Il y a eu des progrès par exemple dans la réduction du taux de redoublement, un facteur d’inégalité sociale selon l’OCDE. Mais la France reste la championne des inégalités sociales à l’école selon Pisa 2015 dont un nouveau volume sort le 6 décembre. D’une part la France se singularise parmi des pays de l’OCDE où les inégalités ont globalement fortement baissé. D’autre part elle reste un mystère : comment être championne des inégalités sociales à l’école quand on est aussi le pays qui dépense le plus en dépenses sociales publiques ? Ou encore quand on est au deuxième rang mondial pour l’accès au pré scolaire ?
Réussite scolaire et origine sociale
Globalement, selon Pisa 2015, il y a toujours un lien entre l’origine sociale et le niveau scolaire. L’Ocde, qui publie un volume dédié aux inégalités le 6 décembre, estime que les enfants de milieu défavorisé, en moyenne dans l’OCDE, risquent trois fois plus que les autres d’avoir un niveau scolaire en dessous de la moyenne. Elle relève aussi que l’écart entre les enfants de parents ayant fait des études supérieures et ceux sont les parents ont un niveau collège est de 84 points, soit presque 3 années de scolarité. Cet écart se réduit avec l’âge mais il reste encore de 46 points à 25-29 ans.
En général également, les pays de l’OCDE ont réduit de 13% l’effet social dans les résultats scolaires. Les baisses sont sensibles au Brésil, en Allemagne ou aux Etats-Unis, qui deviennent un bon exemple de la réduction des inégalités.
La France championne des inégalités
Mais tous ces bons points ne concernent pas la France. Celle ci se distingue par une inégalité d’accès à l’éducation qui reste parmi les plus élevées du monde. C’est en France que le niveau social explique le plus le niveau scolaire selon l’OCDE. C’est aussi en France que l’écart de niveau en sciences entre riches et pauvres est le plus élevé : 118 points contre 88 en moyenne dans l’OCDE.
Comment expliquer cela ? Disons le tout de suite, le ministère a cette année encore évité les questions qui fachent en ne remplissant pas le questionnaire établissement. Impossible donc de comparer dans Pisa les résultats des établissements populaires et les autres.
La France a pourtant des points forts. Par exemple un taux de dépenses sociales publiques qui est le plus élevé de l’OCDE. Ou encore un taux d’accès à la maternelle qui est presque le plus élevé du monde à 3 ans. Or pour l’OCDE le pré scolaire est un atout pour diminuer les inégalités sociales à l’école.
Mais quand on y regarde de plus près on voit que la scolarisation à 2 ans est faible en France. Elle a été démantelée sous Sarkozy. Et il n’y a pas de continuité pédagogique entre les modes d’accueil avant 3 ans et après 3 ans.
Comment réduire les inégalités sociale à l’école ?
C’est à l’école que l’écart social se creuse. Pirls vient d’illustrer les difficultés scolaires françaises sur des fondamentaux comme la lecture. Pisa met l’accent sur quelques points qui permettent de réduire les inégalités sociales à l’école.
D’abord la répartition des moyens : il faut donner plus aux établissements populaires ce qui n’est pas évident en France où ils accueillent le personnel le moins couteux (professeurs débutants , contractuels)et manquent souvent de personnel éducatif ou médico social.
Mais l’OCDE désigne aussi des points plus sensibles encore. Par exemple la place faite aux familles dans l’établissement. L’implication des parents est une clé encore largement inutilisée. L’aide spécifique aux élèves issus de l’immigration qui peut aller jusqu’à enseigner des matières comme les maths dans la langue d’origine ou à former les enseignants à la diversité, ferait scandale en France. La réduction du redoublement est un acquis récent et la France est saluée par l’OCDE sur ce point. Mais le taux de redoublement reste très supérieur à la moyenne OCDE : 38% des jeunes de 15 ans défavorisés ont redoublé au moins une fois en France contre 7% de favorisés. Dans l’OCDE les taux sont de 4 et 2%. Et on sait que le ministre veut rétablir le redoublement.
L’OCDE introduit cette année une autre dimension la possibilité de réduire les écarts après l’école dans le cadre de la formation professionnelle. Et là aussi la France se distingue par le maintien des inégalités. En France plus qu’ailleurs cette formation est accordée aux plus diplômés et aux personnes ayant un emploi au lieu de favoriser les moins diplômés et les salariés demandeurs d’emploi.
L’école française qui croit tant dans le mérite et l’égalité semble toujours incapable de traiter ses élèves avec équité. D’année en année, d’édition de Pisa en édition, le même constat se répète sans qu’on distingue les progrès réels que nos voisins , eux, savent faire.
François Jarraud