Le 9 juin un petit groupe de parents manifestait devant le ministère de l’Education nationale contre les projets de contrôle du ministère sur l’instruction en famille. Pour la principale association, Les enfants d’abord, les projets de texte » anéantissent la liberté d’enseignement ». Militante de plusieurs associations de parent et présidente de l’association L’école de la vie , Claudia Renau explique pourquoi ces parents s’opposent au projet ministériel.
Vous avez organisé cette manifestation. Pourquoi ?
On est remonté contre le projet de décret pour deux raisons. D’abord parce qu’il y aura la possibilité de faire passer des tests oraux ou écrits aux enfants alors que ce sont des modalités que les enfants ne connaissent pas avec tous les risques d’attente que ca créé et même des dommages pour certains enfants en cours d’apprentissage et dont les apprentissages ensuite peuvent se bloquer.
L’autre raison c’est que désormais dans le projet de texte il y aurait une vérification de l’enseignement aux trois niveaux de cycle du socle commun et cela constitue des formes d’apprentissages dans lesquelles les enfants ne sont pas forcément encore entrés. Là aussi on risque de bloquer les enfants alors qu’on a plein d’expériences qui montrent que l’apprentissage est beaucoup plus rapide quand on attend que l’enfant soit prêt.
On est inquiet concernant tous ces enfants en instruction en famille. Ils sont plus nombreux car des parents ont su que c’était possible et ont sorti leur enfant qui était en souffrance de l’école. Ils risquent de nouveau de se retrouver face à des attentes institutionnelle de résultats alors que c’est pas prévu dans la loi. La loi dit que les enfants doivent suivre une progression dans leurs apprentissages de façon à ce qu’ils arrivent à un niveau comparable à celui des autres enfants , celui du socle.
Avez vous été contactés par le ministère ?
Fin mai il y a eu une rencontre entre le cabinet et les associations Libre d’apprendre et instruire autrement, Les enfants d’abord, l’école de la vie, Choisir d’instruire son enfant et le Collectif Instruction En Famille.
Le ministère a-t-il donné des gages sur vos craintes ?
Leur argument c’est de dire que ce qui est dans le décret est possible mais pas obligatoire. Mais dans certains cas ça ne se passe pas bien avec l’inspecteur. Et les parents ont une impression d’arbitraire très fort. On préférerait que dans la loi il n’y ait pas d’arbitraire.
La ministre s’engage à ce qu’il n’y ait pas d’obligation de résultats pour les parents. Cela ne vous rassure pas ?
Le texte du décret parle d’obligation de moyens pas de résultats. L’instruction est un droit pas un devoir. On peut nous demander une obligation de permettre ce droit et les inspections devraient se passer comme cela. Mais parfois cela se passe très mal. L’inspection pourrait être une discussion entre l’inspecteur et les parents sur les moyens mis en place. Mais certaines familles refusent les exercices faits pour l’inspection. Elles ne refusent pas de montrer des exercices déjà réalisés. Mais certaines familles ont des enfants très abimés par l’école avec des apprentissages retardés. Du coup on trouve que c’est dommage que l’apprentissage ne puisse pas continuer à se faire en liberté pour que les enfants retrouvent confiance en eux.
Propos recueillis par François Jarraud
Compte rendu de la rencontre au ministère par Les enfants d’abord