Politique
Egalitarisme : L’étude qui contredit Blanquer
Alors que le ministre de l’éducation nationale pourfend « l’égalitarisme » en éducation et demande une diversification des établissements scolaires, une nouvelle étude québécoise de l’IRUS dénonce les effets négatifs de cette politique dans la province. Elle montre les effets négatifs de la mise en concurrence des établissements par une diversification de leur offre. Pour l’IRIS c’est cette politique de diversification qui explique la chute des résultats de tous les élèves y compris les plus privilégiés. L’étude invite à remettre au centre de la politique éducative la mixité sociale. Un concept qui intéresse peu le nouveau ministre français…
Blanquer va réformer les programmes
« Je ne vais pas changer les programmes même si j’ai des réserves sur certaines choses », nous avait dit Jean-Michel Blanquer le jour de son arrivée au ministère, le 17 mai. Quatre mois plus tard, dans un entretien donné à L’Express, le ministre de l’éducation nationale annonce une réforme des programmes pour l’école comme pour le collège en maths et en français. Justifiée par l’appel aux sciences cognitives, cette réforme rétablit en fait les programmes de 1945. Un sacré saut en arrière qui interroge. Mais qu’est ce qui pousse Blanquer ?
Réforme du programme de français : Ce que les professeurs en disent…
« Je souhaite progresser avec vous vers ce qui sera le concept clé de l’éducation au cours des cinq années à venir : celui d’ « école de la confiance ». J’inscrirai cette action dans un temps long qui est celui de l’éducation. Nous y parviendrons par une confiance réciproque de l’institution et de ses personnels et par une confiance de tous les acteurs les uns vis-à-vis des autres. » (Jean-Michel Blanquer, Lettre aux enseignants, 6 juillet 2017) La confiance, vraiment ? Dans l’Express du 13 septembre 2017, le même Jean-Michel Blanquer fait de nouvelles annonces : nouveaux programmes de français fondés sur la chronologie des courants et des œuvres, suppression de la notion de prédicat, interdiction du téléphone portable au collège… Les réactions de beaucoup de collègues interrogés oscillent entre consternation et colère. Rapide synthèse de propos qu’on peut résumer à une question : pourquoi tant de haine ?
Viviane Youx : La chronologie n’est pas suffisante pour comprendre la litérature
» Les enseignants commencent tout juste à découvrir les programmes de 2016 au collège. Déjà il faudrait tout chambouler ? » Viviane Youx, présidente de l’association française des professeurs de français (AFEF) réagit aux annonces de JM Blanquer sur les programmes de Français.
Rémi Brissiaud : En maths une réforme hors de portée $
Pour Rémi Brissiaud la réforme du programme de maths de CE et CE1 envisagée par JM Blanquer nous ramènerait au programme de 1945. Surtout elle aggraverait les difficultés des élèves. Dans un pays où le niveau en maths à l’école primaire est préoccupant, revenir sur les programmes de 2016 serait une mauvaise chose.
Bacs pros : Abandon des objectifs de réussite
L’objectif d’élever le niveau de qualification des jeunes français et d’atteindre 60% de diplômés du supérieur n’est plus à l’ordre du jour. Le gouvernement privilégie l’inclusion professionnelle, même à bas niveau, sur la poursuite d’études. C’est ce que l’on retient de la visite de Jean-Michel Blanquer et Muriel Pénicaud au lycée hôtelier Guillaume Tirel le 7 septembre. Alors que le gouvernement prépare la réforme de l’entrée dans le supérieur, cette double visite a matérialisé que le Travail l’emporte désormais sur l’Education. Une mauvaise nouvelle spécialement pour les bacheliers professionnels qui pourraient perdre les quelques garanties données par le gouvernement précédent.
Le Snpden et « l’assassinat à petits feux » d’APB
Qui veut la peau d’APB ? Sans doute beaucoup de monde. En tous cas, Philippe Tournier, secrétaire général du Snpden, le premier syndicat de personnels de direction, ne croit pas à sa mort naturelle. Le 14 septembre, il explique que les interventions politiques, les coups bas de l’administration et les lobbys du supérieur ont tué un système qui fonctionnait et qui mettait de la morale dans les affectations. Le Snpden souligne aussi les risques qui attendent son remplaçant. A bon entendeur…
La chronique de Véronique Soulé : Petit Dictionnaire Blanquer…
Jean-Michel Blanquer avait promis de ne pas tout bousculer car le système a besoin de continuité. Il a pourtant pris plusieurs mesures qui marquent des ruptures. Sans parler du changement rhétorique. Voici une douzaine de » nouveaux » mots de la macronie en éducation.
