» Les enseignants commencent tout juste à découvrir les programmes de 2016 au collège. Déjà il faudrait tout chambouler ? » Viviane Youx, présidente de l’association française des professeurs de français (AFEF) réagit aux annonces de JM Blanquer sur les programmes de Français.
L’approche chronologique demandée par JM Blanquer pour l’enseignement de la littérature vous semble-t-elle une bonne idée ?
Certainement pas. Ca fait longtemps qu’on l’ abandonné. Y revenir au collège serait contre productif car pour appréhender la littérature la difficulté c’est de susciter l’intérêt des élèves. Depuis 2008 il y a une volonté d’insister sur la chronologie.
En général il est plus efficace de partir d’un texte contemporain porteur d’une problématique qui éveille leur intérêt et d’aller ensuite vers des classiques que l’on travaille avec une frise chronologique. Ce n’est pas en commençant avec le 16ème siècle que l’on va réussir à créer une compréhension de la littérature.
C’est d’ailleurs une erreur de penser que la chronologie est logique en littérature. Les grands écrivains ne parlent jamais de chronologie à propos de leur entrée en littérature. Ils e composent leur fond littéraire personnel. Et c’est seulement après que la chronologie prend sens. Il ne faut pas faire croire que la chronologie est suffisante pour comprendre la littérature.
JM Blanquer attaque aussi l’approche conceptuelle
Le programme ne prévoit pas une approche conceptuelle mais thématique ou problématique. Toutes ne sont pas bonnes. Mais certaines éveillent l’intérêt des élèves. S’il pense qu’il faut couper les élèves de leurs centres d’intérêt pour enseigner la littérature je l’invite à faire un tour en classe…
Le ministre veut aussi supprimer le prédicat. Qu’en pensez vous ?
C’est une notion simple abordée qu’au début du collège pour ne pas surcharger les élèves. Le ministre semble vouloirs revenir aux cours de grammaire traditionnels où on enseignait notion après notion comme si cela suffisait pour que les élèves construisent leur grammaire. C’est agaçant de revenir toujours aux mêmes points.
Les enseignants commencent tout juste à découvrir les programmes de 2016 au collège. Déjà il faudrait tout chambouler ? Les collègues ont besoin de sécurité.
Propos recueillis par François Jarraud