Parfois l’Ecole a de la chance. Le 3 mai les deux candidats à l’élection présidentielle n’ont pas eu le temps de débattre sur l’Ecole. Ils ont tout juste pu résumer, l’un après l’autre, leur vision de l’Ecole. Paradoxalement on peut s’en réjouir. Celle ci a été épargnée dans un débat tiré sans cesse au Guignol par la candidate du Front national.
Un débat de bas niveau
Chirac n’avait pas voulu débattre avec Le Pen. Justement, Mitterrand, Chirac, Giscard, Jospin, Sarkozy… On va les regretter ! On va regretter les joutes oratoires, les fiches cartonnées remplies de chiffres et les petites phrases perfides des débats des précédentes présidentielles.
Avec le débat du 3 mai on est nettement descendu dans le caniveau de la République. La candidate du Front national a passé l’essentiel de son temps de parole à ricaner, brasser de gros dossiers visiblement pas maitrisés et à lancer régulièrement des accusations de trahison nationale à E Macron. Celui ci a réussi à désamorcer la plupart des jets incessants de boules puantes et a tenté d’élever le débat.
Le débat a surtout montré qu’il n’est pas possible d’avoir un échange avec le Front national. Mme Le Pen n’est pas venu pour présenter un programme et en discuter. Multipliant les allusions complotistes, les insinuations, les attaques personnelles, parlant très peu de son programme, ramenant les questions politiques au niveau du comptoir de bar, elle a donné un exemple d’une trumpisation française de la politique.
Deux candidats nettement opposés
Ses derniers propos résument sa façon de faire. « Vous êtes le candidat de la fermeture des usines, des maternités, des postes de police, des hôpitaux. la seule chose que vous ne voulez pas fermer : les frontières. vous voulez livrer la France à une immigration massive, les grands patrons n’attendent que ça. C’est pour ça que vous êtes allés en Algérie réclamer une autoroute migratoire entre la France et l’Algérie, vous êtes entre les mains des communautaristes ».
Lisons aussi la réponse d’E Macron. « Ce qu’on vient de vivre en dit long sur ce que vous êtes. On vous demande une carte blanche et vous salissez l’adversaire, vous proférez des mensonges comme depuis le début de ce débat. Le pays vous importe peu, vous n’avez pas de projet pour lui. Votre projet est de dire “cette personne est atroce”, votre projet est un projet qui vise à vivre de la peur et dans les mensonges, c’est ce qui a nourri votre père et l’extrême droite française pendant des décennies. La France que je veux vaut beaucoup mieux que ça, elle ne sera pas divisée, mais il faut sortir d’un système qui vous a coproduit, vous en vivez, vous êtes son parasite ».
Le projet éducatif de Le Pen
Et l’Ecole ? Par chance les deux candidats ont du traiter la question en deux minutes sans avoir la possibilité de s’interrompre. Aucun des deux n’a pu développer son projet pour l’Ecole. Masi le Café pédagogique les a présentés il y a peu : retrouvez nos articles dans les liens ci-dessous.
Marine Le Pen a surtout dénoncé l’état de l’Ecole. « L’école a été saccagée par les socialistes », dit-elle. « On a mis en place l’apprentissage des langues d’origine (mis en place en 1973 NDLR). On a supprimé le redoublement pour des considérations budgétaires. On a demandé aux élèves de construire leurs savoirs. Je n’ai jamais compris ce que ca veut dire. On a effondré l’autorité du maitre ».
Après ce bilan, la candidate du FN présente son programme : « revenir à l’école qui transmet des connaissance sous l’autorité nécessaire du maitre ». Mme Le Pen a plaidé longuement pour la valorisation des filières professionnelles « car depuis des années on laisse croire aux jeunes qu’avec un bac +5 ils auraient un emploi ce qui est faux ». « Je veux un accès l’université par le mérite et non le tirage au sort », a poursuivi Mme Le Pen.
Le projet d’E. Macron
Emmanuel Macron a présenté des mesures concrètes. « Mon projet c’est concentrer les moyens sur l’école primaire. On a 20% d’élèves qui ne savent pas bien lire et qu’on va retrouver sans emploi ni formation ». Il propose de rétablir les horaires de français, les classes bilangues et les « travaux dirigés » , une formule qui doit désigner l’accompagnement personnalisé ou les études dirigées.
« Dans les zones d’éducation prioritaire je veux qu’on réduise le nombre d’élèves par classe en CP et CE1. On le ramènera à 12 élèves par classe. Cela concerne 12 000 classes et donc autant d’enseignants ».
Le candidat d’En Marche a ensuite parlé d’orientation. « Un effort doit être fait en matière d’orientation à la fin du collège et du lycée. On doit davantage mettre les entreprises dans les établissements pour expliquer quels sont les débouchés car les jeunes de milieu modeste sont mal orientés ». E Macron promet aussi de développer l’apprentissage « car beaucoup de jeunes ne réussissent pas dans les formations académiques ».
Il a ensuite consacré un moment aux enfants handicapés en promettant qu’il y aurait des AVS pour que chaque enfant puisse aller à l’école. Il a aussi promis de battre en 5 ans l’illettrisme. « L’école sera le premier chantier de reconstruction du pays »,a-t-il conclu.
François Jarraud