Par Jeanne-Claire Fumet
Les NPP chez Diotime
La revue de internationale didactique de la philosophie de Michel Tozzi consacre son numéro d’avril 2014 aux Nouvelles Pratiques Philosophiques. Café Philo, Philoconcert, coaching pour adultes et philo pour enfants, pratique de la DVP et analyse de la pratique du philosopher au lycée, tous les aspects de la recherche en termes de pratiques alternatives sont proposés à la réflexion.
De quoi parle la philosophie pour enfants et que vise-t-elle ? s’interroge Pierre Moessinger : « une discipline à clarifier et à légitimer ». Jacques Le Montagner évoque l’impact de l’auto-évaluation sur le progrès des élèves en dissertation en Terminale. Que signifie la discussion en philosophie ? Se demandent Anne HERLA, Gaëlle JEANMART, à l’occasion d’une « analyse de DVDP au prisme de la critique deleuzienne de la discussion ». Marie-Paule Vannier s’interroge pour sa part sur les soubassements vigotskiens de la DVP : la pensée partagée précède la pensée intériorisée. Mais le cadre préalable de la médiatisation sociale est-il assuré ? Quant à Michel Tozzi, s’appuyant sur l’analyse de sa propre pratique par d’autres philosophes dans leurs études critiques, il tente une théorisation de sa pratique du kaïros das la DVDP.
Côté adultes, le Café Philo est évalué dans sa qualité démocratique et philosophique par R. Guichardan, sa pratique auprès des seniors est présentée par Y. Pilon. Le Philoconcert, performance scénique alternant reprises musicales et commentaires des morceaux, fait l’objet d’un article de F. Métivier. Un article de Joël Figari s’intéresse au coaching : s’adresse-t-il à des adultes ?
La rubrique internationale présente des actions menées au Canada, par Michel SASSEVILLE et Mathieu GAGNON, au Mali par Moussa Traoré et en Suisse par Nathalie Frieden.
Diotime – Revue internationale de didactique de la philosophie. Scéren-CRDP Académie de Montpellier.
n°60 avril 2014 – Sommaire, éditorial, abonnement :
Foucault, 30 ans après : héritages et renouveau
30 ans après la disparition brutale d’une des dernières grandes figures de la philosophie française, les hommages à Michel Foucault se bousculent. Mais la postérité de l’auteur est à l’image de son œuvre : controversée, ambiguë, critique, toujours renouvelée. La revue Sciences Humaines, dans un Hors Série spécial, souligne l’importance de la publication posthume, à travers laquelle semble se dessiner un tout autre Foucault que celui connu de ses contemporains.
La revue revient sur l’ambivalence du personnage : personnalité spectaculaire, auteur corrosif, inventeur d’un autre regard sur les mœurs et les institutions, mais aussi historien discuté, penseur réputé contradictoire, politique parfois qualifié de réactionnaire… Tandis que les commentaires de son œuvre déploient leurs controverses, une autre pensée émerge, davantage liée à la maturité et à l’enseignement, à travers les éditions posthumes de travaux méconnus en son temps.
Le dossier comprend deux approches : un retour rapide sur les multiples facettes de l’œuvre et un regard sur l’héritage et les critiques en vigueur. La première partie rappelle la grande complexité et l’extrême richesse d’une œuvre parvenue à la notoriété populaire par un effet de paradoxe, voire de malentendu, tant elle reste malaisée d’accès au lecteur profane.
La seconde procède sans complaisance à l’inventaire des richesses et des ombres de l’héritage foucaldien. Guillaume Leblanc rappelle ainsi la portée de sa critique des normalités convenues, tandis que François Dubet déplore le peu d’usage qu’en ont fait les sciences de l’éducation ; les contempteurs de la Pensée 68, Alain Renault et Luc Ferry soulignent les failles de son « anti-humanisme » et M. Gauchet, avec G . Swain, pointent les « erreurs impressionnantes » des analyses, en particulier au sujet de la folie. Le solde demeure pourtant largement positif, pour une œuvre dont il semble qu’on soit loin d’avoir exploré toutes les ressources conceptuelles.
Sciences Humaines – Hors Série Spécial N° 19 – mai-juin 2014. Michel Foucault. 8,50€
http://www.scienceshumaines.com/michel-foucault_fr_534.htm
Éduquer à la morale, un rôle pour l’école ?
