Le Ministère publie une Note d’information de la Depp sur l’enseignement de la langue au collège (et en CM2). Il s’agit par là de tirer le bilan des programmes de 2008 qui ont mis en valeur l’importance de l’étude de la langue dans l’enseignement du français, en remettant partiellement en cause l’approche décloisonnée prônée par les programmes de 1996 : quelles pratiques les enseignants mettent-ils réellement en œuvre dans leurs classes ? Permettent-elles vraiment d’affronter la baisse observée durant ces 20 dernières années des performances des élèves ?
Il ressort de l’enquête « que l’enseignement de la langue est davantage mis au service de l’expression des élèves qu’envisagé comme un vecteur de formation de l’esprit critique ou de réflexivité ». Avec des contradictions cependant. Ainsi, si l’objectif est d’apprendre à « bien parler », les pratiques d’oral en classe sont rares. Si l’objectif est de « bien écrire », la production d’écrits fait l’objet plutôt d’activités ponctuelles et parcellaires, et ne trouve toute sa place qu’en tant qu’objet d’évaluation. Le type de séance souvent mis en œuvre est « la leçon (de grammaire, orthographe ou vocabulaire) suivie d’exercices d’application » ou « le travail sur la langue lié à une étude de texte ».
Les enseignants témoignent globalement de leur plaisir à enseigner la langue : « ceux de collège évoquent principalement le caractère logique et rigoureux de cet enseignement, qu’ils ressentent comme plus facile à mettre en œuvre que d’autres (étude de textes par exemple) et pouvant reposer sur une démarche assez nettement cadrée. » D’autres cependant sont plus réservés : « sans doute plus conscients des limites de ce type de séances et d’activités », ils expriment « un sentiment d’échec », « une déception principalement liés à la démotivation des élèves face à un enseignement jugé ennuyeux, rébarbatif, décourageant et répétitif depuis l’école élémentaire », ils soulignent « la difficulté à construire une progression qui évite les redites sur les quatre années de collège ».
La note conclut à la nécessité de renforcer la formation continue des enseignants en la matière : « Leur formation, encore peu tournée vers l’apprentissage de la langue par les élèves, ne les aide pas à penser le transfert des notions travaillées en étude de la langue dans les pratiques langagières des élèves. » Autrement dit, le défi semble être de modifier en la matière représentations et habitudes.
Jean-Michel Le Baut