Les stages de 3ème doivent évoluer, affirme une étude demandant une « nouvelle donne dans les relations école entreprise » publiée le 14 octobre par le Conseil national éducation économie. Le CNEE entend utiliser et la mise en place des EPI et celle du Parcours Avenir pour faire rebondir les relations entre les établissements secondaires et le monde économique. Au centre de cette nouvelle donne proposée à la ministre, la découverte du monde économique et l’esprit d’entreprendre.
Tous les collégiens et lycéens devront avoir rencontré un acteur du monde de l’entreprise, effectué un sage en entreprise et participé à un projet entrepreneurial dans le cadre scolaire. C’est l’objectif que se fixe le Conseil national Education Entreprise (CNEE) dans un nouveau document adressé à N Vallaud Belkacem.
Créé par Vincent Peillon en 2013, le CNEE est chargé d’une réflexion sur l’articulation entre le système éducatif et les besoins du monde économique. Renouvelé en 2015, il est présidé par Pierre Ferracci, même si d’autres personnalités, comme Michel Pébereau, semblent y exercer une influence déterminante. Le CEE est composé de chefs d’entreprise, de représentants des organisations d’employeurs, de salariés et des syndicats enseignants. L’administration publique y joue les arbitres. On a peu entendu parler du CNEE depuis 2013. Mais la publication de ces « recommandations « montre qu’il entend utiliser l’évolution du système éducatif pour faire avancer la relation école entreprise.
La refonte du stage de 3ème
Le CNEE veut relancer le stage de 3ème pour en faire une vraie opportunité de découverte du monde professionnel et non une étape d’orientation. Selon l’étude du CNEE, 84% des élèves et 96% des entreprises jugent positive l’expérience du stage tel qu’il est actuellement même si’l est aussi porteur d’inégalités. Le CNEE veut en revoir ses finalités. Il recommande de faire évoluer le stage en affirmant la découverte du monde économique et professionnel comme son objectif central. Il veut « déconnecter les séquences d’observation des procédures d’orientation pour les relier davantage à la validation du socle commun en affirmant que l’objectif prioritaire du stage de 3ème est d’enrichir la culture générale des élèves, à la fois citoyenne et économique, en leur faisant découvrir le monde professionnel… Un « bon stage » n’est plus nécessairement effectué dans un secteur ou métier vers lequel l’élève envisage à terme de pouvoir s’orienter ou dans une entreprise « cotée ». Il est un stage où l’élève a découvert un ou plusieurs univers dont il n’avait pas connaissance, tout en gagnant en autonomie et en développant sa compétence à inventer et à prendre des initiatives. »
Du coup, le CNEE recommande de changer et l’évaluation du stage et son organisation. L’étude montre que 63% des stages ont lieu en décembre, le moins bon moment pour les entreprises qui préfèrent à 63% le mois de mars. Le CNEE recommande donc de changer la date du stage. En oubliant que le choix de décembre n’est pas lié au hasard mais a à voir avec le climat dans les établissements…
Le groupe de travail propose de « systématiser les séquences de restitution orale, en prévoyant un jury, composé d’un ou plusieurs tuteurs, devant lequel l’élève présentera son rapport de « stage » ou toute autre forme de restitution, en variant les modalités en fonction des objectifs d’apprentissages retenus (récits, reportages, mises en scène) ». Cette restitution pourrait s efaire devant un jury incluant des professionnels. L’EPI Culture économique et monde professionnel prévu dans la réforme du collège est l’opportunité attendue par le CNEE pour cette évolution.
La mise en place du Parcours Avenir
L’autre enjeu de l’étude c’est la mise en place du Parcours avenir au collège et au lycée. Le CNEE veut « le faire exister concrètement ». « Il s’agit de conjuguer le stage de 3ème à plusieurs activités clés qui constitueront ensemble le socle du parcours Avenir », écrit le CNEE. « L’existence de ce socle apportera la garantie que chaque élève bénéficiera, dans sa scolarité du second degré, a minima d’ une rencontre avec un acteur du monde de l’entreprise pour partager son expérience ; d’une participation à une visite d’entreprise ; d’un stage en milieu professionnel ; d’une participation à un projet entrepreneurial dans le cadre scolaire… Ce socle d’actions aurait vocation à être réalisé au collège et validé en fin de 3ème dans le cadre du Brevet au moment de l’évaluation du parcours Avenir. Le parcours Avenir ne devra en revanche pas se résumer à ce seul socle, et se poursuivre notamment au lycée ».
Le CNEE recommande d’identifier dans chaque établissement un référent et d’utiliser les 5000 jeune semplois civiques qui doivent arriver dans les établissements pour organiser les rencontres avec les entreprises. Des comités locaux éducation économie donneraient une dimension territoriale.
Le document rédigé par le CNEE doit maintenant être remis à la ministre. L’objectif du CNEE était de contribuer à la campagne du redressement économique du pays. Un objectif un peu éclipsé par le thème des valeurs républicaines. Mais qui s’impose toujours.
François Jarraud