. L’espace, « Du numérique au quantique » démontre qu’Internet et le monde du travail aujourd’hui poussent à devenir quantique, être dans deux conditions à la fois, dans deux lieux virtuels en simultané.
Des œuvres inattendues
Un nouveau Rembrandt ! En 2016, 373 ans après la mort de Rembrandt, un tableau inédit de l’artiste a été créé grâce à des algorithmes et une imprimante 3D. Carla Gannis revisite le fameux « Jardin des délices » de Jérôme Bosch, traduisant le vocabulaire religieux de l’époque dépeignant la folie et la débauche, à l’aide des icones populaires de notre temps, les emojis. « The Garden of Emoji Delights », une vidéo en boucle, est un jardin de l’ère numérique où se dessinent en symboles les travers de nos sociétés actuelles, à travers trois royaumes émojifiés, le Paradis, l’Enfer et la Terre. Winshluss a spécialement conçu pour l’exposition, un court film d’animation, « Alone together » qui met en scène la ballade en forêt de deux personnages hyperconnectés, et questionne ainsi avec humour sur les addictions numériques. Du Zhenjun transpose le mythe de Babel à notre époque contemporaine : « Babel world » », ses cités saturées sont en effet planétaires, elles sont la somme d’images provenant de l’internet mondial. Les architectes Séries et Séries ont réalisé pour l’exposition une série des rendus d’images 3D, « Recherches », dessinant ainsi leur propre vision d’un Paris du futur ; et ils offrent des milliers de formes d’architecture !
Julien Levesque présente « Street Views Patchwork », une œuvre en ligne qui se réactualise au rythme de la mise à jour des bases de données de l’application « Google Street View » : à partir de ces données disponibles, l’artiste imagine des paysages composés de quatre vues prises aux quatre coins du monde, et superposées à l’horizontale. Tempo II est une installation géante : 270 webcams live installées aux quatre coins du monde retransmettent des fragments de ciels en temps réel. L’œuvre prend pour tempo le rythme de rotation de la Terre, et le midi solaire est placé au centre de l’installation. Tempo II permet grâce à la technologie numérique de voir l’impossible : 270 ciels connectés.
Et si vous souhaitez une musique créée pour vous et jouée en votre honneur au piano, Véronique Belland vous l’offre ! Sa démarche artistique vise à rendre matériel ce qui à priori est invisible ou inaudible. « As we are blind » instaure une relation intime et privilégiée entre l’individu et la technologie. Ici ce n’est pas la musique qui génère des émotions, c’est l’état émotionnel du spectateur qui est à l’origine du corpus musical. Le visiteur pose la main sur un capteur, obtient un portrait photographique coloré de son aura, et en même temps le piano joue une partition inédite qui la représente. Quant aux couleurs de la photo, elles traduisent son état émotionnel.
Pour le public scolaire
L’accès à l’exposition est toujours libre et gratuit. Les professeurs peuvent organiser des visites autonomes de l’exposition. Des médiateurs présents dans les différents espaces sont à leur disposition pour répondre à leurs questions. Ils peuvent opter aussi pour des visites guidées adaptées à l’âge des jeunes, ces visites gratuites doivent toutefois être réservées par mail auprès de Catherine Jaffeux, catherine.jaffeux@edf.fr en précisant la date et l’horaire souhaités, le niveau scolaire et le nombre de participants.
Béatrice Flammang