Le sigle est barbare. En plus l’enseignement intégré des sciences et de la technologie (EIST) est plutôt mal vu. Mais Julie Branchotte et Nicolas Louisot ne quitteraient pour rien au monde leur collège Rep+ où ils ont le sentiment d’être plus utiles à leurs élèves grâce à l’EIST. La Main à la pâte et l’Education nationale réunit les 19 et 20 mai une centaine d’enseignants qui, comme eux, ont franchi le Rubicon disciplinaire avec bonheur.
Un dispositif qui fait peur
« L’EIST ça me faisait peur ». Julie Braichotte et Nicolas Louisot sont deux jeunes enseignants du collège Lou Blazer de Montbéliard. Ce gros collège (520 élèves) est encore Eclair et il sera Rep+ à la rentrée 2015. L’EIST est un dispositif développé par l’éducation nationale avec l’aide de La main à la pâte. Il permet de confier à un enseignant unique les cours de sciences et de technologie en 6ème et en 5ème. Au collège Lou Blazer, deux classes de 6ème sont concernées. L’équipe d’EIST comprend aussi un professeur de technologie, Michel Lambert, absent au séminaire, et une professeure de français, Céline Durupthy, ce qui est rarissime.
« L’EIST ce n’est pas très bien perçu », nous dit Julie Braichotte. « Et je le comprends. Moi même ça m’a fait peur. J’ai compris qu’on me demandait d’enseigner des disciplines que je ne connaissais pas. Je e me sentais pas capable et j’étais contre ». Mais, mise au pied du mur à l’occasion d’en remplacement, J Braichotte y a pris goût. « J’ai apprécié de voir les mêmes élèves 3 heures par semaine au lieu d ‘une heure et demi. J’ai le sentiment de pouvoir faire un travail plus approfondi et d’avoir beaucoup plus de liberté. Enfin cet enseignement donne du sens aux disciplines. Les élèves savent pourquoi ils travaillent. Il savent que ce qu’ils apprennent sert à quelque chose ». Autre élément important : l’EIST a un coup de pouce horaire. Les deux sixièmes se divisent en 3 groupes de 14 élèves.
Comment ça marche ?
Evidemment il y a la question des autres disciplines à enseigner. Sont-elles aussi bien traitées que sa discipline de départ ? « Ca dépend. Si on parle des notions peut-être que je développe moins une notion de SVT, moi qui suis professeure de physique chimie », dit Julie. « Mais si on parle des compétences, là on se retrouve avec des compétences communes comme le calcul, le raisonnement scientifique, l’expression orale ou écrite. On a fait le choix d’un enseignement par compétence ». « On s’auto forme entre nous », explique Nicolas Louisot. « Du coup on aborde des notions neuves qu’ils faut assimiler. Ca nous rapproche de la situation que vont connaitre les élèves. Et ça nous aide à comprendre leurs difficultés ».
Pour ce séminaire, J Braichotte et Nicolas Louisot présentent un projet d’hotel à insectes. « Le projet est venu après une semaine décloisonnée où les élèves avaient travaillé sur les abeilles. On a travaillé sur la biodiversité et pour cela les élèves ont cherché quels insectes ils voudraient aider. Il sont fait une recherche avec l’aide de la professeure documentaliste. Ils ont choisi des insectes, cherché comment créer un environnement qui leur soit favorable, étudié les relations entre eux et construit des « hotels » qui sont installés dans le jardin du collège ».
Quel bilan ?
Quel bilan faire de l’EIST dans ce collège ? « Au niveau des connaissances des élèves, je crois qu’il y a peu de changement », estime Julie Braichotte. « Ce qui a changé c’est leur rapport à l’école. Ils osent s’exprimer, poser des questions. C’est déterminant pour leur scolarité ». Les parents s’en sont rendu compte. A Montbéliard, ils demandent de préférence une sixième EIST.
François Jarraud