Par Stéphanie Fizailne
« La liberté d’expression, ça s’apprend» est le thème finalement retenu cette année pour la 26ème semaine de la presse et des médias dans l’École, suite aux attentats contre Charlie Hebdo. Mais, quand ? Comment ? Avec qui ?
Dès le plus jeune âge, ça s’apprend : El Imparcialito, ¡Diario Independiente de los Niños !
Au Mexique, depuis 1997, le programme éducatif Prensa Escuela a pour objectif de donner le goût de la lecture aux enfants en leur proposant un mensuel qui avivra leur curiosité et les rendra acteurs de leurs lectures et de leurs apprentissages, les invitant à s’exprimer. Chaque enfant reçoit le supplément mensuel du quotidien El Imparcial, el Imparcialito, qui a pour but de permettre aux enseignants de développer l’esprit critique de leurs élèves et de faire le lien entre les programmes des différentes matières et l’actualité de leur environnement, en somme, entre la classe et le monde extérieur. Une page spéciale est également publiée dans le quotidien El Imparcial chaque samedi. Pour découvrir cette initiative :
Les mensuels et pages spéciales en PDF :
http://www.elimparcial.com/PrensaEscuela/imparcialito.html
Le guide pratique de 61 pages à destination des enseignants :
http://www.elimparcial.com/PrensaEscuela/imparcialito.html
En Espagne, le quotidien La Voz de Galicia propose chaque mercredi son supplément La Voz de la Escuela, rédigé en castillan et en galicien.
Là aussi, des guides sont proposés pour accompagner l’enseignant et l’élève dans sa relation avec la presse en tant que lecteur, commentateur, rédacteur ou journaliste.
Guía del profesor A: La noticia:
http://www.prensaescuela.es/attachments/article/[…]
Guía del profesor B y C : El periódico (estructura del periódico y el periódico por dentro)
http://www.prensaescuela.es/attachments/article/4[…]
El libro de estilo de la redacción
http://www.prensaescuela.es/attachments/article/51/levozesc.pdf
Mais que lit-on au juste? Comment ? Et pourquoi ?
Un journal ne se lit pas comme un roman, de A à Z, et de façon linéaire. Une revue non plus, d’ailleurs. Comment fait-on alors ?
Passé le moment de l’émotionnel, des réactions suscitées à la vue d’une photo, à la lecture d’un gros titre, nous allons prendre le temps de lire l’article… ou pas. Mais pour passer à la compréhension et à l’interprétation de l’information, d’autres connaissances et compétences sont indispensables pour pouvoir aiguiser notre esprit critique, soulever des interrogations, lever des doutes, ou tout simplement donner notre opinion.
L’Institut Cervantes propose 15 activités qui permettent de faciliter l’accès à la lecture de la presse écrite en espagnol et ceci dès le collège. Des ateliers sont proposés pour découvrir les différents types de journaux, les rubriques, l’importance du choix des titres et des photos, le vocabulaire de la presse, … en mettant l’accent sur les stratégies propres à la compréhension de l’écrit. Donc même si ce document date de 1995, il reste incontournable.
15 formas de trabajar la prensa :
http://cvc.cervantes.es/ensenanza/biblioteca_ele/asele/pdf/06/06_0412.pdf
Mais quelle horreur ! Waouh ! Oh,non !… Trop bizarre ! Mais pourquoi ?
La liberté d’expression commence là. Exprimer ses sentiments, réagir à la découverte de la une, à la lecture d’un gros titre, à la vue d’une photo, à l’annonce d’un événement, … sont autant d’occasion de livrer son opinion, qui pourra susciter des interrogations, des controverses, qui donnera lieu à un débat, puis à une recherche ou à une vérification d’information pour attester ou contredire certains arguments.
Pour un niveau A1-A2, ce travail permettra d’initier un travail sur le vocabulaire des sentiments. Les réactions des lecteurs proches, convergentes et divergentes, peuvent mener à l’organisation d’un débat citoyen qui serait plus facile à mener pour des niveaux B1-B2 mais qui reste tout de même envisageable pour un niveau de survie. Pour cela, on peut se reférer aux fiches de travail de l’interaction orale, proposées par Aïcha Akknazay sur son blog, pour mettre en pratique la dynamique des débats citoyens créée par des professeurs de l’académie de Rouen:
Fiches d’EOI A1-A2 et B1-B2 : Relacionar los argumentos y organizar el pensamiento:
https://docs.google.com/file/d/0B0zEAOqK5sVpRExPSHU1YlhyVkE/edit
Une photo, par exemple, va générer des émotions mais va aussi nécessiter des connaissances culturelles du contexte pour la lire, la comprendre, l’interpréter. La lecture d’image, ça s’apprend !
