Ca va mieux. C’est ce qui ressort de la publication de deux rapports par le ministère de l’éducation nationale le 29 septembre. Alors que le rapport du Cnesco critique fortement l’efficacité du dispositif, le ministère sort des rapports pour montrer des progrès dans les pratiques pédagogiques entre juin 2015 et juillet 2016.
Pour ceux qui veulent savoir si le niveau des élèves des établissements prioritaires s’est amélioré, la lecture des rapports n’apporte aucune information. Un des deux rapports dénonce d’ailleurs l’absence d’évaluation des éventuels progrès des élèves.
Les deux rapports se consacrent, pour celui de juin 2015 au pilotage et à la mise en place de la réforme de l’éducation prioritaire de 2014. Celui de juillet 2016 ne porte que sur les pratiques pédagogiques.
Difficultés de pilotage
Un an après le lancement de la réforme, l’Inspection générale soulignait que celle_ci s’accompagnait de moyens supplémentaires dans les Rep+ (environ 10% de dotation supplémentaire). Ce n’est pas rien puisque cela représente une douzaine d’adultes supplémentaires dans un collège de 500 élèves selon le rapport.
Le rapport souligne aussi des difficultés de pilotage liées à la multiplication des instances générées par la réforme. Autre problème, « les nouveau formateurs Rep sont peu installés institutionnellement auprès des pilotes » des réseaux. L’accompagnement par les IPR est défaillant.
Les enseignants manquent de formations en maitrise d ela langue dans toutes les disciplines et dans l’analyse de pratiques. Les temps de concertation sont mal utilisés du fait de pressions syndicales. Dans le secondaire le Snes et d’autres syndicats appellent à l’époque les enseignants à utiliser leur temps libéré par la réforme (1h30 par semaine) à leur gré et pas forcément pour suivre des formations. Quant au dispositif plus de maitres que de classes, s’il est bien accueilli, l’Inspection s’interroge sur ses effets.
Temps de concertation mal utilisé dans le secondaire
Le rapport de juillet 2016, réalisé sans l’IGAEN, ne porte que sur la pédagogie et est du coup beaucoup plus positif. Il ne porte aussi que sur les réseaux Rep+ préfigurateurs, c’ets à dire les plus rodés. Autrement dit c’et une vue beaucoup plus partielle que celle du premier rapport.
Le rapport souligne à nouveau de grandes différence dans l’utilisation du temps de concertation. Si dans le premier degré l’utilisation des 18 demi journées annuelles est ordonnés et pilotée , dans le second degré « la dynamique tarde ». »On est loin d’un temps organisé », souligne le rapport.
Formations à revoir
Les formations proposée aux enseignants « ne sont pas toujours jugées intéressantes », rapporte l’inspection, notamment car elle sont « descendantes ». « Les professeurs ne comprennent pas toujours ce qu’ils font là ». Le rapport donne en exemple une formation imposée à des enseignants du premier degré sur une problématique globale mais qui n’est pas perçue comme telle par les professeurs des écoles. Les formations en interdegré sont donc particulièrement délicates.
La réforme du collège a aussi nui aux formations éducation prioritaire dans la mesure où elles ont pu être assimilées à la formation collège., rapporte l’Inspection. Enfin la formation des IPR est très en retard ce qui n’arrange pas le pilotage.
Des pratiques pédagogiques qui évoluent
Mais le rapport montre aussi des avancées dans les pratiques, par exemple des cas de co-intervention et l’émergence d’observations croisées, un domaine où selon l’OCDE, la France est très en retard.
Au final, les rapports montrent une éducation prioritaire davantage pilotée qu’avant 2014 et la naissance de laboratoires pédagogiques qui changent l’atmosphère des réseaux et mobilisent les enseignants malgré les couacs. C’est évidemment facilité par le fait que nombre d’enseignants sont nouveaux et sortent des formations en Espe.
Le choc Cnesco
Si tout cela est positif, cela ne répond quand même pas aux interrogations du Cnesco. Son rapport montre que la labellisation Education prioritaire a des effets négatifs sur les familles et les enseignants et qu’au final les élèves sont privés d’une large partie du temps d’enseignement.
Cette publication apporte quand même une réponse au Cnesco. Son rapport secoue suffisamment l’institution pour que les rapports sortent. Les syndicats se mobilisent en soutien à l’éducation prioritaire. Le choc Cnesco est bien réel.
François Jarraud
Le Snes met en cause le pilotage
NB : Un troisième rapport est annoncé sur le site ministériel mais était inaccessible le 29 septembre au soir.