Trois jours après son examen par le Conseil supérieur de l’éducation et au lendemain de sa présentation au Conseil des ministres, le décret » portant autorisation d’expérimentations relatives à l’organisation des rythmes scolaires dans les écoles maternelles et élémentaires » est publié au Journal Officiel du 8 mai. Benoît Hamon a annoncé le 7 mai la prolongation des subventions du fonds d’amorçage versé par l’Etat aux communes. Il veut en finir vite. Mais si le ministre publie ce texte rapidement c’est aussi parce qu’il laisse moins d’un mois aux communes pour présenter leur demande d’expérimentation.
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Le cadre des expérimentations
Très court, le décret précise que « à titre expérimental, pour une durée de trois ans, le recteur d’académie peut autoriser des adaptations à l’organisation de la semaine scolaire dérogeant aux dispositions » du décret Peillon. « Ces adaptations ne peuvent toutefois avoir pour effet de répartir les enseignements sur moins de huit demi-journées par semaine, comprenant au moins cinq matinées, ni d’organiser les heures d’enseignement sur plus de vingt-quatre heures hebdomadaires, ni sur plus de six heures par jour et trois heures trente par demi-journée ».
Suit le mode de validation de l’expérimentation. « Le recteur se prononce sur une proposition conjointe d’une commune ou d’un établissement public de coopération intercommunale et d’un ou plusieurs conseils d’école. Il peut décider que l’expérimentation s’applique dans toutes les écoles de la commune ou de l’établissement public de coopération intercommunale quand une majorité des conseils d’école s’est exprimée en sa faveur ». Pour se prononcer le recteur veille au « bien-fondé éducatif de l’expérimentation, sa cohérence avec les objectifs poursuivis par le service public de l’éducation, sa compatibilité avec l’intérêt du service et, le cas échéant, avec le projet éducatif territorial ». Il consulte… le département compétent en matière d’organisation et de financement des transports scolaires. Si, au terme d’un délai de vingt jours après sa saisine, le département n’a pas fait connaître son avis, ce dernier est réputé favorable. » Le décret rappelle que les expérimentations doivent être évaluées six mois avant leur terme,
Par rapport au texte initial, le décret tient compte d’un amendement déposé par le Se-Unsa et adopté en CSE mettant « le bien-fondé éducatif de l’expérimentation » comme premier critère de la validation. Le texte initial ne parlait que de » l’intérêt du service et sa cohérence avec les objectifs poursuivis par le service public d’éducation et lorsqu’il existe avec le PEDT ».
La circulaire d’application publiée dans la foulée
La circulaire d’application sera probablement publiée au Bulletin officiel du 8 mai. C’est elle qui fournit les détails de mise en oeuvre de la réforme Hamon. Le Café pédagogique en a publié le texte original le 2 mai. La circulaire évoque nommément des journées de classe de 6 heures. » Un projet d’expérimentation de l’organisation des rythmes scolaires sur 8 demi-journées peut prévoir jusqu’à six heures d’enseignement par jour avec des demi-journées qui ne doivent pas excéder trois heures trente. Ce type de projet, dès lors qu’il fait montre de la qualité de son dispositif en conformité avec l’esprit du texte pourra être accepté ». La circulaire évoque aussi la possibilité de réduire la semaine travaillée en diminuant sa durée à 23 heures, les heures manquantes étant récupérées en réduisant les vacances d’été.
Elle se penche aussi, en termes très généraux, sur les spécificités de la maternelle. « Les recteurs et les IA/DASEN prendront en compte le caractère spécifique des écoles maternelles qui ont pu susciter des interrogations particulières. Il faut rappeler que ces expérimentations devront s’inspirer des recommandations que le ministère de l’éducation nationale a émises de manière à diffuser les bonnes pratiques dans ces écoles. Aux fins de trouver les adaptations requises pour ces élèves, il faut rappeler la nécessité de porter une attention particulière sur quatre points : Respecter une alternance équilibrée entre les temps d’activité et les temps calmes et de repos des enfants ; Aider les enfants à se repérer dans les lieux de l’école et à identifier les adultes de l’école ; Organiser avec un soin particulier la transition entre le scolaire et le périscolaire; Adapter les activités aux besoins des jeunes enfants. »
Qui va bénéficier du décret ?
