Près d’un enfant sur cinq change de collège en cours de scolarité. Cela leur profite-il ? La réponse est clairement négative. Mieux vaut éviter de changer son enfant de collège. C’est ce que montre l’étude réalisée par Claudine Pirus (Depp) publiée dans Education & formations de décembre. En comparant les destins scolaires de groupes comparables d’enfants mobiles et non mobiles, elle établit que les effets négatifs sont particulièrement forts pour les élèves les plus faibles.
Des élèves plus défavorisés que les autres
« Au cours de sa scolarité au collège, environ un élève sur cinq change d’établissement, et cela pour deux raisons essentiellement. La cause la plus fréquemment avancée par les familles est la mobilité résidentielle. Elle est suivie de l’insatisfaction des familles envers le collège d’origine », rappelle C Pirus dans son étude basée sur le panel 2007 de la Depp.
Le motif du changement de collège est majoritairement le déménagement (34%) suivi du manque de discipline dans le collège (22%) et du manque d’aide aux élèves (18%) ou encore le niveau trop faible du collège (9%).
Les élèves qui changent de collège sont marqués par l’origine sociale : « les changements d’établissement sont plus fréquents chez les élèves issus de milieux défavorisés et fragiles scolairement. » Le taux de mobilité est de 18 % pour les enfants de professeurs et de 14 % pour les professions libérales (contre 24 % pour les ouvriers et 26 % pour les employés ». La mobilité est aussi plus fréquente dans les familles monoparentales ou recomposées.
La mobilité est plus forte chez les élèves faibles. Par exemple, 27 % des élèves ayant obtenu les notes les plus faibles aux évaluations de fin de sixième changent d’établissement contre seulement 12 % de ceux ayant le niveau le plus élevé.
Des changements de collège non rentables
Ces changements de collège sont-ils rentables ? C Pirus ne se borne pas à constater que le niveau des mobiles est plus faible en fin de collège que les non mobiles. Elle reconstitue l’évolution comparée d’échantillons identiques mobiles et non mobiles pour calculer l’effet du changement de collège.
Elle met en évidence un effet négatif du changement de collège particulièrement pour les élèves les plus faibles et les plus forts. » la mobilité scolaire a un impact significativement négatif sur le niveau en troisième, pour les garçons faibles scolairement en début de collège ».
L’impact de la mobilité est encore plus nette quand on regarde l’orientation en fin de troisième. » La part d’élèves mobiles s’orientant en seconde générale et technologique est bien plus faible que celle des élèves non mobiles (43 % contre 57 %). Et inversement, les élèves mobiles ont plus de chances de s’orienter vers la voie professionnelle que s’ils étaient restés dans le même établissement. Concernant l’orientation en seconde professionnelle, un élève mobile sur trois choisit cette filière contre un élève non mobile sur quatre. En outre, un élève a un risque deux fois plus élevé de sortir du système scolaire lorsqu’il a changé d’établissement au cours du collège (5,5 % contre 2,7 %) ».
F Jarraud