On se souvient des manifestations étudiantes du « Printemps érable » de 2012 dont le déclencheur avait été une hausse des frais de scolarité imposée assez brutalement par le gouvernement libéral de M. Jean Charest. La polémique faisait alors rage dans les médias en particulier sur le fait de savoir si cette augmentation risquait de décourager beaucoup d’inscriptions à l’université. Par des comparaisons assez grossières entre le Québec et l’Ontario voisin, des économistes prétendaient démontrer qu’il n’en était rien. Ils affirmaient qu’en Ontario où les frais sont élevés, la fréquentation universitaire l’est aussi, et qu’au Québec où les frais étaient moins élevés la fréquentation était plus faible, ce qui semblait écarter toute relation de cause à effet.
Une équipe de recherche de l’UQAM publie une étude très complète sur le sujet qui prend en considération la longue durée (1946-2011) et les caractéristiques sociologiques de différentes catégories d’étudiants. Sa conclusion donne raison aux étudiants contestataires : « Les résultats obtenus montrent que les droits de scolarité jouent bel et bien un rôle dans l’accès aux études universitaires. En outre, cet effet n’est pas le même pour tous, les jeunes d’origines sociales plus modestes étant plus désavantagés par ces droits de scolarité. Nous montrons aussi que les francophones du Québec et de l’Ontario sont plus sensibles à la fluctuation des droits de scolarité que les anglophones et les immigrants des deux provinces. Enfin, les étudiants plus âgés sont eux aussi plus désavantagés par l’augmentation des droits de scolarité. Cet effet différencié des droits, en particulier selon l’origine sociale, est d’ailleurs très important ce qui confirme la nature régressive des droits de scolarité. »
Jean Horvais
Correspondant du Café pédagogique au Québec