« Avec le numérique notre école va devenir encore plus importante. Il va falloir plus de temps pour l’éducation ». A ceux qui espèrent diluer les difficultés d’apprentissage dans le numérique, André Tricot, professeur de psychologie Espe de Midi-Pyrénées, André Tricot est venu au Salon Eduspot, le 9 mars, briser quelques mythes sur le numérique et aussi montrer à quelles conditions celui-ci peut améliorer les apprentissages.
Une vraie révolution numérique
« Le discours sur le numérique est souvent plein d’enthousiasme ou de craintes démesurées. On est dans un contexte de révolution numérique », déclare André Tricot en ouvrant la conférence organisée par l’Académie de Versailles au salon Eduspot. Il propose de « penser le numérique et trouver ses conditions d’efficacité à l’école à condition de comprendre les contraintes du numérique sur l’école ».
Révolution numérique car , rappelle A Tricot, en quelques années, il a profondément changé nos habitudes de vie. Une étude américaine montre par exemple que l’on est passé de 1h46 d lecture par jour dans les années 1970à 4h30 aujourd’hui. Jamais on a autant lu et jamais les exigences de compétences en lecture ont été aussi grandes.
Quelques mythes sur le numérique
C’est l’occasion pour A Tricot de passer au crible quelques mythes courants sur le numérique.
Est-on plus motivé quand on apprend avec le numérique ? C’est vrai, reconnait A tricot, mais ça dépend de la tache. Pour lire les lycéens préfèrent toujours la tablette. Mais s’il est question d ‘écrire, ils préfèrent le papier. L’outil en soi ne veut rien dire.
Apprend on mieux avec le numérique ? C’est corroboré quand l’apprentissage classique est passif. Si l’apprentissage non numérique est actif, le bénéfice du numérique disparait..
Lire sur tablette détériore-t-il les compétences en lecture ? C’est le contraire. Avce le numérique les textes proposés aux élèves sont plus variés et plus complexes. Un élève de 5ème peut être exposé à des textes beaucoup plus différents que dans les générations précédentes. Il aura besoin de compétences plus étendues.
Les digital natives sont naturellement compétents avec le numérique : l’utilisation familière de l’ordinateur permet d’acquérir des compétences dans son usage. Mais pas pour des taches scolaires. Les digital natives ne sont pas des apprenants plus habiles.
Pas de nouvelles taches
A Tricot rappelle que les êtres humains ont deux grandes capacités d’apprentissage : les apprentissages primaires adaptatifs qui se font tout seuls. Et les apprentissages secondaires qui nécessitent des efforts : tout ce qu’on apprend à l’école parce qu’on n’arrive pas à l’apprendre « naturellement ».
Quelles taches sont apparues avec le numérique ? Pour A Tricot, la plupart des taches existent depuis plus d’un siècle. Par contre on est capable d’identifier pour chaque fonction pédagogique les plus values et les limites des outils numériques.
Par exemple, le numérique propose des outils d’écriture collaborative efficaces. Par contre la prise de notes sera toujours meilleure sur papier que sur un ordinateur relié a Internet.
A quelle condition un outil numérique peut-il s’intégrer dans la classe ? Il faut qu’il soit facile à utiliser, perçu comme utile, acceptable dans le temps et l’espace scolaires et compatible avec les valeurs de l’Ecole.
En conclusion
Pour A Tricot, le numérique a envahi nos vies. Il facilite de façon extraordinaire notre accès aux supports d’enseignement. Il requiert chez l’élève de nouvelles connaissances. Il ne modifie pas les taches mais les conditions de leur mise en oeuvre , pas les apprentissages mais les contenus de ces apprentissages.
F Jarraud