La circulaire précise les cas où les communes peuvent demander à bénéficier du décret Hamon. Elle fixe le délai de transmission des expérimentations. Celles-ci doivent parvenir, après validation par la commune et le conseil d’école, pour le 6 juin. Le texte détermine aussi qui peut bénéficier du décret Hamon. Dans le cas où la commune fait partie des 6% de communes n’ayant pas encore déposé de projet la procédure est simple : le Dasen doit vérifier la compatibilité avec le décret et l’accord entre le ou les conseil(s) d’école et la mairie. Si la commune a déjà déposé un projet de rythmes scolaires, il est possible demander à bénéficier du nouveau décret. En effet, un décret est valable pour tout le monde. Dans ce cas il y a 4 cas de figure selon le texte. « Si aucun acteur (école et maire) ne souhaite modifier l’organisation arrêtée, l’organisation déjà retenue en CDEN est maintenue pour la rentrée scolaire 2014. Si un acteur (école ou maire) souhaite changer d’organisation du temps scolaire mais n’obtient pas l’accord de l’autre acteur, on en reste à l’organisation arrêtée en CDEN. Si les deux acteurs (école et maire) s’entendent pour proposer un nouveau projet, et si celui-ci répond aux prescriptions posées par le (nouveau) décret et précisées par la présente circulaire, ce nouveau projet est retenu pour la rentrée scolaire 2014. Si les deux acteurs (école et maire) s’entendent sur un nouveau projet, mais que ce dernier ne répond pas aux prescriptions posées par le décret et précisées par la présente circulaire, ce nouveau projet n’est pas retenu et c’est l’organisation initiale qui est mise en place pour la rentrée scolaire 2014 ».
Sur France Inter, B Hamon estimait que « la plupart des maires ne vont pas reprendre leur copie pour modifier les horaires des classes. Ce sera l’exception ». Mais tout laisse à penser que de nombreuses communes vont demander à bénéficier d’un décret qui permet de pacifier les relations avec les enseignants en ramenant la semaine de classe à 8 demi journées et de simplifier la gestion en mobilisant les activités périscolaires sur une seule demi journée. C’est d’ailleurs ce que laisse entendre le communiqué de l’Association des maires de France du 7 mai qui demande que le décret Hamon soit appliqué aux communes ayant déjà déposé un dossier ou appliqué la réforme.
La question financière
Le dernier problème était le financement. B Hamon annonce le 7 mai que le fonds d’amorçage, c’est à dire l’argent versé par l’Etat aux communes qui appliquent les rythmes pour chaque élève, « sera reconduit pour 2015 et 2016 et son montant sera calibré pour répondre aux besoins des communes qui rencontrent de grandes difficultés ». En 2013-2014 le fonds permet de verser 50 euros par enfant auxquels peuvent s’ajouter 40 euros en zone prioritaire. Une somme supplémentaire de 54 euros est versée par la Caisse d’allocations familiales aux communes qui respectent certains taux d’encadrement des enfants. Pour l’année scolaire 2015-2016, le ministre n’a pas précisé le montant qui sera mobilisé. Appliqué à 5 800 000 élèves, les aides de l’Etat représenteraient près de 320 millions d’euros. Mais le ministre déclare qu’il sera « apprécié en fonction des difficultés du terrain ». B Hamon avait été aussi saisi au Sénat des difficultés à bénéficier de l’aide de la CAF. Celle-ci attendait la publication du décret pour prendre position sur la prolongation de son soutien aux communes. En Conseil des ministres du 8 mai, il a précisé que « comme le prévoit la convention d’objectifs et de gestion conclue avec l’Etat pour 2013-2017, la CAF accompagnera les communes mettant en place des activités périscolaires… pour les 3 heures induites par la modification des rythmes scolaires ». Le montant à venir n’a pas été précisé. Sur les conditions de versement, l’Association des maires de France a demandé le 7 mai » une harmonisation garantie des normes d’encadrement des accueils périscolaires sur l’ensemble du temps périscolaire. L’AMF attend à cet égard une clarification de la part des ministères de l’Education nationale et de la Jeunesse et des sports sur le statut et les normes d’encadrement applicables aux activités périscolaires regroupées sur un après-midi ».
