Ouverte à la rentrée la Banque de ressources numériques d’histoire-géographie pour les cycles 3 et 4 est encore en cours de développement. Mais son cadre logiciel est déjà actif et il y a déjà de nombreuses ressources. Alors que vaut ce nouvel outil proposé gratuitement aux enseignants ? Peut-il vraiment aider les enseignants ? Peut-il faire progresser les élèves ?
Après les sciences et le français, c’est au tour de la Banque de ressources numériques en histoire – géographie d’être visitée par le Café pédagogique. Et la visite est plus facile dans cette discipline car un seul éditeur , Belin, avec sa digithèque, a remporté l’appel d’offre pour le cycle 3 et le cycle 4. Le fonctionnement est le même dans les deux cycles. On accède d’ailleurs à toutes les ressources une fois inscrit sur le site.
Des ressources didactisées à associer en séquences
Au moment de notre visite environ 30% seulement des ressources promises sont en place. Ce sera 50% fin octobre. Et toutes les ressources seront accessibles fin décembre. 30% cela fait quand même 492 ressources ne histoire, 349 en géographie, 83 en EMC, ce qui n’est pas si mal.
Mais qu’appelle-t-on ressources ? On peut y accéder par un choix de compétences ou plus traditionnellement par un choix de niveau et de thème au programme (ou encore en cumulant les deux). Ainsi en Cm1 géographie, la partie sur « le lieu où j’habite », première thème d l’année , propose une carte de France interactive, une fiche sur la végétation, une carte des climats, un texte et une étude de documents. La plupart de ces ressources sont didactisées c’est à dire qu’elles comportent des questions.
En 4ème, à propos du chapitre sur la mondialisation, une série de ressources concernent l’Afrique dans la mondialisation. On a un bilan, sous forme d’un tableau à compléter, une carte à compléter et légender, un travail sur deux documents (texte et carte) avec des questions, une fiche vocabulaire.
Les ressources sont donc des nodules, des documents ou ensemble de documents que l’on peut associer comme on veut pour construire une séquence. Rien n’interdit d’aller piocher des ressources dans une autre discipline ou d’importer dans les ressources ses propres documents. Le professeur peut ensuite assigner à un élève ou un groupe d’élèves une séquence sauvegardée. Le principal avantage de la banque c’est qu’en quelques clics le professeur peut construire une séquence. Le ministère met en avant le gain de temps pour l’enseignant. Ce n’est pas faux.
Une banque conçue pour de vrais enseignants
La banque de ressources a été conçue pour de vrais enseignants. Outre la capacité à modifier les séquences, la procédure d’inscription des élèves a été simplifiée. Le professeur peut générer assez facilement un nom d’utilisateur et un code à distribuer aux élèves. Ca lui servira ensuite à constituer les groupes de travail.
Le système lui permet aussi d’exporter au format pdf la séquence ou un questionnaire produit à partir d’un document. L’enseignant dispose ainsi d’un document à photocopier le jour où le réseau est en panne. Une sorte de plan B… Autre plan B ; la Digithèque Belin comprend un forum qui permet d’échanger des séquences entre enseignants.
Un autre plan B est prévu car les ressources seront totalement téléchargeables sur terminaux Android ou Ios prochainement. C’est une fonction importante pour remédier aux difficultés d’accès à Internet. Cela donne aussi aux élèves la possibilité de travailler dans les transports ou chez eux s’ils n’ont aps d’accès à Internet.
Un risque de normalisation ?
Le ministère attend 2 millions d’utilisateurs des ressources numériques. On en est loin aujourd’hui puisqu’il y aurait 10 000 inscrits actuellement sur la banque de ressources Belin qui vient tout juste d’ouvrir.
N’y-a-t-il pas un risque à terme de normaliser l’enseignement avec cette banque de ressources ? Pour Alain Thillay, à la tête du département du développement et de la diffusion des ressources numériques à la Direction du numérique éducatif (ministère), le risque n’existe pas. « La banque est complémentaire des manuels. Elle ne reprend pas les documents des manuels papier Belin. On peut ajouter ses documents et transformer les séquences. La liberté pédagogique est respectée », souligne-t-il.
Autre point important : la hiérarchie des droits d’accès est sans rapport avec celle de l’éducation nationale : en clair votre inspecteur ne peut pas naviguer sur votre compte pour voir ce que vous faites…
Pour Alain Thillay, « on est dans le manuel numérique le vrai ». C’est sans doute le point qui est le plus discutable actuellement.
Un manuel pour qui ?
Certes la banque est bien faite et elle a été pensée pour des usages de classes, de vraies classes.
Mais on reste dans le cadre du manuel traditionnel, avec des exercices traditionnels qui s’enchainent pour constituer une séquence. Les types d’exercice que nous avons vus sont du même genre que ceux d’un manuel papier sauf qu’avec un ordinateur on peut déplacer au liue de remplir un tableau. On a aussi quelques animations, des extraits sonores, une capacité d’adapter les caractères aux différents dys.
Mais au final, la didactisation est assez pauvre ou en tous cas bien classique. Il n’y a pas d’encouragement à collaborer ou à créer.
On n’a pas encore accès aux outils de suivi des élèves et donc on ne sait pas s’ils permettront vraiment d’avoir des retours intéressants pour l’enseignant sur les parcours élèves et leurs difficultés. Il semble que le professeur aura au moins accès au taux de réussite et au temps passé sur les questions.
En ce sens, la banque de ressources est un bon manuel pour le professeur. Elle lui fera gagner du temps. Peut-être lui permettra-t-elle de mieux connaitre ses élèves. Mais il reste à inventer un manuel pour l’élève, qui lui donnerait envie de travailler dans l’autobus et de se confronter à ses camarades en histoire geographie.
François Jarraud