Combien coûte l’Ecole ? Il y a bien des façons de l’estimer. La Depp (division des études du ministère de l’éducation) publie une nouvelle Note qui montre l’origine des fonds et surtout une évolution depuis 10 an qui n’épargne pas le quinquennat Sarkozy… Mais d’autres aspects manquent. Comparaison internationale, modes de calculs… : le Café pédagogique va y voir un peu plus loin…
Inversion de tendance sous Hollande
Il faut lire cette Note de la Depp pour l’évolution qu’elle présente, niveau par niveau , de la dépense d’éducation. Avant tout commentaire, il faut préciser qu’en France cette dépense ne dépend pas que de l’Etat. Dans ce que coute un collégien , par exemple, il y a aussi la contribution des départements pour l’entretien et la construction des collèges ou encore la part qui revient aux parents ou, en lycée professionnel, aux entreprises.
Mais quand même… Ce que montrent clairement les données Depp c’est l’inversion de tendance à partir de 2013 pour le primaire ou le lycée, moins pour le collège, en dépense par élève. Car la particularité de la France c’est d’avoir une démographie galopante. On peut dire que malgré la forte hausse du nombre d’élèves au primaire , au lycée et encore plus dans le supérieur, le pays à mis des moyens sous le quinquennat Hollande. Cela alors que le quinquennat Sarkozy a vu une nette baisse des dépenses partout sauf au primaire. En même temps on notera que le collège est mal loti.
Mais l’Etat se dérobe…
L’autre grand enseignement c’est que cet effort s’est fait alors que la part de l’Etat n’a cessé de diminuer, passant de 62% en 2006 à 57% en 2015. L’Etat prend en charge le personnel enseignant mais a transmis aux collectivités territoriales les personnels techniques. Dans les collectivités territoriales, les communes financent à elles seules 12% de la dépense globale , autant que régions et départements réunis. Elles gèrent aussi le transport, la restauration scolaire et maintenant les activités périscolaires.
Avec 148 milliards d’euros, soit 6.8% du PIB dépensé pour l’éducation, la France se singularise-t-elle ? On entend souvent dire qu’elle dépense beaucoup plus que ses voisins européens. Certains nous annoncent d’ailleurs une réduction des dépense pour l’après 2017.
La France dépense t-elle plus que ses voisins ?
Et bien c’est vrai la France plus que certains de nos voisins. Mais c’est aussi que notre pays compte beaucoup de scolaires car sa population est jeune. Et puis ça dépend quel thermomètre on prend.
Ainsi l’OCDE préfère comparer les pays en calculant la part des dépenses d’éducation dans les dépenses publiques. Là ça change tout : la France est nettement en dessous de la moyenne OCDE, derrière l’Allemagne, le Royaume Uni, les Etats Unis par exemple.
Si l’on regarde par élève, « par rapport aux autres pays de l’OCDE, le coût annuel par élève à chaque niveau d’enseignement en France est très différent », souligne l’OCDE. « Il est plutôt faible au niveau primaire (7 200 USD contre 8 500 USD), équivalent à la moyenne au niveau du collège (9 950 USD contre 9 980 USD) et très élevé au niveau du lycée (13 600 USD contre 10 000 USD). Au niveau de l’enseignement supérieur, le coût annuel par élève s’établit à 16 200 USD en France, contre 15 200 USD pour la moyenne des pays de l’OCDE ». Pour la grande masse des élèves, la dépense est donc en dessous de la moyenne OCDE et de celle des pays européens.
Et si c’est comme cela c’est que ce qui est particulièrement faible en France c’est le coût salarial des enseignants. La France se situe parmi les pays qui dépensent le moins pour ses enseignants. Le salaire moyen avec 15 ans d’ancienneté des enseignants français était nettement en dessous de la moyenne Ocde en 2014. Au primaire il était de 34 149 $ contre 42 675 pour l’OCDE, au collège de 36 814 contre 44 407 et en lycée de 37 303 contre 46 379.
Tout l’enjeu de l’accord PPCR, dont les premiers effets se verront début 2017, c’est justement de changer cela. En espérant que l’accord survive aux élections…
François Jarraud