Le rapport publié par le Cnesco le 27 septembre a fait bouger la rue de Grenelle. Dans un long communiqué , la ministre maintient la ligne officielle : « L’éducation prioritaire est un levier efficace de lutte contre les inégalités ». Même si elle est difficile à démontrer…
Le rapport du Cnesco transformé en soutien ministériel ?
« Ce rapport scientifique indépendant vient consacrer utilement le changement majeur de politique dans la lutte contre les inégalités à l’école engagée depuis 2012 en donnant plus et mieux à ceux qui ont le moins », écrit le ministère en réponse à la publication du rapport du Cnesco.
Alors que ce rapport démontre que « l’on donne moins à ceux qui ont moins », pour reprendre une formule utilisée, la réponse du ministère transforme un rapport très critique en déclaration de soutien.
« Ce rapport est un réquisitoire contre dix ans de politiques de la droite et confirme les diagnostics posés dès 2013, par la loi de refondation de l’école, et les mesures prises depuis pour lutter contre les inégalités », écrit le ministère qui , d’ailleurs, « se félicite que le rapport souligne les « orientations positives encourageantes » de la refondation de l’école ».
Un engagement pour l’éducation prioritaire
La réponse ministérielle rappelle les efforts réellement faits pour donner la priorité au primaire en présentant sous leur jour le plus avantageux des avancées réelles. « De 2012 à 2015, 1 100 classes ont été ouvertes et 25 000 places offertes pour accueillir les élèves de moins de 3 ans. À la rentrée 2016, 231 ETP sont affectés à des classes dédiées spécifiquement à la scolarisation des enfants de moins de 3 ans ». Traduit en langage clair cela veut dire que sur les 100 000 enfants de moins de 3 ans scolarisés environ 5 000 le sont dans des classes d’enfants de cet âge. Les autres sont mélangés, souvent à 27 ou 28 par classe, avec des enfants plus grands…
La ministre rappelle les 300 millions attribués à l’éducation prioritaire pour revaloriser l’indemnité spéciale et mettre en place le temps de concertation, une avancée importante pour les enseignants.
« L’éducation prioritaire est un levier efficace de lutte contre les inégalités », tranche la ministre en contredisant sans argument le rapport du Cnesco. « Les équipes éducatives et les parents d’élèves le savent bien, eux qui dans les établissements sortant de la carte se sont mobilisés dans l’espoir d’y rester », ajoute-elle….
Enfin la ministre rappelle aussi la hausse des crédits des fonds sociaux commencée en 2013 et continuée depuis.
La ministre conforte le choix de l’éducation prioritaire fait sous V Peillon. Tous ces efforts sont bien réels. Mais suffisent-ils à contrebalancer l’argumentation, autrement plus sérieuse, du rapport du Cnesco ?
François Jarraud