Comment faire vivre un projet éco-école au collège ? Comment responsabiliser des élèves éco-délégués dans un établissement ? Claire Bousquel, enseignante de SVT au collège du Montalet de Lacaune (81) investit ses collégiens tout azimut dans un vaste projet autour de la biodiversité. Du suivi de la couveuse à la conception de ruches et autres hôtels à insectes, ses apprenants s’engagent fortement dans une démarche concrète de développement durable. Une démarche réflexive sur la ville du futur est aussi menée dans le cadre d’un EPI.
Pourquoi ce projet mené avec des poussins au collège ? Quels rôles sont donnés aux élèves ?
Au printemps, nous avons installé une couveuse prêtée par une enseignante au collège avec 39 œufs fécondés de différentes races de poules. Ceci permet d’aborder la biodiversité des races d’élevage, même si la définition officielle de la biodiversité ne prend en compte que les espèces et non les races qui n’ont pas vraiment de signification scientifique. 16 poussins sont éclos 21 jours plus tard, ce qui correspond à un taux d’éclosion de 41 %, avec 0% de mortalité à ce jour, 2 mois après.
Les élèves volontaires se sont inscrits sur un planning pour surveiller les paramètres de la couveuse (température et humidité) et rajouter régulièrement de l’eau pour rester sur un taux d’humidité de 40 %. Puis après l’éclosion, les poussins ont été placés d’abord dans une cage puis dans un enclos chauffé pendant un mois (bricolage avec des palettes…). Les élèves ont donc nettoyé, alimenté en eau et en grains.
Nous nous sommes séparés des 6 coqs récemment. En effet il faut bien attendre 2 mois pour sexer les poussins car nous avons sorti les poussins dans leur habitat définitif. Nous avons choisi de les mettre dehors, juste derrière une vitre du hall du collège, où les élèves peuvent observer les poules tous les jours, dans un poulailler acheté de 10 places.
Bilan de cette action : il est à noter tout d’abord un très fort engouement pour bon nombre d’élèves pour les animaux, même si nos élèves sont des purs campagnards. Ce projet est donc socialement fédérateur puisque des élèves pas spécialement en réussite dans leur scolarité se sont fortement investis et ont été valorisés.
Ensuite, il y a un but pédagogique : observer la naissance et la croissance des poussins le tout en lien avec le programme de SVT de 6ème. Par la suite, le but pédagogique sera principalement en lien avec le développement durable, puisque les poules sont de formidables recycleuses de déchets (nourries aux restes de la cantine scolaire).
Comment s’est construit le poulailler ? Et la ruche ? Quels sont les usages pédagogiques de la ruche ?
Le projet ruche a principalement été mené avec les élèves de SEGPA, qui ont construit les ruches en technologie, étudié la vie des abeilles, leur reproduction, les produits de la ruche…avec le professeur spécialisé de SEGPA et la professeure de SVT. Un essaim a été acheté et installé au sein du collège au printemps mais plusieurs autres ruches sont en cours de construction.
Les élèves accomplissent les tâches d’entretien de la ruche (ouverture pour surveillance, nourrissage…). Les objectifs pédagogiques sont très transversaux, puisque quasiment toutes les disciplines vont ou peuvent se servir de ce support : mathématiques, français, histoire-géographie (lien fort avec le développement durable), évidemment les sciences (intérêt de la pollinisation, causes du déclin mondial des abeilles…), et même l’art plastique puisque un plasticien est intervenu pour accompagner la création d’une bande dessinée sur la vie des abeilles. Du miel devrait être récolté et vendu l’année prochaine, support pour l’atelier vente des SEGPA.
Plus globalement, comment gérez-vous le projet éco-école dans votre collège ? Quelle place accordez-vous au jardin botanique dans vos enseignements ?
Le projet éco-école axé sur le thème de la biodiversité cette année est géré à 2 niveaux : soit en cours avec des professeurs impliqués dans un projet, soit en « atelier » composé des éco-délégués. Nous avons deux élèves volontaires et élus dans chaque classe, ils sont accompagnés par la professeure de SVT. C’est dans cet atelier avec l’approbation et l’appui du comité de suivi que sont conçues et concrétisées la majorité des actions, ainsi que le suivi des actions des années précédentes (tri papier, gaspillage alimentaire…).
Ainsi, sur le thème de la biodiversité, les élèves ont élaboré un jardin avec des plantes aromatiques (plantations en cours) et confectionné un hôtel à insectes. Pour l’année prochaine, il est fortement question de garder ce thème une année de plus, pour poursuivre nos actions et en faire d’autres, notamment concevoir et réaliser des jeux autour de la biodiversité. Ces jeux seront valorisés à la rentrée lors d’une journée intégration des nouveaux élèves de 6ème.
Vous organisez avec d’autres disciplines une exposition sur la ville durable. De quoi s’agit-il ?
Dans le cadre d’un EPI en 4ème impliquant l’histoire géographie, les SVT et l’espagnol, les élèves doivent réfléchir à une « ville future » respectueuse des ressources naturelles et du principe du développement durable. Après avoir recherchés et étudiés quelques exemples à travers le monde, les collégiens s’approprient le fruit de leurs recherches et imaginent la ville du futur. Ils se partagent des thèmes, travaillent par groupe et réalisent des affiches qui seront ensuite exposées dans le hall d’exposition du collège.
Quels sont les retours que vous avez de ces projets menés dans le cadre éco-école ?
Les élèves et notamment les éco-délégués se sentent globalement investis par les missions qui leurs sont attribuées (tri papier, suivi de la zone de tri, réalisation de l’hôtel à insectes et préparation de la terre pour le jardin aromatique). On remarque toutefois que les élèves de 6ème sont beaucoup plus investis et motivés que les élèves de 3ème. Ils sont « récompensés » par une sortie de fin d’année permettant de préparer l’année suivante, par exemple : lors d’une rencontre entre collèges tarnais investis dans des actions de développement durable.
Entretien par Julien Cabioch
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