La problématique abordée le 23 août est à nouveau une problématique pédagogique autour de la situation problème comme base pour la construction de situations d’apprentissage. En effet le colloque scientifique rythme en réalité Ludovia. Maragarida Romero de l’université de Nice a introduit la journée sur la question de la co-création, mais plus largement sur les questions liées à l’initiative, et l’innovation. Dans ses travaux de recherche autour de la robotique (projet co-creatic) elle montre l’importance de ce travail en équipe pour résoudre des problèmes.
Quelle culture numérique ?
Dans la suite de la journée, Jean François Cerisier a proposé plusieurs pistes pour approfondir la question du développement de la culture numérique des élèves mais aussi des enseignants. Il propose les questionnements suivants :
– « Se demander non plus ce que nous faisons des technologies mais ce que les technologies nous font » ;
– « Il n’est absolument plus possible de décréter des pratiques pédagogiques numériques quand les propositions technologiques évoluent aussi vite et que les usages se co-construisent sur le terrain. »
– « C’est la participation des utilisateurs qui est requise pour qu’ils puissent participer à la construction des usages, pour les inventer dans un cadre favorable. »
La conclusion de son propos est de nous rappeler que, même si on peut se sentir impuissant face à ces évolutions, nous ne pouvons les ignorer, en particulier en tant qu’éducateur.
Dans la suite, Luis Galindo doctorant au laboratoire Techne a essayé de nous engager sur la piste du lien entre le codage et la culture numérique pour nous montrer comment cette approche rend possible l’entrée des plus jeunes dans ce domaine.
Outre le traditionnel Explorcamp qui permet à des enseignants de montrer leurs manières de faire en classe, Thierry Karsenty, de l’université de Montréal a montré comment ne pas rester dans la passivité en éducation
Les collectivités locales face au numérique
Ce qui a surtout marqué cette journée c’est d’une part la question des collectivités territoriales dont on a pu voir qu’elles étaient toujours en difficulté face au « déferlement numérique ». Un chef d’établissement témoignait à sa manière en disant : « pour nous il faut que ça marche ! ». Cette manière de faire que certains pourront considérer comme risquée à défaut d’être illégale est en tout cas la réalité de nombreux établissements confrontés à la lourdeur des ENT, aux difficultés des connexions et qui voient venir le BYOD de manière plutôt positive. Car, même si cela pose des problèmes, nous en sommes à un moment où on ne peut freiner les équipes qui veulent avancer au quotidien. C’est d’autre part la difficulté à dépasser les anciens cadres de déploiement du numérique pour inventer de nouvelles « manières de faire.
Contributions étrangères
Ce que nous retiendrons particulièrement de cette journée c’est la présence forte de nos amis du Québec, du Nouveau Brunswick, et aussi de Wallonie. Si les modèles de déploiement du numérique en éducation sont assez différents, on constate quand même de forts parallèles : infrastructures, formation, suivi, maintenance etc. Non nos collègues au-delà des frontières ne vivent pas de situations idylliques, comme trop souvent on tente de nous le faire accroire. Mais ils rencontrent des problématiques similaires. Hormis probablement un qui est essentielle et qui nous a été rapportée à plusieurs reprises : le modèle pyramidal descendant et sectorisé en France. Les propos de nombreux acteurs présents montrent bien le poids de ce modèle, traduit parfois par la forme scolaire, mais le plus souvent par une difficulté générale à faire et à faire faire.
La formation à la trappe ?
Pour terminer, signalons la préoccupation commune dont ont témoigné nos collègues canadiens et belges, celle de la formation des enseignants. A plusieurs reprises depuis le début de cette université d’été, cette question a été abordée. L’absence de responsables institutionnels versés réellement sur cette question est préjudiciable à une analyse approfondie de ces interrogations. C’est aussi une des surprises de ces journées, la posture institutionnelle des uns et des autres. Comme si l’habit de la fonction était une sorte de carcan dont on ne sort pas… Car finalement l’un des enjeux du numérique éducatif est aussi présent dans la formation tant initiale que continue des enseignants. Or ce thème est passé à la trappe alors qu’à l’occasion du thème du partage et de la mutualisation, il aurait été cohérent de l’aborder….
Bruno Devauchelle