Hamon le réaliste
Après Peillon le philosophe, aurait-on Hamon le réaliste ? C’est l’image qu’a voulu donner Benoît Hamon le 7 mai sur France Inter. Le ministre a justifié son décret sur les rythmes scolaires au nom de l’efficacité et de l’équilibre entre les demandes des uns et des autres. Il a annoncé la prolongation du fond d’amorçage sur l’année scolaire 2015-2016. Il a présenté son décret comme tenant compte du pays réel et repoussé les critiques venues de la Fcpe au nom du réalisme.
« J’aurais pu comme JF Copé me le demande, me laver les mains des difficultés de l’école. On a décidé de régler les problèmes qui se posaient avec un décret complémentaire ». B Hamon a évoqué les difficultés d’application du décret Peillon : les maternelles, les communes de montagne, les communes rurales. « Toutes les expérimentations visent à régler les problèmes », dit-il.
Critiqué en CSE sur un texte rejeté à la fois par les opposants à la réforme des rythmes et par des partisans déçus des 6 heures de classe par jour autorisées, Benoît Hamon se présente en politique réaliste. Si à la rentrée 2014 c’est le désordre, on me reprochera d’avoir raté la réforme », a-t-il dit sur France Inter le 7 mai. « Comme ministre j’ai la responsabilité d’écouter tout le monde. Mais je ne peux pas me désintéresser de la mise en oeuvre de la réforme. L’abstraction c’est bien mais les parents et les professeurs ne sont pas des concepts ». C’est toute la force de son décret et toute l’ambiguïté des positions au CSE. Le décret Hamon isole les plus farouches adversaires et partisans de la réforme des rythmes. Il cherche le compromis entre les intérêts des adultes concernés. Le point d’équilibre pourrait bien être atteint. Benoît Hamon aurait alors atteint la mission qui lui a été donnée : clore ce dossier.
Le décret au Journal officiel
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT0[…]
La circulaire
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/2014/05/02052014A[…]
Le décret en Conseil des ministres
http://www.gouvernement.fr/gouvernement/la-mise-en-oeuvre-de-la-[…]
Communiqué AMF
http://www.amf.asso.fr/document/index.asp?DOC_N_ID=12634&TYPE_ACTU=1
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La circulaire ministérielle sur la mise en oeuvre des expérimentations des rythmes scolaires, que le Café pédagogique s’est procurée, détaille les conditions de l’expérimentation et les cas où les conseils d’école peuvent demander à bénéficier du décret. Le texte que nous présentons n’est qu’un projet. Il sera soumis au Conseil supérieur de l’éducation le 5 mai. Il sera ensuite validé ou modifié par le ministre.
Quelles limites à l’expérimentation ?
La circulaire justifie le nouveau décret, qui vient s’ajouter au décret Peillon, par le respect des objectifs de la réforme des rythmes. « Certaines organisations de la semaine scolaire, pourtant fidèles aux principes visant à mieux répartir le temps d’apprentissage, ne peuvent actuellement se mettre en place, alors qu’elles concourent aux objectifs poursuivis par la réforme des rythmes scolaires mise en oeuvre par le décret du 24 janvier 2013 et à l’enrichissement de l’offre périscolaire ».
