L’histoire – géographie peut-elle s’appuyer sur une messagerie instantanée comme Instagram ? A la différence par exemple , de Twitter, Instagram fait partie de l’univers adolescent. L’utiliser c’est aussi s’introduire dans un espace où les adultes n’ont pas acquis droit de place. C’est pourtant ce à quoi nous invite Philippe Sallet. Pour lui, c’est « l’outil efficace du moment ».
Des vidéos d’une minute
Interlocuteur académique pour le numérique, Philippe Sallet enseigne l’histoire-géographie au collège René Cassin de Baume les Dames, un gros bourg du Doubs. C’est un des créateurs du Mooc HG2 dont le Café a déjà parlé.
A cette rentrée Philippe Sallet fait irruption dans le monde de ses troisièmes en poussant la porte d’Instagram. Instagram est une messagerie instantanée qui permet d’échanger des photos et des vidéos avec ses abonnés.
« Ce qui est sympathique », explique P Sallet, « c’est que les vidéos ne font qu’une minute. Il y a donc une contrainte de temps qui pousse à l’essentiel. Le coté bricolage, filmer avec son téléphone, est intéressant aussi ».
Mais qu’en faire avec les élèves ? Philippe Sallet échange des documents en support du cours ou des vidéos réalisées en classe avec les élèves. Il partage sur Instagram des moments de la scolarité comme la remise des diplômes du DNB.
Personnaliser les rapports
Avec Instgram, il filme des extraits de copie pour pointer des erreurs intéressantes exploitable en cours. Là instagram prolonge le visualiseur utilisé en cours.
Qui regarde et quand ? « Je ne publie pas sur Instagram en cours », explique P Sallet. « Je le fais après les cours en fin de journée. Quelques secondes plus tard les « vu » arrivent. On sait qui regarde. Les élèves font défiler rapidement les images et les « likent ». On voit la réactivité des élèves. C’est la plus forte que j’ai pu constater. Les élèves regardent tout dès la sortie du collège.
« Instagram personnalise le rapport avec les élèves », explique P Sallet. « Les vidéos s’insèrent dans leur flux de données personnel. C’est cette dimension personnelle qui donne de l’efficacité à Instagram. Ils regardent des choses qu’ils ne consulteraient probablement pas. Là on va à eux directement ».
Passer la culture
Mais Instagram viole la closure du collège et pénètre dans l’intimité des élèves. « C’est une occasion de faire de l’éducation aux médias », explique P Sallet. « Je peux leur expliquer que je partage avec exu mon compte Instagram mais que je ne m’abonne pas au leur. Il y a une prise de conscience de ce qu’est un réseau social et qu’un compte du collège n’est pas le compte d’un copain ».
Pour P Sallet, Instagram révèle des choses intéressantes sur les élèves. « On a une idée de leurs horaires. Surtout on découvre leur curiosité. On peut les penser blasés mais la dimension personnelle d’Instagram les pousse à aller plus loin. Ils n’iraient pas d’eux mêmes consulter le flux du Louvre ou de la National Gallery. Là avec Instagram c’est le Louvre qui arrive chez eux. On fait notre travail de prof en leur amenant des documents qu’ils n’auraient pas découvert sans cela ». Passeur de culture toujours…
François Jarraud