Tel est le titre et la ligne directrice du « Rapport du Conseil Supérieur de l’Education sur l’état et les besoins de l’éducation 2014-2016 » qui vient de paraître. Le CSE estime que » le système éducatif québécois a considérablement progressé sur le plan de l’accès à l’éducation et de l’accès à la réussite » mais « constate que des difficultés subsistent; surtout, il veut souligner le fait que la relative équité du système ne doit pas être tenue pour acquise. «
Cette préoccupation fait l’objet d’une exploration approfondie et inspirante. Elle s’ouvre par un exposé de quatre conceptions de la justice considérées comme complémentaires (Théorie de la justice de Rawls, théorie des sphères de justice, théorie de la reconnaissance et approche par les capacités) pour poser comme principe que « ce n’est pas à l’enfant qui entre à l’école de s’adapter à des exigences dont il ignore les subtilités, mais au système scolaire de mettre en place les conditions qui permettent à tous de pousser au maximum le développement de leur potentiel. »
La suite du rapport examine l’égalité des chances selon ce principe interrogeant l’égalité d’accès, l’égalité de traitement, l’égalité de résultat et s’interrogeant sur les limites tolérables aux inégalités.
Regrettant que le Québec se soit « engagé depuis quelques années dans une logique de quasi-marché qui encourage l’essor d’une école à plusieurs vitesses », les rapporteurs entendent inscrire la question de la justice sociale à l’école au calendrier politique car, soulignent-ils avec pragmatisme, » dans les années à venir, ceux qui n’auront pas les acquis nécessaires pour évoluer de façon autonome pèseront donc plus lourdement sur les autres. En définitive, c’est toute la société et chacun des individus qui la composent qui perdent à ce jeu. Ce qui justifie que l’Etat intervienne. »
Jean Horvais