Il fixe les limites de l’expérimentation : « ces adaptations ne peuvent avoir pour effet de répartir les enseignements sur moins de huit demi-journées par semaine comprenant au moins cinq matinées, ni d’organiser les heures d’enseignement sur plus de vingt-quatre heures hebdomadaires, ni sur plus de six heures par jour et trois heures trente par demi-journée ». Pour que ce soit plus clair, la circulaire évoque nommément des journées de classe de 6 heures. » Un projet d’expérimentation de l’organisation des rythmes scolaires sur 8 demi-journées peut prévoir jusqu’à six heures d’enseignement par jour avec des demi-journées qui ne doivent pas excéder trois heures trente. Ce type de projet, dès lors qu’il fait montre de la qualité de son dispositif en conformité avec l’esprit du texte pourra être accepté ». L’expérimentation est proposée pour 1 à 3 années maximum. Benoît Hamon a dit, devant la mission sur les rythmes du Sénat que ces expérimentations pourraient être continuées au-delà de 2017 au vu de leur évaluation.
C’est en effet le recteur qui décide après l’avis du Dasen. « Lorsqu’il se prononce sur les expérimentations qui lui sont proposées, le recteur d’académie doit veiller à ce qu’elles soient fidèles aux objectifs poursuivis par la réforme des rythmes scolaires mise en oeuvre par le décret du 24 janvier 2013, c’est-à-dire à ce qu’elles opèrent une meilleure répartition des temps d’apprentissage » C’est à dire que dans le cas de journées de 6 heures, il faut « justifier de la qualité de la prise en charge des enfants sur l’ensemble de la semaine en s’inspirant, le cas échéant, d’un projet éducatif territorial (PEDT) ».
Le cas particulier des écoles maternelles
Les écoles maternelles font l’objet d’un point spécial qui reste malgré tout général. « Les recteurs et les IA/DASEN prendront en compte le caractère spécifique des écoles maternelles qui ont pu susciter des interrogations particulières. Il faut rappeler que ces expérimentations devront s’inspirer des recommandations que le ministère de l’éducation nationale a émises de manière à diffuser les bonnes pratiques dans ces écoles. Aux fins de trouver les adaptations requises pour ces élèves, il faut rappeler la nécessité de porter une attention particulière sur quatre points :
* Respecter une alternance équilibrée entre les temps d’activité et les temps calmes et de repos des enfants.
* Aider les enfants à se repérer dans les lieux de l’école et à identifier les adultes de l’école
* Organiser avec un soin particulier la transition entre le scolaire et le périscolaire
* Adapter les activités aux besoins des jeunes enfants. »
Cela veut évidemment dire que les écoles maternelles ne sont pas exonérées des nouveaux rythmes par le nouveau décret.
Votre commune peut-elle bénéficier du nouveau décret ?
Votre commune peut-elle demander à bénéficier du nouveau décret ? Dans le cas où elle ferait partie des 6% de communes n’ayant pas encore déposé de projet la procédure est simple : le dasen doit vérifier la compatibilité avec le décret et l’accord entre le ou les conseil(s) d’école et la mairie.
Si votre commune a déjà déposé un projet de rythmes scolaires, il est possible demander à bénéficier du nouveau décret. En effet, un décret est valable pour tout le monde. Dans ce cas il y a 4 cas de figure :
« – Si aucun acteur (école et maire) ne souhaite modifier l’organisation arrêtée, l’organisation déjà retenue en CDEN est maintenue pour la rentrée scolaire 2014
– Si un acteur (école ou maire) souhaite changer d’organisation du temps scolaire mais n’obtient pas l’accord de l’autre acteur, on en reste à l’organisation arrêtée en CDEN.
– Si les deux acteurs (école et maire) s’entendent pour proposer un nouveau projet, et si celui-ci répond aux prescriptions posées par le (nouveau) décret et précisées par la présente circulaire, ce nouveau projet est retenu pour la rentrée scolaire 2014
– Si les deux acteurs (école et maire) s’entendent sur un nouveau projet, mais que ce dernier ne répond pas aux prescriptions posées par le décret et précisées par la présente circulaire, ce nouveau projet n’est pas retenu et c’est l’organisation initiale qui est mise en place pour la rentrée scolaire 2014″.
