Comment intégrer des élèves non francophones dans un établissement? En créant un réseau d’échanges de savoirs, propose Patricia Bleydorn-Spielwoy, professeure au collège Rep Bel Air de Mulhouse (68) C’est aussi l’occasion de travailler l’allemand en échangeant avec des collégiens d’outre Rhin. Un projet qu’elle a présenté au Forum des enseignants innovants en novembre 2016.
« Souvent on apprend mieux après avoir offert son savoir ». Professeure des écoles en France, Patricia Bleydorn-Spielwoy a aussi enseigné le français en Allemagne. Depuis 8 ans elle est enseignante dans une classe d’accueil de non-francophones (Upe2a) au collège Bel Air à Mulhouse, en Alsace.
Nouer des liens
« J’accueille des élèves qui viennent d’arriver en France et qui souvent le vivent mal. Il sne parlent pas la langue. Ils ont quitté leurs amis pour venir en France. Ils pouvaient être bon élève dans leur pays, ici on les considère comme faibles. Ca fait beaucoup de ruptures. Or ces élèves sont souvent plurilingues et bons en anglais et en maths.
J’essaye de tisser des liens avec les élèves français et pour cela je me suis demandé ce qu’ils pourraient leur offrir. C’est comme cela qu’est née l’idée de l’échange de savoirs. Cela vient aussi de la conviction que quand on échange nos savoirs on ne s’appauvrit pas, au contraire on s’enrichit.
Nous avons aussi entamé des échanges de savoirs avec les élèves d’un collège d’Offenburg en Allemagne.
Comment faites vous ?
J’utilise une heure d’accompagnement éducatif en co intervention avec une collègue et deux bénévoles de l’association Le Rezo au collège. C’est un dispositif qui a lieu après les cours. Et aussi une heure trente au centre socio culturel de la ville après 18 heures.
Au début de la séance on commence par lire les demandes puis les offres de savoirs. On procède ensuite à l’échange.
Mais qu’échangent les élèves ?
On demande souvent des maths, souvent des démonstrations très précises. C’est très rare que les demandes soient extra scolaires. Au début d’ailleurs les jeunes d’Upe2a n’osent pas offrir des éléments de leur culture comme une heure de cours de géorgien ou d’arabe. Petit à petit ça vient à cause des demandes des jeunes français.
Quel rôle a l’association ?
Il est important car les animateurs n’ont pas le même regard sur les élèves. Avec eux les élèves n’hésitent pas à devenir plus moteurs. Ce sont donc les postures de tous qui changent.
Cette initiative fait boule de neige ?
Quatre collèges à Mulhouse y participent maintenant. Des collègues y viennent aussi. Une professeure de français échange des corrections de devoirs qu’elle faut faire par des élèves. En maths une collègue fait coopérer les élèves sur des situations problèmes.
Propos recueillis par François Jarraud