En période de basses eaux budgétaires que peut bien dire un ministre à ses personnels ? Dans une lettre adressée « aux membres de la communauté éducative », Benoit Hamon parle des objectifs de l’Ecole. Mais il ne leur dit rien sur leur métier.
« Un impératif doit guider l’ensemble de la communauté éducative : combattre dès le plus jeune âge les inégalités sociales et territoriales pour favoriser la réussite de chaque enfant et de chaque jeune… Je fais de cet effort pour les écoles et les établissements accueillant les publics les plus défavorisés ma priorité. Les moyens dédiés à l’enseignement scolaire seront d’abord attribués à ces écoles et établissements ». Le ministre confirme son objectif principal : lutter contre les inégalités sociales à l’école. Mais il le réduit aussitôt à la mise en place des Rep+, une centaine de réseaux qui ne concerneront qu’une petite minorité d’élèves. Ce premier message est clair. Mais l’effort annoncé est-il à la hauteur des enjeux ? Une mesure de portée générale est néanmoins confirmée : la réforme des rythmes avec la généralisation des 5 matinées de cours.
L’autre message est celui de la continuité. « Les grandes réformes engagées depuis mai 2012 et inscrites dans la loi pour la refondation de l’École de la République sont poursuivies et mises en place selon un calendrier qui respecte le temps de la concertation et la recherche de l’efficacité’. La circulaire de rentrée met en application les décisions de la loi d’orientation et sa philosophie prolonge l’action de Vincent Peillon par exemple sur l’école bienveillante et l’évaluation.
Mais est-ce l’objet d’une lettre aux enseignants ? Ils verront surtout dans ce courrier ce qui manque. La lettre ne dit rien sur la revalorisation. Rien sur les relations difficiles avec al hiérarchie. Rien sur la gestion des carrières et des mutations. Rien sur la seconde carrière. Cette lettre s’adresse à une « communauté éducative » qui reste à construire. Du coup elle ne parle pas aux enseignants.
François Jarraud