Assurément, mais sans aucune évidence au départ, répondent les auteurs du dossier publié par les Cahiers Pédagogiques de Mai 2014. Voulu par Luc Chatel puis par Vincent Peillon, mais selon des acceptions bien différentes, cet enseignement laïc de la morale a été violemment décrié avant même d’avoir vu le jour, par des mouvements comme les JRD qui reprochent à l’école de vouloir s’immiscer dans le sphère de l’éducation familiale, mais aussi par des philosophes s’alarmant d’une normalisation forcée des consciences. Les écueils ne manquent pas, face à ce projet, mais ils sont peut-être à la mesure des enjeux républicains visés par l’institution.
Une morale ou des morales, le commun ou le légitime, la morale ou le civisme ?
Le débat est vif et les positions sont à construire : entre les bornes extrêmes du catéchisme laïque et du débat d’opinion, d’un dogmatisme normatif ou d’un relativisme anomique, toutes les voies sont possibles et les critiques, potentiellement intarissables.
Le dossier des Cahiers explore quatre directions : quelle morale, quel enseignement ? (nouvelles parentalités, les mots clés, définitions plurielles, le commun…) La morale est partout (acte éducatif, pratiques pédagogiques, cadre protecteur, moment privilégié, l’exemple d’Alsace Moselle). La morale au travers des savoirs (être invisible, agir sur l’autre, l’argumentation n’est pas neutre ; morale de l’Histoire). La morale au travers de dispositifs (débattre avec précaution, le respect, propriété, le juste et le bien, enseigner le morale ou apprendre à vivre en commun).
Un parti-pris assumé par les coordonnateurs de l’équipe : Elisabeth Bussienne et Michel Tozzi, penchent en faveur d’une éducation laïque à la morale, plutôt que civique, s’appuyant sur le « caractère vécu, et non seulement appris, des valeurs », étayée par la Raison mais aussi nourrie de sensibilité. Les rédacteurs entendent ainsi faire pièce aux accusations de dogmatisme, de relativisme ou de minimalisme moral.
La démarche est volontaire, pour contribuer à faire progresser la question dans un contexte incertain où le temps presse : «nous avons un an pour nous former à cette dimension de l’éducation », rappellent les auteurs.
Cahiers pédagogiques n° 513 Mai 2014 – « Quelle éducation laïque à la morale ? »
Sur la librairie du CRAP – format papier ou PDF – 8,50€
http://librairie.cahiers-pedagogiques.com/542-quelle-%C3%A9ducat[…]
A voir, sur le site de l’Académie de Créteil, d’utiles ressources en ligne
Sur l’épistémologie des mathématiques. On y accédera entre autres au corpus du Laboratoire Sphère du CNRS (Sciences, Philosophie Histoire) : « Philosophie des mathématiques 1499-1701 », ainsi qu’à la traduction de la Théorie des parallèles de Lobatchevski, sur le site Gallica de la BNF.
Également recensés, un ensemble d’articles sur les questions de mathématique : le pli de Deleuze, la mathématique universelle (d’Aristote à Proclus), des études sur la démonstration, l’ordre cartésien, la preuve mathématique chez Wittgenstein ou la recherche des fondements mathématiques chez Frege.
Sur la philosophie de l’art. Un ensemble d’articles et de documents sélectionnés sur Gallica, mais aussi les cours d’Éveline Buissière, professeure en classe préparatoire au Lycée Champollion de Grenoble, un choix de recension d’ouvrages publiés sur le site de l’œil de Minerve.
Des ressources également pour la musique : banques de musique, sélection d’œuvres à écouter sur Gallica, textes de réflexion sur la musique.
Sur la mythologie et les utopies, enfin, un recueil de textes (Dante, Hésiode, Euripide ou encore la Bible), d’études, d’articles et de recensions d’ouvrages anciens ou récents à parcourir avec profit.
Des ressources audio et vidéo sur les notions et sur les auteurs, des ressources sur les philosophies arabes et perses complètent ce bel outil de documentation mis à la disposition des enseignants.
A consulter sur le site de l’Académie de Créteil :
http://philosophie.ac-creteil.fr/spip.php?rubrique5
Sur le site du Café
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