« La culture et l’éducation… seront au coeur de mon action ». Dans son premier discours de président, Emmanuel Macron a rappelé que l’éducation est sa priorité. Mais à peine un mois après l’élection, si les annonces présidentielles ont été en partie mises en oeuvre, on voit arriver un nouveau temps pour l’éducation. Celui des sacrifices.
Il n’aura fallu qu’un mois à Jean-Michel Blanquer pour revenir sur les 5 années d’effort éducatif de Hollande. Très habilement, le nouveau ministre a détricoté le travail du quinquennat précédent en laissant simplement agir la pesanteur.
Laisser les rythmes scolaires libres, le 28 juin, c’est à coup sur laisser les municipalités, que le gouvernement veut pressurer davantage, saisir l’occasion de faire des économies. C’est aussi donner l’opportunité à beaucoup d’enseignants, malmenés lors de l’application de la réforme et qui vivent le périscolaire comme une perturbation de leur travail éducatif, mettre un terme à un calendrier qui leur a surtout apporté des désagréments. En dehors, parait-il, de JM Blanquer, pour qui 4 matinées de cours ou 5 c’est pareil, personne n’ignore les conséquences sur les acquis scolaires.
La même pesanteur est en train de venir à bout de la réforme du collège depuis le 18 juin. Certes les EPI sont toujours possibles. Mais les collèges peuvent mettre ce qu’ils veulent sous ce nom et utiliser leur horaire, et celui de l’AP, pour rétablir les enseignements traditionnels. Le ministre n’hésite pas à parler du retour des « classes de latin » pour bien marquer ses objectifs.
Ces réussites ont leurs limites. Les deux mesures ont semé la pagaille dans les écoles et les collèges. La mise en place des CP dédoublés se passe difficilement et les objectifs ont été revus à la baisse. Quant à la prime qui devait apporter un sang neuf en Rep+, on n’en entend plus parler.
Au total, ce qu’aura bien su faire le ministre en un délai record c’est détruire les réformes précédentes. On s’interroge que la reconstruction.
Car l’arrivée de l’été s’est accompagnée de l’annonce d’un tour de vis budgétaire sans précédent.
Adieu la sanctuarisation de l’éducation nationale. Avec la moitié des fonctionnaires d’Etat,il est clair que le ministère de JM BLanquer sera mis à contribution.
Déjà les enseignants savent que leur salaire est gelé et que le jour de carence va être rétabli. Mais le pire est devant. Il faut trouver au moins 5 milliards pour 2017, une vingtaine pour 2018. Et chaque jour le gouvernement annonce de nouveaux allègements, 10 milliards le 10 juillet, qui viennent charger la barque puisque financées par des économies à définir.
De combien le budget de l’éducation nationale sera-t-il amputé ? Nul ne le sait.
Car le plus incroyable c’est que le ministre fait la sourde oreille, annonçant chaque jour de nouvelles dépenses. Ce sont les 9500 postes dont 5000 nouveaux pour les CP dédoublés de 2018. C’est le s150 millions des « devoirs faits ». Et il n’est officiellement pas question de toucher aux accords PPCR (700 millions) ou aux carrières (300 millions de GVT).
Le ministre demande la confiance. Mais la fuite en avant médiatique du ministre arrive maintenant au pied du mur budgétaire. Son silence , ou plutôt l’agitation de sa « soap education », ne peut plus cacher cette réalité. Où Jean Michel Blanquer va-t-il se procurer les 1 ou 2 milliards d’économies ? Quelles promesses sont déjà annulées ? Combien de postes vont être supprimés et où ? Le ministre attend-il le mois d’août pour parler vrai ?
François Jarraud
Sur le site du Café
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