Guide didactique : El reportero gráfico
www.ecbloguer.com/prensaescuela/category/generos-periodisticos-2/
Un travail sur d’autres éléments visuels accompagnant un article, comme un graphique ou une infographie, pourrait également être pertinent et montrer une fois de plus leur importance dans les activités de compréhension de l’écrit.
En parlant d’images, si nous devons proposer un site d’accès aux différents quotidiens du monde, privilégions ceux qui sont très visuels pour encourager nos élèves à consulter la presse étrangère . Celui-ci est très accessible : tous les journaux du jour sont classés par continents puis par pays :
Comment s’exerce-t-elle cette liberté d’expression ? La liberté d’expression sous toutes ces formes
N’oublions pas les dessins de presse et les caricatures. Ils sont également des moyens utilisés pour traiter l’actualité et défendre la liberté d’expression. Leur décryptage exige aussi des connaissances solides du contexte. On pourrait demander à nos élèves de trouver un article ou un gros titre qui pourrait être le miroir de la représentation graphique en question. Ils pourraient justifier leur choix et le confronter au choix de leurs camarades. Pour simplifier la tâche, on pourrait faire un travail de sélections préalables de documents et eux choisiraient leurs associations.
La liberté d’expression bafouée : Quelques exemples dénoncés par Reporteros sin fronteras
Où ça ? Une entrée en matière peut se faire par une consultation du barómetro de la libertad de prensa 2015 à partir duquel les élèves peuvent émettre des hypothèses sur les nationalités concernées.
Un coup d’œil à la rubrique clasificación mundial de la libertad de prensa 2015 donnera des réponses et suscitera des réactions quandils verront où se situent la France, l’Espagne et les autres pays hispanophones dans le classement.
On peut ensuite à partir de ce site internet leur proposer des exemples pris dans des pays hispanophones :
– Periodistas amenazados en Colombia: ¡No nos callarán!, vidéo enregistrée à l’occasion de la journée du journaliste
– L’article: Negro inicio de año para los comunicadores mexicanos (article du 18 02 2015)
– En Argentina: Incendian el automóvil de un periodista frente a su domicilio. (article du 17 09 2014)
– En Haiti: Despiden a un periodista después de que denunció actos de acoso (23 12 2014)
– Infografía: los países más mortíferos de américa latina para los periodistas (01 10 2014)
Les journalistes sont-ils héros de leur temps? Par leur courage, leur volonté de défendre des valeurs, des institutions, un territoire, une communauté qui les dépassent ? Tous ?
Par ailleurs, a-t-on (toujours) raison de parler de la presse comme d’un quatrième pouvoir ? À l’heure des réseaux sociaux et des blogs, le journalisme professionnel est toujours une forme de pouvoir ? Les lieux et formes du pouvoir restent-ils les mêmes où assiste-t-on à un décentrage? Le journaliste est-il un homme de pouvoir ?
Enfin, qui a dit que les jeunes ne s’intéressaient pas à l’actualité ?
Sans doute quelqu’un qui ne connaissait pas encore La Grieta, une publication numérique toute nouvelle, également plateforme culturelle et centre de débat. Beau projet, non ?
La présentation et l’origine du projet sur leur site:
http://lagrietaonline.com/sobre-lagrieta/
Un article dans El País: Los jóvenes abren la grieta cultural
http://cultura.elpais.com/cultura/2015/02/12/actualidad/1423747118[…]
Une vidéo de présentation pour leur campagne de crowdfunding:
https://www.youtube.com/watch?v=8EC5XWli8gM#t=45
Cette initiative renvoie au nouveau rôle et au poids tenus par les réseaux sociaux et par les blogs en tant que nouveaux supports de diffusion de l’actualité et interviennent également dans la hiérarchisation et la transmission des informations.
On pourra se poser une autre question : Le pouvoir des médias est-il davantage d’informer, de désinformer ou de manipuler ? N’est-ce pas là que nous devons intervenir en tant que citoyen formé et cultivé pouvant faire preuve d’esprit critique et défendant la liberté d’expression ?
Stéphanie Fizailne
Sur le site du Café
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