A l’heure actuelle une certaine confusion semble régner chez les maires; Selon la sénatrice Françoise Cartron de nombreux maires pensent que le nouveau décret annulera le précédent alors qu’il le complète. Le ministre, lui, dit qu’il a déjà convaincu de grandes villes à déposer un projet de rythmes scolaires grâce à son texte. Attention ! Les projets d’expérimentation doivent parvenir aux autorités académiques avant le 6 juin.
François Jarraud
Téléchargez le projet de circulaire
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Documents/docsjoints/ry[…]
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Réuni le 5 mai, le Conseil supérieur de l’éducation (CSE) a rejeté nettement, par 31 vois contre, 3 pour et 27 abstentions le décret sur les expérimentations de rythmes scolaires présenté par Benoit Hamon. Apparemment le rejet est plus net que pour le décret Peillon qui avait eu 23 voix contre et 5 pour. Apparemment aucun consensus ne peut être trouvé sur les rythmes scolaires. Mais dans la réalité il est bien possible que ce soit juste le contraire. C’est ça le CSE…
Un premier décret sur les rythmes scolaires avait été présenté le 8 janvier 2013 par Vincent Peillon. Il instituait une semaine de 9 demi-journées de classe avec 3 heures de TAP, c’est à dire d’activités périscolaires, et un maximum de 5h30 de cours par jour. Après près de 2 ans de batailles et d’agitation contre ce texte, après l’éviction de V. Peillon, Benoît Hamon a voulu tourner la page. A peine un mois après sa nomination, il présente un projet de décret qui ne remplace pas le décret Peillon mais autorise des « expérimentations ». Le ministre affiche la continuité avec V Peillon mais cherche un équilibre entre les attentes des différentes parties. Derrière les promesses de continuer la refondation, les propositions ministérielles cherchent à satisfaire les demandes des uns et des autres. Ainsi le décret Hamon donne la possibilité du retour à 8 demi journées de classe, avec 6 heures de cours par jour, même si le principe de 5 matinées de classe est maintenu. C’est aussi la reconnaissance du rôle du conseil d’école dont l’avis est indispensable pour monter l’expérimentation alors que de nombreux maires avaient accordé peu d’attention aux enseignants dans le cadre du décret Peillon. Le décret permet aussi de regrouper les TAP sur une seule demi-journée. Cela avantage toutes les parties et surtout les maires qui auront une gestion plus facile du périscolaire et peut-être moins d’enfants à prendre en charge si cet après-midi est le vendredi. C’est cette proposition qui a été largement repoussée le 5 mai.
Le Snuipp, premier syndicat d’enseignants du primaire, a voté contre. » Sur le papier, cette organisation de cinq matinées et trois après-midi portée par le SNUipp-FSU peut s’avérer intéressante notamment pour les enseignants. Mais, dans les faits, et au vu des délais, il est fort probable que parmi tous ceux qui le souhaitent, très peu pourront la mettre en œuvre. Pour le SNUipp-FSU, c’est donc trop peu et trop tard ». Le syndicat continue à demander la réécriture du décret Peillon. La CGT craint avec ce décret le creusement des inégalités territoriales. La Fcpe a aussi voté contre le décret mais sur une toute autre base. Pour elle, » au-delà de 5 heures par jour, un élève de primaire n’a plus les mêmes capacités d’apprentissage et de mémorisation » et donc la possibilité d’aller jusqu’à 6 heures de classe par jour, comme sous Darcos, semble inacceptable. « Alors que le précédent décret était fait dans l’intérêt des élèves, vous nous proposez aujourd’hui de l’assouplir pour obtenir la paix sociale avec une infime minorité de maires », écrit l’association de parents. » Finalement, pour satisfaire les 5 % d’opposants, vous nous faites des propositions d’assouplissement en prenant le risque de donner raison à vos détracteurs. Le gouvernement de combat refuse-il déjà de se battre ? Vous nous présentez ce décret comme un texte permettant des expérimentations, mais encore faudrait-il qu’elles aillent dans le bon sens, celui des élèves, du respect de leurs rythmes d’apprentissage ». Clairement la Fcpe vote contre le décret pour des raisons inverses du Snuipp et de la Cgt…
Les syndicats Unsa et Sgen se sont abstenus. « Le SE-Unsa et les syndicats de l’Unsa-Education se sont abstenus sur le décret après que le ministère a accepté un amendement mettant en avant le bien-fondé éducatif de tout projet comme premier critère de validation par le recteur. Le ministère s’est également engagé, à notre demande, à indiquer clairement dans la circulaire que la durée de deux semaines des petites vacances ne pouvait pas être remise en cause et à rendre le PEDT obligatoire pour tous les projets qui seront déposés pour la rentrée 2015. Tout renouvellement d’expérimentation sera aussi conditionné par l’existence d’un PEDT », écrit le Se Unsa. Pour Christian Chevalier, secrétaire général du syndicat, interrogé par le Café, « le décret laisse trop d’espace aux Dasen ». Le syndicat y voit « un vrai risque » qu’ils acceptent des projets trop éloignés des ambitions de la refondation.
