Les enseignants sont détestables. Jugez-en. ils sont toujours en vacances. Ca c’est déjà beaucoup. Mais en plus, ils sont toujours en congés. Sans compter qu’ils passent un tiers de leur temps de travail à la maison. Vraiment ils exagèrent. C’est ce qu’on peut tirer d’un article du Figaro du 9 mai. Or la réalité est nettement différente. Les enseignants ne passent pas un tiers de leur temps de travail à la maison. et ils sont moins en congé que les autres fonctionnaires.
« Absentéisme : en moyenne 35,6 jours dans la lignée de la fonction publique« , titre Le Figaro du 9 mai à propos des enseignants. Le second titre est tout aussi gracieux : « temps de travail : un tiers des heures s’effectuent à la maison ». Affirmés comme cela ces chiffres, tirés du Bilan social du ministère de l’éducation nationale, font le portrait d’une profession paresseuse et entretiennent les clichés. Confrontés aux faits, la réalité est bien différente.
Commençons par le plus simple : le temps de travail. Titrer « un tiers des heures s’effectuent à la maison » peut donner à penser au salarié moyen que les enseignants n’effectuent pas une partie de leur service et préfèrent passer ce temps tranquillement chez eux. La réalité est toute autre. Le temps de travail rémunéré, c’est à dire pour tous les salariés ce qu’on appelle justement le temps de travail, est bien effectué par les enseignants dans les établissements et les écoles. Mais quand la journée de cours est finie commence une autre journée consacrée aux préparations, aux corrections, aux réunions et rencontres avec les parents, élèves etc. Ce temps là n’est pas payé mais il est quand même effectué. A vrai dire la moitié du temps de travail total des enseignants est passé sans élèves. Mais le quotidien préfère titrer sur celui qui se fait à la maison. Et bien, sachez le, en l’absence de bureaux, on ne voit pas comment il pourrait être effectué dans les établissements ! Voilà pour ce que dit cet article. Mais il y aussi ce qu’il aurait pu écrire et qu’il n’a pas voulu voir. La particularité du temps de travail enseignant c’est sa durée. Un enseignant du premier degré travaille 44h en moyenne par semaine. Un certifié 43h.
Arrivons en aux congés. « Absentéisme: en moyenne 35,6 jours dans la lignée de la fonction publique. Les enseignants sont trop souvent absents » écrit Le Figaro. Or ces deux affirmations sont fausses. Les 35,6 jours en moyenne c’est le nombre de jours de congés pris par les enseignants ayant pris des congés et non le nombre de jours de congés par enseignant. Pour l’ensemble des enseignants on trouve 17 jours de congés par an en moyenne ce qui n’est quand même pas la même chose. Si on creuse un peu plus, on verra que c’est 10 jours pour les hommes et 20 pour les femmes. Elles sont certes un peu plus malades que les hommes mais elles ont surtout des congés de maternité.
Les enseignants sont-ils malades comme tous les fonctionnaires ? Justement non. Si l’on s’intéresse aux congés de maladie, qui sont le véritable sous entendu, la Depp signale les données de la DGAFP. Selon elles les enseignants prennent en moyenne 6 jours par an de congé maladie ordinaire. C’est moins que les autres fonctionnaires (8 jours) et nettement moins que les agents de l’Intérieur (11 pour la police) ou de la Défense (10 jours) par exemple. Deux catégories qui ne bénéficient pas des mêmes stéréotypes…
François Jarraud