La dernière session du diplôme national du brevet d’avant refondation franchit un nouveau cap avec 87% de reçus soit 1 % de plus qu’en 2015. C’est un nouveaux diplôme qui attendra les candidats en 2017. Mais, aujourd’hui comme demain, gageons que ce diplôme mal ficelé et inutile, portera toujours les traces des profondes inégalités sociales dans l’Ecole…
Nouveau record, vieilles inégalités
Comme pour le bac, le ministère ne met pas en avant ce nouveau chiffre record. 87.3% des 815 300 candidats au brevet ont été reçus. Ils étaient 78% en 2003, 82% en 2007, 85% en 2014 et 86% en 2015.
Ces chiffres moyens cachent en fait d’importantes inégalités sur lesquelles le communiqué ministériel jette un voile pudique. On pourrait s’attendre à avoir un diplôme unique pour un collège unique . Mais il n’en est rien. Comme il y a des classes de collège « normales » et des classes « pré professionnelles », il y a aussi deux brevets. 81 000 candidats étaient inscrits en 2016 au brevet professionnel, avec des sujets spécifiques. Entre les deux diplômes, la différence tient à la composition sociale des candidats et aussi au taux de réussite. Si 88ù des candidats ont obtenu le brevet général, seulement 81% ont le brevet professionnel, un taux exceptionnel, en hausse de 4%.
L’inégalité se lit aussi dans les refusés. Nous n’avons pas encore les chiffres de 2016. Mais tout porte à croire qu’en 2016 comme en 2015, il y a un forte écart entre jeunes favorisés et défavorisés pour la réussite à l’examen. En 2015, 22% des jeunes de milieu défavorisé ont échoué à l’examen contre 3% des enfants de milieu très favorisé.
Autre écart, celui qui sépare les genres. Si 90% des filles ont obtenu le diplôme c’est seulement 84% des garçons. Un écart identique à celui de 2015.
Une cérémonie de remise de diplômes
Deux innovations attendent les jeunes l’année prochaine. Les élèves admis cette année pourront participer à une cérémonie « républicaine » de remise de diplôme. Selon le B.O., « cette cérémonie rassemble la communauté éducative, des élus du territoire – maire, conseillers départementaux, etc. – et les partenaires réguliers du collège autour des élèves qui ont achevé leur parcours scolaire commun », écrit le BO. « Elle permet de rappeler le rôle essentiel de l’École dans la République et de féliciter les élèves qui ont obtenu leur premier diplôme. Elle donne à voir aux élèves qui les suivent au collège des modèles de réussite ». Elle aura lieu au collège où les ex-élèves ont fait leurs études dès 2016 « dans les 15 jours précédant les vacances de la Toussaint ».
Un nouvel examen 2017
L’autre innovation, c’est le nouvel examen qui entrera en vigueur avec la session 2017. L’ancien brevet n’avait pas su choisir entre la validation du socle et l’examen final.
Le nouveau brevet ne choisit pas non plus. Mieux, pour faire bonne figure, on lui a ajouté quelques disciplines en examen final. Entre logique disciplinaire et socle, le ministère a réussi à construire un petit monstre bureaucratique.
Dorénavant il y aura deux cas de figure. Les élèves moyens qui auront validé le socle partiront au brevet avec 320 sur les 350 nécessaires pour avoir le brevet. Les épreuves finales seront une formalité.
Les élèves faibles par contre devront subir des épreuves finales rendues plus complexes. A commencer par la soutenance orale d’un EPI ou d’un parcours devant un jury composé de deux enseignants de l’établissement entre la mi avril et le dernier jour des épreuves de l’examen. Suivront des épreuves écrites portant sur 7 disciplines : les maths, les SVT, la physique-chimie, la technologie, le français , l’histoire-géographie et l’EMC. Le brevet précédent ne concernait que les maths, le français ,l’histoire-géo et l’instruction civique. Les épreuves commencent par 3 heures de maths et de sciences. Le deuxième jour de l’examen est consacré à 5h15 d’épreuves pour le français, l’histoire-géo et l’EMC en deux blocs.
Un nouveau brevet mort né ?
Au final , le ministère a accouché d’un monstre. Et surtout d’un monstre inutile. Le brevet ne sert à rien, puisqu’il ne joue aucun rôle dans l’orientation et qu’il n’est pas reconnu par les entreprises. Est-il alors nécessaire d’imposer à 800 000 jeunes et des dizaines de milliers d’enseignants 8 heures d’examen, des jeux de copies sophistiqués pour un résultat couru à l’avance ? Faute d’avoir su trancher entre validation du socle ou examen final, on peut dès maintenant s’interroger sur l’avenir de ce nouveau brevet.
François Jarraud