La Peep est la principale organisation à avoir voté pour le décret. Pour elle, « les assouplissements proposés constituent une avancée notable, même s’il est regrettable que la maternelle n’ait pas été exclue de l’obligation d’application de cette réforme ».
Ainsi le rejet du décret semble plus net encore que pour le décret Peillon. Faux ! clame le Se Unsa. « Les votes sur les amendements proposés par les différentes organisations sont très clairs : le Conseil Supérieur de l’Education soutient massivement la réforme des rythmes scolaires », affirme-t-elle. Ce serait aussi la lecture de Bertrand Gaume, directeur du cabinet de B Hamon.
Ce décret rejeté aussi massivement ne sera donc pas appliqué ? Tout prévoit le contraire. Un nombre important de communes devrait demander à bénéficier du regroupement des TAP sur une demi-journée. Cette proposition risque fort d’être soutenue par les conseils d’école. Ce décret mal aimé pourrait rapidement devenir la loi générale ce qui permettrait au gouvernement de sortir de ce conflit. Il y a un précédent. En 2008 le même CSE avait voté contre le décret Darcos instituant 4 jours de classe par semaine. On connait la suite…
François Jarraud
Position Snuipp
http://www.snuipp.fr/Le-SNUipp-FSU-vote-contre-le
Position Se Unsa
http://www.se-unsa.org/spip.php?article6826
Position FCPE
http://fcpe.asso.fr/index.php/actualites/item/1072-declaration-li[…]
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Réformer c’est compliqué. C’est ce que Benoît Hamon a pu expérimenter le 2 mai à Lieusaint (77). A l’école de la Ferme de la chasse, les réalités du terrain nuancent le discours officiel. Pour le ministre, la réforme des rythmes est nécessaire. Ce n’est pas l’avis de tous les professeurs présents. Il présente un décret de portée limitée. Or le maire de Lieusaint, qui applique déjà la réforme depuis la rentrée, ne cache pas son intention de modifier l’année prochaine les horaires du périscolaire…
« Si vous pensez qu’il y a des lacunes dans cette réforme, dans le bénéfice pour les enfants, n’hésitez pas à le dire ». Pour Benoît Hamon, « il n’y a pas de sujet tabou ». Le 2 mai, il essaie d’entamer le dialogue avec les enseignantes de l’école de la Ferme de la chasse de Lieusaint (77). En limite de la ville nouvelle de Sénart, Lieusaint est représenté par un maire socialiste, Michel Bisson. L’école accueille environ 400 enfants dans 15 classes dont 6 classes de maternelle.
