« Au-delà de l’apprentissage de la citoyenneté, les tragiques événements de ce début d’année interrogent aussi plus largement la capacité de l’école française à jouer le rôle crucial qui est le sien dans notre modèle d’intégration républicain des populations scolaires issues de l’immigration », annonce le Conseil national d’évaluation du système scolaire (Cnesco), l’organisme créé par la loi d’orientation pour évaluer le système éducatif.
« Notre seconde note montre à partir des résultats de recherche que les résultats scolaires des élèves issus de l’immigration se sont dégradées durant la dernière décennie et que l’écart de performance entre les jeunes autochtones et les immigrés de la seconde génération est supérieur, en France, à celui observé dans les autres pays de l’OCDE », écrit le Cnesco. « Ces résultats ne sont pas sans lien avec l’existence, en France, d’une ségrégation sociale et ethnique. Certaines recherches ont mis en évidence l’existence de « ghettos scolaires ». Or, la recherche montre que la ségrégation sociale et ethnique produit des effets néfastes puissants sur un ensemble de dimensions sociétales. Plus les écoles sont ségréguées socialement et ethniquement, plus les problèmes de santé des jeunes, leur consommation de stupéfiants, les incivilités, les maternités précoces, l’intolérance vis-à-vis de l’étranger ou plus généralement de l’altérité, la difficulté à dialoguer et à travailler avec des jeunes de milieux sociaux et culturels différents… progressent. Les écoles ghettos créent de plus des dynamiques d’apprentissage négatives qu’éclairent aujourd’hui les statistiques scolaires. » Le rapport montre « des dynamiques de groupe néfastes » dans les établissements ségrégués. Mais cela va au delà du rapport à l’école. » Plus les écoles sont ségréguées socialement et ethniquement, plus les problèmes de santé des jeunes, leur consommation de stupéfiants, les incivilités, les maternités précoces, l’intolérance vis-à-vis de l’étranger ou plus généralement de l’altérité, la difficulté à dialoguer et à travailler avec des jeunes de milieux sociaux et culturels différents… progressent », précise le rapport.
« Au coeur de notre réflexion doit aussi se placer aujourd’hui prioritairement la recherche d’une réelle mixité sociale et ethnique à l’école, car toutes les autres politiques scolaires, si ambitieuses soient-elles, se heurteront toujours aux dynamiques de groupe fortement destructrices des écoles ghettos, qui créent des bombes à retardement scolaire, social et politique », continue le Cnesco. « À l’étranger (Royaume-Uni, Belgique, États-Unis, Irlande…) des politiques nationales volontaristes sont mises en place pour fabriquer les mixités sociale et ethnique, elles peuvent éclairer les décisions d’action publique en France. Si ces politiques scolaires, pour développer une école citoyenne, réellement intégratrice de tous les élèves français, ne peuvent se construire que sur le long terme, il est désormais urgent de les engager concrètement. »