Il y a des projets qui affranchissent des barrières. #Konstweetion et #Kopfrechnen en font partie. Ces deux hashtags renvoient à un seul projet qui a su dépasser la peur des maths, celle de l’allemand en faisant dialoguer des élèves de niveau différent, entre école élémentaire et collège. Là où certains auraient pu voir une accumulation de difficultés (faire des maths en allemand), les élèves ont vu un défi à relever…
#Konstweetion et #Kopfrechnen : à l’ère des réseaux sociaux c’est l’histoire d’une collaboration entre école et collège en mathématiques … en allemand. Adrien Guinemer est professeur de mathématiques au Collège Jacques-Yves Cousteau de Creutzwald (57). Soucieux de la réussite de ses élèves, depuis plusieurs années il a changé sa pratique. Il souhaite laisser ses élèves chercher, s’impliquer en mathématiques, avoir de l’autonomie. Ce changement de pratique est né en 2013 d’un projet mené avec un professeur des écoles, Régis Forgione.
Régis Forgione cherchait à faire de l’allemand dans sa classe. Tous les deux se sont lancés dans un projet entre les 5e du collège et les CM2 de R Forgione.
Comment décririez-vous votre projet ?
Dans ce projet qui s’est construit en deux phases (Kopfrechnen & Konstweetion) , nous avons permis à deux classes de niveaux complètement différents d’échanger via un dispositif numérique. Les élèves de CM2 et ceux de 5ème ont échangé sur Twitter des messages audio, écrits et visuels par l’intermédiaire de l’outil de partage Evernote.
Quelles sont ces deux phases ?
En fait le projet s’articule autour de deux idées : le calcul mental et les programmes de construction.
On connaissait déjà les jeux de calculs mentaux sur Twitter comme « #devinombre » etc. Nous avons donc repris ce concept en le basculant de l’écrit vers l’oral. Ces jeux de calculs mentaux audio ont été appelés dans notre projet : Kopfrechnen.
D’abord, des devinettes-capsules audio ont été préparées par les CM2 pour les 5e. Et les 5e leur répondaient sous forme aussi de capsules audio. Ensuite les rôles s’inversaient.
Pour la seconde phase nous nous sommes appuyés sur les travaux de Guillaume Caron qui fait travailler deux classes l’une devant faire dessiner l’autre via twitter, et avec 140 caractères par message, il faut être clair et concis et donc utiliser le vocabulaire à bon escient.
J’ai proposé à Régis de reprendre cette idée en utilisant l’allemand comme langue de communication. Cette seconde phase s’est appelée Konstweetion.
D’abord, les élèves de 5e ont créé des capsules audio pour présenter le vocabulaire de base avec des photos des dites-figures.
Pour montrer qu’ils ont compris, les élèves de CM2, trace des figures libres avec le vocabulaire associé que les élèves de 5e doivent valider.
Ensuite les collégiens devaient créer un programme de construction en allemand pour les CM2 qui devaient l’appliquer.
Pourquoi donner un nom à ces phases ?
Vu que nous utilisions Twitter, il fallait proposer des balises pour filtrer les messages #Kopfrechnen et # Konstweetion sont nées comme cela.
Quel a été le but de ce projet ?
En fait, ils sont multiples. Tout d’abord pratiquer l’allemand à travers une situation qui ne soit pas « artificielle », les élèves sont dans un projet, de résoudre des énigmes et proposer des programmes de constructions à des élèves comme s’ils étaient allemands. On voulait que les élèves vivent l’allemand : dialoguer, échanger, écrire, lire, comprendre, rechercher…
On a donc construit avec eux le vocabulaire spécifique aux mathématiques en Allemand. Mais il y a eu d’autres compétences qui ont été clairement travaillées: exploiter des données, communiquer, adopter une attitude responsable sur l’utilisation d’un réseau social. Et enfin, nous avons pu concrétiser le lien école-collège.
En termes de matériel, ça a été compliqué?
On a utilisé l’existant, salle multimédia, appareil photo (pour les figures), lecteur mp3 pour s’enregistrer. Cette gestion du matériel a été par contre chronophage, c’est pourquoi je n’ai pas continué ce projet l’année suivante.
Si je devais le refaire, je tenterais plutôt à travers le concept de BYOD, à savoir utiliser le matériel personnel que les élèves ont à disposition : smartphone lecteur mp3 … Ainsi si les élèves ont leurs propres matériels, nous avons beaucoup moins de choses à gérer (réservation du matériels, batterie…).
D’ailleurs mes projets actuels vont en ce sens, j’autorise les élèves à apporter leur propre matériel et à l’utiliser. Au moins ils apprennent à utiliser et découvre les possibilités de leurs appareils. C’est une piste à suivre, non ?
Propos recueillis par Arnaud Durand
Un autre projet présenté au 7ème Forum des enseignants innovants