Une étude valide les dédoublements en CP
Au moment où JM Blanquer et E Macron lancent le dédoublement en CP en Rep+, une étude de l’Institut des politiques publiques (Paris Shool of Economics) vient conforter cette démarche. Pour les auteurs, Adrien Bouguen, Julien Grenet et Marc Gurgand, l’impact de la réduction de la taille des classes sur les performances scolaires est avéré et cela même avec des enseignants pas formés à cette situation pédagogique. Enfin c’est une opération rentable.
L’invitation de la Creuse à Jean-Michel Blanquer
« Vos services fonctionnent sans DASEN depuis maintenant 6 mois », écrit Pierre Gautret, secrétaire départemental de l’Unsa Education de la Creuse au ministre de l’éducation nationale dans une lettre datée du 14 septembre. « L’année scolaire dernière près de 2000 journées d’absence n’ont pu être remplacées faute d’un nombre suffisant de brigades mobiles ou formation continue…. Des enseignants du premier degré n’ont pu suivre les formations auxquels ils étaient inscrits faute de remplaçants. Cinq contractuels ont du être installés en catastrophe et sans formation en janvier 2017 et c’est aujourd’hui 11 contractuels qui viennent pallier au déficit. Là, un contractuel échange sa classe élémentaire multi-niveaux avec sa collègue titulaire parce qu’elle ne sait pas apprendre à lire aux enfants. Ici, l’on confie une classe ULIS collège de 14 élèves (le code de l’éducation en prévoit 12) à une contractuelle sans formation initiale. Le taux d’encadrement dans nos classes va du simple au triple, quant un collègue est responsable d’une classe à 30 avec 4 niveaux, sa voisine n’en a que 10 ». Le syndicat invite JM Blanquer à venir sur place constater les dégats d’une gestion « se nourrissant d’indicateurs inadaptés ».
Regards sur l’éducation
L’OCDE « pas très ravie » des réformes Blanquer
L’OCDE ne voit pas d’un bon oeil les réformes du nouveau ministre de l’éducation nationale. L’organisation internationale l’a fait savoir le 12 septembre en présentant la nouvelle édition de Regards sur l’éducation. Même le dédoublement des CP est accueilli avec scepticisme. Pour l’OCDE cette mesure est contre balancée par le retour de la semaine de 4 jours.
Regards sur l’éducation : Salaire enseignant : L’exception française
Etre enseignant en France c’est faire un métier différent. Cela a été montré Dans Regards sur l’éducation 2016 sur bien des points. C’est confirmé dans l’édition 2017 sur le plan salarial. Non seulement les salaires des enseignants français évoluent à rebours de celui des autres pays, mais les conditions de travail sont aussi moins bonnes.
Regards sur l’éducation : Excellence et égalité vont de pair
Contrairement à ce que certains disent sur « l’égalitarisme », les systèmes éducatifs les plus performants sont ceux où les écarts sociaux de réussite scolaire sont les plus faibles. C’est une des grandes leçons de Regards sur l’éducation. Si la France est mal placée à ce niveau, Regards sur l’éducation montre aussi l’importance du niveau scolaire des parents en France. La réussite scolaire c’est toujours héréditaire ?
Regards sur l’éducation : Pourquoi il ne faut pas limiter l’accès au supérieur
Limiter l’accès au supérieur comme l’envisage le gouvernement n’est certainement pas une bonne idée soufflent les données de Regards sur l’éducation, publiées par l’OCDE le 12 septembre. En effet la France compte relativement peu de diplômés du supérieur long par rapport à ses voisins. Surtout avoir un diplôme du supérieur est particulièrement payant en France , même avec un diplôme de type BTS. Une dimension supplémentaire à inscrire au désarroi à venir dans les classes populaires…
Regards sur l’éducation : La France n’a pas assez investi en éducation
On connait les déséquilibres internes dans la répartition des investissements en éducation en France. Ce que révèle Regards sur l’éducation dans sa nouvelle édition publiée le 12 septembre, c’est que l’effort budgétaire français a été inférieur à celui des autres pays entre 2010 et 2014. La refondation n’aurait-elle pas eu le budget nécessaire ?
