Repartie en guerre, une seconde fois, contre les sciences économiques et sociales, l’Académie des sciences morales et politiques (ASMP), très proche des milieux patronaux, vient de rendre son avis dans un copieux rapport publié le 21 mars. Elle juge « néfaste » l’enseignement des SES et appelle à le réduire à la découverte de l’entreprise et du marché.
Après la seconde journée du colloque, le 27 février, on pouvait penser que l’ASMP réduirait ses ambitions. Les débats avaient souvent contredit les intentions de l’ASMP et le Medef lui-même semblait chercher la conciliation. Mais Michel Pébereau ne lâche pas comme cela un combat qui lui tient à coeur. L’Académie publie son rapport final et un Avis qui est d’une grande sévérité pour les SES.
« Une réforme ambitieuse de l’enseignement des sciences économiques demeure indispensable », affirme l’Académie qui juge l’enseignement des SES « finalement néfaste » et le travail des élèves réduit » à répéter des opinions convenues ».
L’Académie dessine un nouveau programme dont le coeur serait le fonctionnement des mécanismes de marché et la microéconomie. L’académie demande » une familiarité beaucoup plus poussée qu’à présent avec les aspects empiriques ». L’enseignement des SES devrait apprendre » comment assurer l’équilibre du budget de la famille ? » ou « est-il possible — et comment — d’envisager d’acheter un logement ? » ou encore « pourquoi épargner et comment placer les revenus épargnés ? »
Selon Erwan Le Nader, président de l’Apses, association des professeurs de SES, » la proposition de l’académie d’introduire plus de gestion semble être en accord avec une part importante des membres de l’actuelle commission mixte Conseil supérieur des programmes / Conseil national éducation économie qui fait actuellement le bilan de nos programmes et épreuves. Il va falloir se tenir prêt à défendre vivement la discipline très prochainement ».
F Jarraud