« Ce que je trouve terrible pour l’image de l’école, c’est le sentiment qu’à l’école on ne réunisse pas toutes les conditions pour permettre à tous les enfants de réussir ». Benoît Hamon rappelle cruellement les promesses non tenues de l’école républicaine. « Le pays qui rabâche tous les jours l’égalité et les grands principes républicains, est le pays qui au regard des inégalités sociales est le plus mauvais ». Pour le ministre, « la réforme des rythmes ne va pas résoudre tout cela. Mais ajouter une matinée c’est un moment de plus pour transmettre des fondamentaux. C’est comme cela qu’on détricotera cette forme d’étau ».
Les enseignants divisés sur la réforme
« Le défi c’est réussir une rentrée où 65% des communes vont passer à de nouveaux rythmes avec des parents et des maires inquiets, des professeurs qui sont presque tous convaincus que ça va avoir un intérêt pour les enfants mais que ça les embarrasse eux ». Justement le ministre est aussi venu dire que les rémunérations des enseignants du primaire « ce n’est pas un tabou ».
Une enseignante de maternelle, Mme Rousseau, n’hésite pas a contredire le ministre. « On peut juger de l’impact de la réforme des rythmes et il est plutôt négatif pour les plus jeunes car la semaine est plus longue et les enfants plus fatigués ». Le ministre n’en saura pas plus car l’inspectrice locale lui coupe la parole pour démentir. La majorité des enseignantes juge pourtant positivement la réforme. Pour Mme Fernandez, professeure en élémentaire, la réforme est « un changement positif. Avec 5 demi journées on presse moins les enfants, on a plus de temps », nous dit-elle. « Il faut maintenant changer les démarches pédagogiques et l’organisation du temps ». Professeure en maternelle, Mme Marchand estime qu’on « manque de recul pour juger ». « Tout ne marche pas comme sur des roulettes », nous dit-elle. « Mais pour moi les 5 matinées sont importantes. Personne ne peut nier que les élèves travaillent mieux le matin que les après-midi. Seulement il faut repenser ce qu’on fait. On a des matinées plus longues. Du coup il ne faut pas allonger les séances car les enfants en ont assez au bout de 30 ou 45 minutes. Il faut changer nos activités. C’est là dessus qu’il faut travailler ». Pour la directrice, Emmanuelle Litwinski, « on manque de recul et c’est difficile de dire si la fatigue est liée au changement de rythmes ». Mais il faut effectivement changer les contenus enseignés.
Les conditions de son intégration
Le ministre pense-t-il avec son nouveau décret diminuer l’opposition des enseignants ? « Je fais la différence entre l’opposition de certains syndicats et la réalité du terrain », nous confie B Hamon. « Quand je discute avec les enseignants certains ne cachent pas leur embarras sur le plan personnel mais la majorité reconnaît que la réforme est bonne pour les enfants ».
L’école de la Ferme de la chasse a la particularité d’avoir une classe GS – CP, à cheval sur l’école maternelle et élémentaire. Mme Rivière en a la charge et la trouve « très sympathique ». « Il y a une belle énergie dans cette classe », nous confie-t-elle. « Ca aide beaucoup pour l’apprentissage de la lecture et l’acquisition de l’autonomie. Mais ça demande des moyens ».
Justement à Lieusaint on s’est donné les moyens de la réussite. La classe GS CP bénéficie d’une très grande salle de classe avec un coin salle traditionnelle et des espaces ateliers, le tout dans la même grande salle. C’est vraiment un espace aménagé pour les CP et les GS. C’est pareil pour les rythmes. La concertation avec la ville a duré un mois et certains messages des enseignants sont passés. Ainsi le périscolaire n’utilise pas les salles de classe mais d’autres locaux. Et les TAP ont lieu le vendredi à partir de 15h.
Les animateurs oubliés ?
