« Cette année sera celle du changement » avait annoncé V Peillon le 10 juin 2013 en annonçant « la mobilisation numérique » aux côtés de Fleur Pellerin. Il aura fallu quelques mois finalement. Mais le numérique obtient droit de cité au ministère de l’éducation nationale. Il le fait au terme d’une réorganisation d’ensemble des services de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur. Un décret et un arrêté publiés au Journal officiel du 18 févier mettent en place une nouvelle organisation des deux ministères.
« L’École se doit d’accompagner les élèves dans la société numérique, par pour s’y plier mais pour porter ses valeurs et sa mission éducative ». Prononcés en décembre 2012, ces propos de V Peillon trouvent une partie de leur concrétisation avec la naissance de la Direction du numérique pour l’éducation. Annoncée depuis plus d’un an, la nouvelle direction devra diriger la « stratégie pour le numérique » ministérielle. Elle fait suite à la publication d’un rapport sur la filière du numérique éducatif et à la mise en place d’une réseau de délégués académiques numériques dans chaque rectorat.
Au terme du décret, la direction du numérique pour l’éducation est une direction commune au secrétariat général et à la direction générale de l’enseignement scolaire. Elle » assure la mise en place et le déploiement du service public du numérique éducatif », dont les premières productions sont apparues à la rentrée : M@gistere, D’Col etc. « Elle définit la politique de développement des ressources, des contenus et des services numériques pour répondre aux besoins de la communauté éducative… Elle assure une fonction d’impulsion, d’expertise et d’appui aux grands projets structurants du numérique éducatif. Elle prépare les orientations stratégiques et les éléments de programmation en matière de numérique éducatif et de systèmes d’information. Elle conduit la politique partenariale avec les acteurs publics et privés de la filière numérique. Elle assure une fonction de veille, de prospective et de communication dans le domaine du numérique éducatif et de l’innovation. Elle anime les réseaux pédagogiques, accompagne les pratiques, valorise les innovations dans le domaine du numérique ». La direction a aussi en charge la formation des enseignants au numérique et son mot à dire chez les opérateurs de l’éducation nationale (le Cndp, le Cned) en ce qui concerne le numérique.
La nouvelle direction sera organise en 4 sous directions. Une « cellule expertise et relations partenariales » prendra en charge les relations avec l’édition privée. La direction comptera encore un « secrétariat des instances stratégiques » et un bureau des affaires générales. A coté on comptera deux grands services. Le service du développement du numérique éducatif assurera le déploiement du service public du numérique éducatif. « Il favorise le développement et la diffusion des ressources, contenus et services pédagogiques et éducatifs. Il assure la maîtrise d’ouvrage de l’offre publique et de l’assistance technique adaptée. Dans son domaine, il anime et appuie les réseaux d’acteurs nationaux et académiques.. Il assure une mission d’impulsion et d’incubation de projets numériques innovants ». Il comprendra notamment un « département du développement des usages et de la valorisation des pratiques ». L’arrêté crée également un » service des technologies et des systèmes d’information » qui « conduit la mise en œuvre opérationnelle du schéma stratégique des systèmes d’information et des télécommunications » .
Qui sera à la tête de la direction ? Le Journal officiel ne publie pas le nom du nouveau directeur. Vincent Peillon a nommé au début de l’année scolaire l’inspectrice générale Catherine Becchetti-Bizot pour mettre en place le service du numérique éducatif prévu par la loi d’orientation et la future direction. Elle est la mieux placée pour accéder au poste de directeur.
Une direction du numérique, pour quoi faire ?
« Le numérique est l’une des plus grandes ambitions de la Refondation ». En septembre 2012, le ministre de l’éducation nationale exposait au Café ses vues sur le développement du numérique éducatif. « L’École doit être le fer de lance d’une reconquête républicaine de l’espace virtuel », nous disait-il. « La République doit être celle du XXIe siècle. Nous ne partons pas de rien, car beaucoup d’enseignants, d’écoles, d’établissements sont très investis dans le développement de la e-éducation et les usages pédagogiques du numérique. J’ai notamment pu le constater lorsque nous avons visité ensemble le Forum des enseignants innovants que vous organisez et dont je garde un excellent souvenir. Partout où la greffe prend, c’est un formidable instrument de réussite éducative, de reconnaissance de la diversité des excellences, de l’accroissement des savoirs. Pour l’encourager, le développer, il nous faudra créer une filière de production pédagogique structurée, créer un grand opérateur, négocier pour obtenir – au mettre titre qu’il y a une exception culturelle – une exception éducative. .. Je souhaite également la création d’un service public en ligne de soutien scolaire. Il faut aussi des moyens pour la maintenance, l’équipement, le haut débit ».
Quel impact pour les enseignants ?
Dix huit mois plus tard une partie de ces ambitions sont atteintes ou en cours. La question de la maintenance, qui a posé problème durant des années, a été cadrée, sinon réglée, par la loi d’orientation. La même loi a posé les bases de l’exception culturelle. Le service public du soutien scolaire démarre avec D’Col. La nouvelle direction a pour missions de créer des ressources numériques, d’apporter son appui et son expertise aux grands projets structurels du ministère, de préparer une vision du système pour définir les grandes orientations de la politique numérique. Elle conduira la politique partenariale. Elle assurera une mission de veille sur le numérique éducatif et l’innovation et concevra la formation des enseignants. Enfin elle aura la maitrise d’ouvrage des infrastructures numériques du ministère. Pour les enseignants, l’action ministérielle est déjà visible dans M@gistere, le service de formation à distance des professeurs du primaire, dans quelques productions de contenus comme les « fondamentaux » du CNDP ou la plateforme d’initiation à l’anglais développée à petits frais par le CNED.
La nouvelle direction a ses limites
Pour C Bicchetti-Bizot, la nouvelle direction devra être capable de travailler avec tous les partenaires du numérique éducatif. Reste qu’elle doit faire tout cela sans moyens importants. Alors que l’Education nationale se soucie vraiment du numérique pour la première fois, c’est au moment où les restrictions budgétaires deviennent draconiennes. A la différence de ce qu’a pu faire le Royaume-Uni par exemple, l’Etat n’a pas les moyens financiers de porter ses ambitions numériques Le budget de la direction devrait être de l’ordre de quelques dizaines de millions d’euros (peut etre 30) ce qui reste en deça des budgets des ministres précédents. Le futur directeur (-trice) devra donc avoir les talents du diplomate pour coordonner l’action ministérielle avec celle des grands investisseurs du numérique éducatif que sont les collectivités territoriales. Le problème de la nouvelle direction sera peut-être de ne pas vouloir diriger mais coopérer. Ca aussi c’est révolutionnaire au ministère.
François Jarraud
Le décret
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000028[…]
L’arrêté
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT00002861[…]
Quelle mission pour la direction du numérique
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2013/11/20112013Artic[…]
Peillon lance la mobilisation numérique
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2013/06/11062013Artic[…]
Une stratégie globale pour le nuémrique
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2012/12/14122012Art[…]
Entretien septembre 2012
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2012/09/07092012Arti[…]
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