Le financement participatif (crowdfunding) va-t-il libérer les projets pédagogiques ? C’est ce que le ministère attend de la plateforme « Trousse à projets » qu’il vient d’ouvrir dans 5 académies. L’initiative veut aider les établissements pauvres à boucler leur projet. Mais elle met aussi en évidence leur misère pédagogique et banalise une recherche d’argent qui n’est pas dans la culture de l’institution scolaire.
A force de fréquenter les startups, ça devait arriver. La rue de Grenelle devait y penser. Annoncée par la ministre début mars, la plateforme Trousse à projets est ouverte. Une cinquantaine de projets sont déjà proposés avec des demandes de financement de quelques centaines d’euros à plusieurs milliers.
Faciliter la collecte d’argent
Le plus onéreux c’est le Pedago Lab dont rêve une école primaire du nord de la France (16 000 €). Une école de l’Aude cherche 5000 € pour un voyage en Espagne quant un collège de Dourdan a besoin de 900 € pour emmener 50 collégiens faire du char à voile dans le cadre d’un EPI.
Pour le ministère, la plateforme , qui a été financée par l’occe, Canopé, le Crédit coopératif et le fonds pour le numérique à l’école, veut faciliter la collecte d’argent en donnant plus de visibilité aux projets pédagogiques. Pour lui , cette initiative se situe aussi dans la lutte contre les inégalités : la plateforme doit aider les écoles « pauvres » à boucler leur budget pédagogique et par exemple permettre à tous les élèves d’une classe à partir en voyage.
A la différence des fondations qui soutiennent depuis longtemps des projets pédagogiques, comme la Fondation de France, la Trousse à projets ne dispose pas de fonds. Elle se borne à rendre visible des projets en proposant leur classement géographique. On peut ainsi avoir une idée des projets proches de chez soi.
Des projets validés par la hiérarchie
« On veut élargir le cercle des contributeurs pour les projets initiés par les enseignants », nous a-t-on dit au ministère. Surtout on précise bien que ce sont des projets « dont le financement n’entre pas dans les obligations de l’Education nationale ». En réalité le ministère dispose de crédits de fonctionnement et finance aussi, à travers le soutien à des associations, des dizaines de projets chaque année. Mais ces dépenses pédagogiques restent curieusement rares et le ministère tient à ce qu’elles le restent. Le ministère distribue également des fonds sociaux qui ont été fortement relevés depuis 2012. Mais ils suffisent à peine à la demande.
C’est dans ce contexte que le ministère se tourne vers le grand public. Mais il entend garder le contrôle des projets. Ne seront mis en ligne sur la plateforme que les projets qui auront remonté la voie hiérarchique jusqu’au rectorat. « on vérifie que le projet est conforma à une charte », nous a -ton dit au ministère. Le projet doit se dérouler en partie sur el temps scolaire, il doit être construit avec des jeunes d’une école primaire ou d’un établissement secondaire, être au bénéfice des élèves et porter sur une liste thématique où on retrouve les arts, la culture, la citoyenneté, le numérique, les sciences, les langues, l’EMI, le développement durable, l’histoire, la langue française, l’orientation , les sports etc.
Pour le moment seuls les projets des académies de Lille, Montpellier, Orléans Tours, Reims et Versailles sont acceptés. Les autres académies entreront dans la Trousse à projet que l’année prochaine.
Plus d’égalité entre les établissements ?
Sébastien Rome, un professeur des écoles de Lodève, a déjà déposé son projet « Chorale Jazz » sur la plateforme. Son projet fait suite aux « petits loups des voix », récompensé lors d’u Forum des enseignants innovants. S Rome cherche 7000 euros pour financer l’enregistrement de sa chorale scolaire. « Certaines écoles réussissent à gagner 4000 euros lors de la kermesse de fin d’année. Mais mon école Rep n’arrive jamais à rassembler plus de 120 €, nous a-t-il dit. « La trousse à projets c’est la possibilité d’élargir le nombre de contributeurs et de nous mettre au niveau des écoles plus favorisées ». C’est aussi un outil pour faciliter la recherche de partenaires, un travail difficile et chronophage.
Les élèves ont écrit plusieurs morceaux. Des amis musiciens ont composé la musique de jazz. Il ne reste plus qu’à enregistrer. Pour cela Sébastien Rome compte sur vous.
François Jarraud