Jacques Bernardin ouvre la journée avec un constat : ces rencontres nationales sont un rendez-vous attendu d’une année sur l’autre. Ce premier février, ce sont 170 inscrits qui sont présents (et équipe organisatrice en plus), issus de corps divers : des professeurs d’école, directeurs, conseillers pédagogiques, inspecteurs, formateurs, chercheurs, responsables associatifs (AGEEM, USEP…), responsables syndicaux, membres du Conseil Supérieur des Programmes qui préparent le nouvel horizon de l’école maternelle. Une fois n’est pas coutume les excuses de la DGESCO et celles du Ministre Vincent Peillon sont enregistrées, une question de changement dans la perception de ce rendez-vous qui fait sourire la salle. Force est de constater qu’il faut noter le chemin parcouru depuis l’inauguration de ce premier rendez-vous en 2009 où le contexte était alors à la remisée de l’école maternelle comme une simple garderie, ou le fameux épisode des couches.
J. Bernardin observe que « l’avenir de l’école maternelle s’écrit aujourd’hui, le texte est en bouillonnement, et l’encre pas encore sèche. On ne peut négliger les enjeux de l’époque et les débats qu’ils suscitent. » Il évoque la nouvelle loi d’orientation votée depuis juillet 2013, où « après la rhétorique des dons, la loi reconnaît dans ses pratiques que tous les enfants partagent la capacité d’apprendre et de progresser. » c’est ici l’une des lignes de force du GFEN inscrite dans le marbre. La loi institue aussi la rupture avec l’individualisme forcené au profit de la coopération entre les élèves. De fait plusieurs chantiers sont ouverts et Jacques Bernardin les liste: « sur l’éducation prioritaire, le métier, les programmes. Une refonte des contenus est attendue, la scolarisation des moins de 3 ans relancée, le retour de la GS dans le cycle 1… » Il affirme que le GFEN est et sera présent dans les débats pour alimenter la réflexion, au-delà du consensus, certes les débats sont vifs, et il pose en particulier la question : « Faut-il faire priorité au vivre-ensemble ou au apprendre ensemble ? , faut-il penser l’école pour celui qui en est le plus éloigné et est-ce reléguer ceux qui en sont le plus proches ? »
Pour rebondir sur ces questions, un nécessaire bilan critique de l’existant s’impose. Jacques Bernardin évoque le rapport de la DGESCO sur l’école maternelle en particulier les souhaits que les enseignants formulent de retrouver des formes d’enseignement plus adaptés à l’âge des jeunes enfants. Ce constat sévère est également partagé par l’IGEN dans son rapport d’octobre 2011 qui cite que beaucoup d’activités ont lieu de manière précoce, parfois trop, au détriment de l’oral et de la compréhension. En guise d’état des lieux des pratiques, J. Bernardin observe : « Actuellement les situations des formes d’activités sont peu diversifiées et on aboutit non pas à une formalisation d’expériences mais à un formalisme qui ne laissera ni traces ni apprentissage dans la mémoire. »
« Et pour demain ? » s’interroge-t-il, « verra-t-on un nouveau mouvement de balancier ? ». L’IGEN propose de donner un nouvel élan à l’école maternelle, d’agir sans forcer inconsidérément les rythmes, mais de maintenir un niveau d’exigence. Jacques Bernardin propose de réfléchir ensemble au possible et au souhaitable pour que les apprentissages permettent à l’élève de « s’appuyer sur et s’émanciper de ». Il tient enfin à revenir sur un point : « le devenir élève », « du point de vue de la profession ce domaine est contesté parce que l’on considère que les enfants doivent d’abord apprendre à vivre ensemble, le devenir élève a été mis en œuvre de façon discutable. Il s’est agit de formalisme, de mise en conformité, de dressage comportemental plus qu’autre chose. »
Pour finir son introduction il présente Olivier Burger et Elisabeth Bautier de l’équipe ESCOL. : « ce « devenir élève » est une thématique déjà développé dans un ouvrage de 2006. Ce « devenir élève » comment le concevez-vous ? »
Lucie Gillet