Gilles Gourio est un enseignant de mathématiques au collège d’Avoine (Indre et Loire). L’année dernière il s’est mis en tête de créer un projet autour d’un enquête policière que les élèves mèneraient au sein du collège. Plusieurs disciplines y ont pris part pour un résultat bluffant. En parallèle Gilles Gourio a mené un projet autour de la cryptographie, et réalisé également un montage explicatif.
Pouvez-vous expliquer rapidement le contexte de votre projet.
Le tournage de ces vidéos a eu lieu dans deux cadres différents, mais qui sont assez liés. Depuis douze ans, j’anime au collège un atelier mathématique, sur la base du volontariat. Il s’adresse à des élèves motivés, qui veulent faire un peu plus de mathématiques, indépendamment de leur niveau scolaire (ce qui donne un public très varié à ce niveau là).
Avec cet atelier je veux que les élèves de 4ème et 3ème étudient des applications des mathématiques et voient qu’elles sont utiles. Mais aussi qu’ils aient un contact avec le monde de la recherche, travaillent sur des projets qui développent l’initiative et communiquent vers l’extérieur (nous organisons et animons tous les ans une journée des mathématiques au collège et nous participons au village des sciences à Tours depuis plusieurs années).
Le programme est aussi élargi aux autres sciences pour montrer les connexions entre les disciplines. Ainsi, nous avons travaillé plusieurs années sur l’astronomie et nous avons présenté des projets au concours C’est Génial qui mélangeaient plusieurs matières.
La vidéo sur la police scientifique s’inscrit dans ce cadre. L’an dernier, j’ai fait mener une enquête à mes élèves et une dizaine d’élèves de quatrième ont eu envie, à la fin, de tourner cette vidéo pour garder une trace et rendre visible leur travail. La vidéo sur la cryptographie est le résultat un travail interdisciplinaire mené avec la 4ème E, classe contenant les élèves de l’atelier maths et deux autres élèves.
Combien de professeurs ont été engagés dans ce projet, combien d’élèves, sur la base du volontariat?
Pour la police scientifique, j’ai travaillé seul. L’année passée, lors de la première expérimentation, tout le travail a été préparé avec Sandra Renard, ma collègue de sciences physiques. Sans elle, mener un tel travail n’aurait pas été possible.
L’enquête a été menée dans le cadre de l’atelier mathématiques, le jeudi après-midi, avec les élèves de l’atelier, tous volontaires. Ils étaient 24 en 4ème et 24 en 3ème. La vidéo a été tournée en dehors des heures de cours, avec les 10 élèves qui ont voulu la réaliser. Nous avons écrit et filmé de nombreux midis entre 13h et 14, ainsi que 2 mercredis après-midi (12h – 16h). Nous avons passé beaucoup d’heures, je ne sais pas combien, mais 20 ou 30 peut être.
Pour la cryptographie, plusieurs enseignants sont intervenus : Mme Béchard Vincent (français) qui a fait écrire les nouvelles dont parlent les élèves, M. Fuseau (technologie) qui a fait construire des instruments de cryptographie, utilisés dans le cadre de l’écriture des nouvelles, et moi-même pour la cryptographie elle-même et tout le côté mathématique.
Les élèves ont travaillé dans les cours respectifs et la vidéo a été réalisée sur des séances entre 13h et 14h, ainsi qu’une heure de mathématiques pour finaliser l’ensemble. Cela a été assez rapide, je dirait 4h en tout car les élèves ont écrit leurs scènes chez eux, puis les ont corrigées et complétées après les commentaires que je leur ai fait. J’ai réalisé moi-même le montage.
Est-ce applicable avec la réforme (limite du nombres d’heures par élèves?)
Un tel travail me semble intéressant à réaliser dans le cadre de la réforme, à condition de pouvoir travailler aussi en dehors des heures de cours. D’ailleurs, nous avons mené un EPI avec nos 5 classes de 4è (maths, SVT, arts plastiques, histoire) qui doit aboutir à la réalisation de plusieurs maquettes et d’une vidéo style « C’est pas sorcier » qui doit refléter tout le travail accompli.
Quelles contraintes avez vous rencontré ? Faut-il des qualifications particulières, pour le montage vidéo par exemple ?
Le matériel est une réelle contrainte, comme toujours. J’ai utilisé un caméscope numérique (le mien). Je ne pense pas que nous ayons des qualifications particulières pour tout dire. Pour ma part, c’était juste une grosse envie de réaliser les vidéos avec mes élèves. Je n’avais jamais fait de montage vidéo, j’ai appris en faisant le montage de la vidéo de police scientifique en mai-juin (l’impératif était de montrer les 2 vidéos lors d’une soirée avec les parents fin juin, ce fut une véritable course contre la montre). Du coup le montage m’a pris énormément de temps (soirs et week-ends…). J’ai utilisé VidéoPad qui, heureusement, est un logiciel assez intuitif.
Quelles ont été les retombées sur les élèves, investissements, engouements, raccrochages, amusements, ouverture des élèves aux autres adultes de l’établissement, les relations avec le principal ont-elles changées avec les élèves?
Autant dire que nous avons pris énormément de plaisir à tourner cette vidéo. Il a fallu écrire tout le scénario à partir de l’enquête menée par les élèves, ce qui n’est pas un travail facile puisqu’il faut tout reconstituer dans l’ordre. Pour tout dire, nous nous sommes bien amusés aussi.
Les élèves ont été formidables, toujours là quand il fallait, prêts à rester le mercredi après-midi, très investis et très sérieux (avec une ambiance détendue et agréable). Ils avaient vraiment envie d’aller au bout.
Cela leur a tellement plus que certains d’entre eux veulent tourner d’autres vidéos. Nous sommes en train de les préparer. Suivez la chaîne, il y aura du nouveau ! Nous avons aussi présenté tout ce travail lors de la Fête de la Science en octobre dernier, au village des sciences qui été installé sur le site de l’INRA à Nouzilly.
Je ne sais pas si les relations avec le principal ont changé. En tout cas, il a soutenu le projet et a accepté de participer, comme on le voit.
En tout cas, merci aux élèves, c’était génial de travailler avec eux dans de telles conditions. Vivement la sortie des prochaines vidéos.
Propos recueillis par Arnaud Durand