Métier enseignant
Le calendrier des concours du second degré est connu
Une série d’arrêtés publiés au J.O. du 12 septembre fixe la date des épreuves d’admissibilité et la date clôture des inscriptions. Vous avez jusqu’au 12 octobre pour déposer votre dossier d’inscription aux concours de l’enseignement du second degré. Le calendrier des épreuves d’admissibilité est le suivant :
Agrégation : externe du 5 au 23 mars, interne du 23 au 26 janvier
Capes externe et 3ème concours : du 26 mars au 6 avril, capes interne 31 janvier pour la documentation et éducation musicale.
Capet externe les 15 et 16 mars sauf arts appliqués (les 11 et 12 avril).
L’arrêté ne donne pas d’indication sur les autres capes interne ou sur le capet interne. On imagine mal qu’ils soient supprimés.
Capeps : concours externe les 15 et 16 mars, interne le 31 janvier.
CaPLP : concours externe et 3ème concours les 11 et 12 avril.
CPE : concours externe les 15 et 16 mars .
Psychologues : le concours externe aura lieu les 1er et 2 février, le concours interne le 2 février.
Les concours équivalents du privé sont ouverts aux mêmes dates.
PPCR : Le ministère publie le Guide du rendez vous de carrière
Alors que l’application des accords de revalorisation PPCR reste dans un certain flou, le ministère publie le Guide du rendez vous de carrière. Ce guide explique ce que sont les nouveaux rendez vous de carrière institués par les accords PPCR, publie les grilles d’évaluation et explique comment il se déroule. La philosophie de ces accords est pourtant aux antipodes de ce que souhaite JM Blanquer dans son livre « L’école de demain » et dans ses récents propos sur le recrutement des enseignants.
Numérique
Bruno Devauchelle : Une révolution de l’apprendre à l’ère du numérique ?
Pour chaque enseignant, le dilemme est constant : comment enseigner pour qu’ils apprennent ? Pour chaque humain se pose aussi la question du besoin d’apprendre et du comment apprendre. Entre le formel et l’informel, apprendre est la base désormais de la réflexion sur l’enseigner mais bien plus largement sur le transmettre. Dans un contexte de domination d’une forme scolaire et des modèles d’enseignements multiséculaires, il n’est pas étonnant de trouver dans les travaux de recherche des résultats probants aux formes d’apprentissage induites par ce modèle scolaire. Comme de plus la rentabilité sociale de l’école et plus généralement d’un parcours académique sanctionné par une reconnaissance de l’état (diplôme et autres titres) est considérée comme allant de soi, il n’est pas étonnant que les apprentissages informels ou de l’expérience soient considérés comme peu efficaces. Et pourtant ils existent et sont particulièrement performants dans de nombreuses situations tout au long de la vie (et même à l’école). C’est donc bien l’apprendre qui est au coeur du questionnement, désormais renforcé par l’évolution de l’environnement informationnel et communicationnel.
Un Mooc pour la vidéo sur smartphone
» Au cours des cinq semaines du cours, vous allez successivement acquérir les bases du cadrage, de la lumière et de la prise de son; apprendre à scénariser une histoire : découpage en plans; maîtriser votre smartphone et choisir les accessoires indispensables; monter rapidement vos images avec un outil en ligne; et acquérir les bonnes pratiques et méthodes (boite à outils) grâce à des mises en situations diverses et ludiques ». C’est ce que promet ce nouveau Mooc lancé par l’Ecole des Gobelins.
Bruno Devauchelle : L’école à la traine du marché ?
Si l’on prend en considération le demi-siècle qui a vu l’émergence de la question des technologies éducatives considérées comme très importante en éducation, il est indispensable d’analyser cette période en tentant d’étudier comment technologies, économie de marché, pratiques sociales et école ont articulé leurs développements respectifs. Au vu des sommes dépensées dans des technologies en constante évolution pour les mettre en place dans le système scolaire et universitaire, on peut constater des récurrences, des ruptures, mais au fond une forme de continuité. Nous voulons mettre en débat l’idée que le monde scolaire est passé d’une mission de pilotage du développement de la société à une mission d’accompagnement voire d’adaptation, si ce n’est de soumission.