Par Marjorie Lévêque
Au sommaire : 1974-2014 : Histoire d’un échec de l’apprentissage de la langue latine / Les Langues Anciennes en danger /
En cours de langues anciennes, que ce soit au collège ou au lycée, la lecture et la traduction de textes antique est l’activité centrale sur laquelle s’appuie l’apprentissage de la langue latine, mais aussi de loin la plus difficile, autant pour les élèves que pour les professeurs…
Outre le débat sur l’authenticité des textes à employer, se posent la question de la méthode de traduction employée et du questionnement intellectuel, celle des apprentissages à mettre en place au préalable, ou à approfondir après l’étude, la place de la grammaire… autant de questions à trancher qui ont amené en classe des pratiques très différentes.
Loin de vouloir opposer les enseignants et leurs pratiques, Philippe Cibois, dans le dernier article de son blog « La Question du latin », examine l’enseignement de la langue latine tel qu’il a été préconisé dans les programmes de latin entre 1979 et 2014, pour conclure à un échec, et propose une manière de procéder différente.
Le repli vers des textes authentiques a nui à l’apprentissage de la langue latine
Philippe Cibois nous rappelle la teneur novatrice des propositions de l’Association Régionale des Enseignants de Langues Anciennes de l’Académie de Grenoble, regroupées dans le documents « les Thèses de Besançon » en 1979, qui ont amené à la création de la CNARELA ; à la rénovation des programmes ; à la modification des épreuves de langues anciennes au baccalauréat ; à de nouveaux manuels.
http://f.hypotheses.org/wp-content/blogs.dir/162/files/2012[…]
C’est une lecture selon lui abusive de ces thèses qui ont mis fin à la pratique de fabrication artificielle de textes conçus dans le but de mettre en valeur certains points de grammaire. L’obsession du texte authentique va alors mener progressivement à un éloignement de la compréhension de la langue latine, reconnu en 2011 dans un rapport de l’Inspection Générale :
« Un élève de fin de troisième est incapable, sauf exception, de traduire de façon cursive un petit texte littéraire. De même en terminale. Au regard de ces résultats, on peut s’interroger sur la pertinence d’une proscription totale de « textes fabriqués » pour les très jeunes commençants de cinquième. »
Cet échec a deux explications toujours selon Ph. Cibois : la non progressivité de la méthode (les textes authentiques ne donnant qu’une vision globale d’un texte, où l’on ne fait que « deviner » certains traits plutôt que se donner les moyens techniques de les découvrir), et l’illusion de la connaissance grammaticale profonde.
Comment procéder autrement ?
Pendant longtemps, Ph. Cibois a partagé l’idée qu’en changeant la « terminologie officielle grammaticale » pour la rendre plus accessible à des débutants, on pouvait aborder plus facilement la connaissance casuelle du latin. Son début d’initiation au latin à partir de proverbes latins utilisés dans la langue française proposait notamment de parler de « complément de verbe » plutôt que de « COD ».
http://f.hypotheses.org/wp-content/blogs.dir/162/files/201[…]
Une réunion avec des enseignants de l’académie de Lille en février l’a amené à revoir ses positions et à pencher pour des méthodes qui ne débutent pas par un questionnaire artificiel sur la grammaire, en particulier la méthode Ørberg, dont il analyse l’approcheastucieuse de la notion d’accusatif via une mise en scène. Sa conclusion est que « La méthode Ørberg jouit d’une grande faveur en Europe et ce n’est pas sans raison : elle permet au débutant de lire du latin en le comprenant et en découvrant progressivement le vocabulaire, les formes verbales, puis la structure casuelle. Cela incite à la regarder plus attentivement et aussi à envisager également d’autres méthodes qui auraient le même principe de progressivité. »
Est-ce à penser qu’il serait préférable que nous travaillions avec la méthode Ørberg en classe ? Le débat fait déjà de plus en plus furieusement rage depuis quelques années et cet article amène de nouveaux arguments forts documentés et intéressants qui pourraient commencer à faire balancer quelques réticents.
En 2003, le café pédagogique faisait le portrait d’Oliver Rimbault, chantre en France de cette méthode, er en juin 2013, nous vous proposions un dossier sur l’enseignement oral du latin, avec une interview d’un enseignant qui le pratique au quotidien : David Seillé-Champême.
« Le cours de langues anciennes ne peut faire l’impasse de l’exercice de lecture d’un texte antique et de sa traduction. », Philippe Cibois sur son blog « La question du latin »
http://enseignement-latin.hypotheses.org/7888
« Portrait : Olivier Rimbault, voix vivante du latin »
http://cafepedagogique.net/lemensuel/lenseignant/lettres/la[…]
« Dossier : l’enseignement oral du latin »
http://cafepedagogique.net/lemensuel/lenseignant/lettres/la[…]
Disparition de la préparation à l’agrégation de Lettres Classiques par le CNED ?
L’information n’est pas encore officielle, mais il semblerait que pour 2014-2015, le CNED ait décidé de suspendre la préparation à l’agrégation de Lettres classiques. Les candidats qui souhaiteraient s’inscrire seraient alors obligés de se rabattre sur les modules de Lettres modernes…
L’inscription est toujours proposée sur le site, et les collègues qui ont tenté d’appeler pour s’inscrire ont reçu des réponses évasives où on demande d’attendre juin…
http://www.cned.fr/inscription/1ALETDIX
Une nouvelle préparation à l’Agrégation interne à distance
La mauvaise nouvelle annoncée précédemment pourrait être contrebalancée par celle-ci (sans que l’on puisse se trouver satisfait !) : l’UFR Lettres, Langues et Sciences Humaines de l’Université Blaise Pascal à Clermont-Ferrand, en partenariat avec le Centre d’Enseignement à Distance propose une nouvelle préparation tutorée à l’Agrégation interne de Lettres Classiques pour les épreuves d’admission.
La formation porte sur les deux œuvres grecques et les deux œuvres latines au programme et prépare à l’épreuve d’explication de texte avec question de grammaire ainsi qu’à l’épreuve de la leçon ou de l’étude littéraire par la mise en ligne d’une aide à la traduction et une série de colles à distance. Les inscriptions sont ouvertes jusqu’au 30 avril 2014 :
http://cead.univ-bpclermont.fr/rubrique93.html
Alertons nos élus de la situation des Langues Anciennes en France
Robert Delord lance avec le collectif « Arrête ton Char » une action à destination des élus, sénateurs, députés et maires pour les informer de la situation inquiétante des Langues Anciennes en France : réforme inéquitable du Capes de Lettres, pénurie d’enseignants de Langues Anciennes, mise en concurrence des options, remise en cause du statut et des horaires des options, fermeture de la préparation à distance des concours de l’agrégation de Lettres Classiques, déprogrammation du Prix Jacqueline de Romilly récompensant les projets les plus innovants en matière d’enseignement des Langues Anciennes
Il invite ainsi tous les professeurs, les parents d’élèves et les citoyens à alerter par mails et courrier leurs élus et propose un courrier type, et des liens pour retrouver facilement les coordonnées de chaque représentant de l’Etat.
http://www.arretetonchar.fr/alertons-nos-elus-de-la-situation-d[…]
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