Le diplôme le plus partagé entre les Français a-t-il un sens ? Ce n’est pas la seule question posée par la publication par la DEPP (direction des études du ministère de l’éducation nationale) des derniers résultats du brevet. Il y en a une plus redoutable encore : le choix de ne plus compenser à l’avenir entre les compétences du socle est-il valable ? Car actuellement 2 candidats au brevet sur trois n’ont pas le niveau en maths…
S’il y a un diplôme qui réunit les français, c’est le brevet. Le DNB (diplôme national du brevet) a été passé en 2014 par 791 000 jeunes sur une génération de 810 000 et 675 000 ont été reçus. C’est 50 000 jeunes supplémentaires par rapport au bac, présenté en 2014 par 711 000 candidats et obtenu par 626 000 personnes. Tout cela n’empêche pas le brevet d’avoir perdu beaucoup de prestige au point que son avenir est incertain.
C’est que le brevet est marqué par les inégalités qui traversent l’Ecole. Si 96% des enfants de cadres sont reçus c’ets le cas de seulement 76% de enfants d’ouvriers et d’inactifs. L’écart est plus fort encore entre les jeunes de 15 ans (91% de reçus) et de 16 ans (66% seulement). Preuve s’il en était besoin du rôle du redoublement comme marqueur de l’échec scolaire.
Mais la plus grave inconnue qui pèse sur le brevet c’est son rapport à l’évaluation des compétences. Actuellement 92% des candidats valident les 7 compétences du socle. Or seulement 86% des candidats obtiennent le brevet. 44% des recalés au brevet ont validé le socle, une proportion qui va d’ailleurs croissant. Pire encore, deux candidats sur trois obtiennent moins de la moyenne en math ce qui n’empêche pas que leur socle soit validé.
Ces données renvoient directement au débat actuel sur la validation de la scolarité obligatoire. A l’évidence la double validation actuelle (socle + brevet) ne fonctionne pas correctement. On ne devrait pas avoir validé le socle et ne pas être admis au brevet. Le principe arrêté d’une seule validation est confirmé par cette situation. Par contre un autre principe est pris en défaut. Celui de la non compensation entre les compétences. Si on l’appliquait actuellement, deux candidats sur trois n’auraient pas le brevet. Ce principe, qui se justifie parfaitement sur le plan des idées, semble inaccessible dans le monde scolaire réel.
François Jarraud