Rédaction : Didier Missenard et Laure Étevez
Les programmes de lycée à maturité
La réforme des programmes de lycée est désormais complètement achevée : les sujets en témoignent, en difficulté croissante après ceux de 2012-2013, qui avaient valeur de test (et visaient à éviter une répétition de la catastrophe de 2003…). L’algorithmique est désormais bien installée dans le paysage, puisque presque chacun des sujets de cette session de bac a posé une question à ce propos, à l’exception notable de celui de métropole. La cohorte 2013-2014 s’est donc confrontée à un enseignement amélioré, comme toujours après l’inauguration d’un nouveau programme.
Par contre, si les programmes « tiennent la route », ce sont les élèves qui peinent à suivre. Beaucoup de correcteurs ont pu remarquer avec intérêt que la distribution des notes était devenue franchement bimodale en TS (à cet égard, il serait intéressant que la DEPP publie une analyse de ce phénomène).
Cette répartition témoigne de l’évolution de nos filières d’enseignement général : la L ne cesse de s’étioler, perdant chaque année plusieurs pourcents, la ES stagne, hésitant sur ses finalités, et la S recueille désormais des élèves sans fibre scientifique marquée, qui choisissent cette série par défaut, ou par stratégie pour le post-bac : ce sont ces élèves dont la moyenne d’écrit est autour de 7, quand leurs camarades tutoient le 14.
Et ce sont sans doute les élèves, nombreux, qui auront eu de faibles notes dans les matières scientifiques qui ont protesté, à tort, contre la difficulté supposée des sujets. En fait, sans le savoir, ce qu’ils ont contesté, à raison, c’est le contrat didactique…
Notre filiarisation est à bout de souffle : quel ministre aura l’audace d’inventer un système innovant ?
http://www.apmep.fr/Terminale-S-2014-3-sujets-2
Le chantier de la formation
Le feuilleton de la formation se poursuit, sans amélioration notable.
Les résultats du CAPES sont tous tombés :
– au CAPES 2014 exceptionnel, 793 candidats ont été reçus, pour 1592 postes budgétés ;
– à la session du CAPES 2014 « rénové », 838 postes ont été pourvus sur les 1243 mis au concours.
Au total, ce seront moins de 60% des postes qui seront pourvus. Il faut donc s’attendre à voir à nouveau tous les titulaires remplaçants affectés dès la rentrée, les inspecteurs partant à la chasse aux contractuels… avec un succès s’amenuisant au fil des mois et de la raréfaction du gibier. Il ne fait donc aucun doute que les classes sans prof déjà vues l’an dernier se multiplieront.
Quant à l’agrégation, seuls 275 postes ont été pourvus, pour 395 budgétés, et l’on n’y constate plus que quatre candidats pour un poste…
La crise est profonde, et, en mathématiques, sauf mesures radicales, on n’en voit pas la fin.
L’an prochain, on verra donc sur le terrain deux types de professeurs stagiaires :
– les lauréats du CAPES 2014 exceptionnel, souvent « CAD2 » en 2013-2014, et qui prendront un plein service cette année, accompagnés d’un tuteur. Ces stagiaires auront bénéficié de deux ans de professionnalisation, leur assurant ainsi une formation effectivement valable (à rebours de ce qui avait été pronostiqué…) ;
– les lauréats du CAPES 2014 « rénové » et de l’agrégation, qui seront en demi-service en responsabilité cette année, avec un tuteur en établissement, et un suivi de formation en université, dans la cadre d’un Master MEEF. Ces derniers auront donc, à l’étiquette près, une formation qui s’apparentera à ce qu’ont vécu les stagiaires PLC2 en IUFM. Comparativement, en plus, ils auront bénéficié d’intéressants stages en M1 ; en moins, ils ne bénéficieront plus de la structure IUFM, mieux dotée en moyens de tous genres que les universités, et que l’ESPE ne remplace pas (au moins pour ce qui concerne la formation des professeurs du secondaire).
Un article qui fait le point sur la situation en juillet 2014
http://cafepedagogique.net/LEXPRESSO/Pages/2014/07/10072014Articl[…]
Le plaisir d’apprendre
« Avec « Le plaisir d’apprendre », Philippe Meirieu nous donne un beau livre. Contre l’utilitarisme scolaire, il rappelle les exigences culturelles du métier et invite l’Ecole à chercher dans la culture les remèdes à l’ennui. Douze personnalités (F. Dubet, M. Gauchet, B. Cyrulnik, B. Stiegler etc.) appuient son propos et illustrent, parfois de façon saisissante comme Daniel Hameline, la pédagogie du chef d’œuvre que défend P. Meirieu. C’est cette vibration, écho de la tension qui nait en classe quand le monde s’éclaire dans le regard des élèves, qui nourrit ce beau livre. »
Une interview de l’auteur sur le Café
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2014/03/17032014Article6[…]