Alors que l’OCDE s’apprête à publier, le 15 septembre , les résultats de PISA sur les usages du numérique, que savons nous de l’utilisation des TIC dans le système éducatif ? Un récent numéro de « L’enseignement à la loupe », basé sur une autre enquête de l’OCDE, TALIS, permet une comparaison internationale qu’éclairent des études françaises.
La France en queue des usages pédagogiques
» Il est frappant de constater que, malgré l’omniprésence de la technologie dans notre vie quotidienne, la majorité des enseignants de nombre de pays ne font pas une utilisation fréquente des TIC dans leur métier », souligne l’OCDE dan « L’enseignement à la loupe » de juillet 2015. Alors que, selon l’OCDE, » l’utilisation des technologies de l’information et de la communication (TIC) est considérée comme l’une des pratiques pédagogiques les plus actives, de nature à favoriser l’acquisition des compétences dont les élèves ont besoin pour réussir,… moins de 40 % des enseignants des pays participant à l’Enquête internationale sur l’enseignement et l’apprentissage (TALIS) indiquent faire une utilisation régulière des TIC dans le cadre de leurs pratiques pédagogiques ». Un pourcentage qui est encore plus faible en France. Avec 23%, la France se situe derrière la Roumanie et juste avant la Serbie. On est loin derrière le Royaume Uni (38%) ou le Danemark (72%). Certains pays développés sont quand même derrière nous : le Japon (10% !) et la Finlande par exemple.
Le rôle de la formation
Comment expliquer cet écart ? L’étude Talis souligne l’insuffisance des ressources scolaires. Mais elle pointe surtout le manque de formation. Selon elle, » 60 % des enseignants font part de besoins modérés ou importants en matière de formation continue concernant les compétences en TIC à l’appui de l’enseignement, ce qui en fait l’aspect le plus fréquemment cité en termes de besoins de formation ». Et là selon TALIS, la France se trouve au dessus de la moyenne avec 62% d’enseignants exprimant cette demande et surtout 24% d’enseignants exprimant un besoin important de formation, un taux nettement au dessus de la moyenne. Selon l’OCDE, » les résultats de l’enquête TALIS mettent néanmoins en évidence le rôle clé de la formation continue des enseignants et de leur vision de leur métier dans la pleine exploitation du potentiel de la technologie au service de l’enseignement et de l’apprentissage ».
Cette conclusion de l’OCDE est confirmée par une Note d’information de la Depp (division des études du ministère). Selon elle, » les enseignants français sont particulièrement peu formés aux usages numériques. Ainsi au primaire 29% des enseignants déclarent n’avoir aucune formation au numérique contre 12% en Europe, un taux à peu près identique en lycée et lycée professionnel (22% contre 10%). La très grande majorité des enseignants (de 60 à 80%) se forment sur leur temps libre ».
Mais aussi du style scolaire
L’équipement informatique des établissements a aussi sa part. Selon la même Note, si l’équipement des lycées est supérieur à la moyenne européenne, celui des collèges est juste dans la moyenne, celui des écoles nettement en dessous. Encore la Note n’évoque -t-elle pas l’âge et le degré de maintenance de ces matériels.
Mais ces facteurs disent-ils tout ? L’enquête Profetic, un travail du ministère de l’éducation nationale, apporte un éclairage complémentaire intéressant. Selon elle, les freins à l’intégration du numérique sont dans l’ordre la taille du groupe classe, suivie par l’insuffisance de l’équipement et les contraintes horaires de la discipline. Sans doute faut-il entendre plus que cela dans cette énumération. L’enquête Talis fait le lien entre le climat de la classe et l’utilisation des TIC. Plus le climat de la classe est positif, plus l’enseignant sera un utilisateur des TIC.
« Les contraintes horaires des disciplines » en disent aussi plus long qu’il n’apparait. L’encyclopédisme des anciens programmes poussent à des formes d’enseignement frontales qui laissent peu de place aux élèves et aux TIC. Mais cela veut dire aussi que les référents culturels des enseignants sont souvent éloignés du constructivisme. Ainsi selon Profétic, quand les enseignants ont des problèmes pédagogiques avec le numérique, les enseignants demandent d’abord de l’aide… à eux-mêmes (71%), à un collègue (45%), à un IPR (2%)…
La publication par l’OCDE le 15 septembre des éléments de PISA 2012 relatifs aux TIC devrait apporter des éclairages complémentaires au « retard » français.
François Jarraud