Le CSP a rendu sa copie le 18 septembre en publiant le projet de programme concernant les cycles 2, 3 et 4. En EPS, nous avions suivi les différents débats autour de l’écriture de ces programmes, notamment concernant la dernière proposition. Qu’en est-il ? Quels changements vont apparaître, quelles permanences et surtout quelles conséquences sur le terrain, pour les équipes au sein des établissements du premier et du second degré ?
Comment le texte s’organise t-il ?
Tout d’abord, la finalité de la discipline est précisée dès le préambule des cycles 2, 3 et 4. Le projet de Programme affiche également l’objectif de répondre aux enjeux de formation du socle commun à travers la construction de cinq compétences. Ces dernières sont organisées au sein d’un parcours de formation constitué de quatre champs d’apprentissage. Ensuite, plusieurs compétences à travailler sont présentées débouchant sur des attendus de fin de cycle à faire acquérir au sein de chacun des champs d’apprentissage.
Des permanences
A la première lecture on peut penser que de nombreux termes font leur apparition, mais concrètement peu de choses changent. Par exemple, on peut remarquer le maintien des « ex » compétences propres qui sont désormais des « champs d’apprentissage ». Notons que les 8 groupements présents dans la première proposition des programmes au cycle 4 ont été supprimés. Le texte précise également que la « construction des compétences intègre différentes dimensions (motrice, méthodologique, sociale) ». On retrouve ici la logique des situations complexes intégrant différentes dimensions.
Des changements et une finalité qui évolue
« L’EPS a pour finalité de former un citoyen lucide, autonome, physiquement et socialement éduqué, dans le souci du vivre ensemble ». L’EPS a donc pour finalité le « vivre ensemble ». Sans vouloir rentrer dans certains débats, une nouvelle fois l’EPS reste une discipline « au service de ». De plus, pourquoi ce rajout alors qu’on parle de citoyen (…) socialement éduqué ?
Autre évolution, on semble percevoir les prémices d’un « savoir s’entraîner » au cycle 4. En effet, le programme précise que « les élèves prennent en charge une partie de la programmation de leur travail » ou encore qu’ils doivent « ajuster un programme de préparation ».
De plus, changement considérable institué, celui de travailler avec le premier degré sur la définition d’un parcours de formation au cycle 3. Evidemment, ce changement n’est pas propre à l’EPS car il est la conséquence de la définition du cycle à cheval entre le premier et le deuxième degré, mais la tâche s’annonce complexe pour prendre en compte l’ensemble des installations, des compétences au sein du bassin pour définir un parcours de formation équilibré et progressif.
Enfin, l’EPS participe bien entendu aux EPI (enseignements pratiques interdisciplinaires), plusieurs exemples de thèmes sont présentés au sein des programmes. Evidemment, ce ne sont pas ces derniers qui les instituent mais cela représente un changement conséquent pour la profession qui est mise comme l’ensemble des disciplines face à l’enjeu du décloisonnement des savoirs.
Des discussions notamment autour de la culture physique, sportive et artistique
A plusieurs reprises, nous avons soulevé l’omniprésence en EPS des activités gymniques au détriment des activités artistiques (moins de 10% au Baccalauréat). Ce nouveau programme précise l’importance de s’approprier une culture physique sportive et artistique », un des attendus de fin de cycle étant de « participer activement (…) à l’élaboration et à la formalisation d’un projet artistique ». Toutefois, en rentrant dans le détail des compétences visées, ces dernières laissent le choix aux équipes d’élaborer un « projet artistique et/ou acrobatique ». Nos élèves auront-ils accès à une véritable culture artistique ?
Les équipes au cœur d’un projet local
Au final, ces programmes sont beaucoup moins prescriptifs que ceux de 2008, mais il vont nécessiter un travail très conséquent de la part des collègues. Quid de la cohérence au niveau national, l’enjeu semble être placé sur le plan local. Mais les intentions, si louables soit-elles, devront nécessairement passer par un temps de travail, d’échange conséquent pour construire un projet cohérent. L’EPS n’a t-elle pas un savoir-faire dans ce domaine ?
Par Antoine Maurice et Benoit Montégut