Finalement ce ne sont pas les enseignants les moins convaincus de l’excellence de la réforme. Sur place, Misha Agard, secrétaire national du Sep-Unsa, traduit le trouble des animateurs. « Avec le décret Hamon, on revient à quelque chose de scolaro-centré », nous confie-t-il. Fini le rêve d’une formation commune des animateurs et des enseignants. Le décret Hamon fait plus que rendre le mercredi matin aux communes, il « oublie » les animateurs. « Il n’y a plus d’ambition pour le périscolaire on revient au tout scolaire ». Et les élus locaux ne sont pas en reste. Alors que le ministre explique que le nouveau décret » va offrir d’autres possibilités d’expérimentation mais ne se substitue pas au précédent décret », le maire de Lieusaint pense pouvoir changer les rythmes locaux. La commune, qui applique la réforme depuis la rentrée 2013, veut changer l’année prochaine les horaires du périscolaire. Quant au vice-président du conseil général, il rappelle qu’il n’est pas question de remettre en cause l’organisation des transports scolaires. Voilà le ministre pris dans la complexité des espoirs et des résistances soulevés par son projet de décret.
François Jarraud
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Devant l’ampleur des critiques et résistances, notamment des maires, il était incontournable de revenir sur le décret précédent, sans pour autant remettre en cause le projet de « refondation de l’école » de V. Peillon. Exercice difficile et subtil pour le nouveau ministre Benoit Hamon.
Un nouveau décret devrait confirmer le principe de la semaine de 4,5 jours, mais en n’imposant plus les 9 demi journées mais « 5 jours d’école » hebdomadaire. Il maintiendrait par contre son application pour tous à la rentrée 2014 ( 93% des communes ont déposées leur projet). La nuance permettra aux communes notamment les communes rurales, de choisir de libérer un après midi de classe (soutien du SNUIPP et de Claire Leconte notamment). La mesure permettra aussi aux communes de regrouper les activités péri scolaires sur 3h un après midi par semaine, plutôt que 3/4h sur 4 jours, facilitant ainsi le recrutement des animateurs et la mise en place d’activités plus longues et à portées pédagogiques plus appuyées. Cette proposition comporte ainsi réellement, un certain nombre d’avantages. Elle facilitera d’autre part l’organisation des communes et libérera les enseignants sur une demi-journée.
Cependant je lui trouve 2 handicaps, que j’ai eu souvent l’occasion de débattre avec mes (ex) collègues élus à l’éducation, principalement ceux de qui appliquent (Paris) ou projettent d’appliquer ( Lille) cette organisation.
1. Cette mesure suppose de conserver 3 journées de 6h de classe hebdomadaires pour l’enfant. Hors l’objet de la réforme n’était-il pas de diminuer la journée d’enseignement, jugée trop lourde, notamment pour les enfants les plus en difficultés (+étude + garderie).
2. Proposer de regrouper les activités périscolaire sur une demi journée, impose quasiment aux familles une impératif d’inscription. En effet, comment occuper son enfant un jeudi après midi sinon de le mettre à l’école. Cette mesure rend ainsi « obligatoire » le temps péri scolaire qui devrait, à mon avis, rester « facultatif ». C’est l’école laïque et républicaine qui doit rester obligatoire. Il est nécessaire je crois, de laisser une latitude aux familles de proposer un choix d’autres occupation aux enfants (organisation familiale, club ou association ou périscolaire) pour qu’il ne passe pas forcément 10h à l’école. Elle pose aussi de façon crucial, la question de la gratuité des activités périscolaires, légitimes, mais ajoutant un coût supplémentaire aux communes.
Cela dit, aucune formule ne peut prétendre à résoudre à elle seule, la question des inégalités scolaires et la spirale de l’échec qui entraine plus de 20% des enfants et particulièrement ceux des familles au niveau social peu élevé. Pour permettre de mettre en place des solutions adaptées, il est nécessaire de « changer l’école » et la loi sur la « refondation de l’école » apporte quelques mesures salutaires (scolarisation des moins de 3 ans, plus de maitres que de classes, lutte contre le décrochage..) mais il est surtout indispensable de permettre des expérimentations suivies et évaluées, qui s’appuient sur l’expérience et l’expertise des acteurs de terrain, afin de renouveler la créativité pédagogique.
Paul Bron
Conseiller municipal de Grenoble
A Grenoble laisser le temps de l’installation
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/2013/10/04102013Arti[…]
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