« Les grandes réformes il faut les faire dès la première année au pouvoir avec des ordonnances ». Plus clairvoyant que JM Ayrault ou V Peillon, JF Copé peut leur prêter conseil. Après l’échec des négociations sur l’évolution du métier enseignant, le ministre a-t-il eu raison de céder aux résistances ?
Il y a bien des raisons de faire évoluer le métier enseignant. Il y a le décalage visible entre le métier réel, le métier officiel et le métier rêvé. Ces écarts ont un double prix. Pour la société dans son ensemble ils participent de la création d’un échec scolaire qui, de fait, devient insupportable pour la société française. Ils encouragent aussi une souffrance enseignante qui est intolérable. Enfin on atteint l’absurde quand on fait heureusement évoluer la formation des enseignants pour la professionnaliser et qu’on maintient une vision officielle totalement décalée. N’empêche. Dans la situation politique qui est la sienne, Vincent Peillon a cédé aux pressions des enseignants de CPGE et remis sa réforme à plus tard c’est à dire probablement à jamais.
Très probablement a pesé sur cette décision le souvenir de tous les échecs précédents. Et d’abord Allègre ployant sous une fronde lancée justement par les professeurs de CPGE. Mais au chapitre des occasions perdues, en copiant sur C Lelièvre, on peut citer Jospin en 1988 ou Thélot – Fillion en 2005. Chacune de ces occasions de moderniser le métier c’est à dire de l’adapter à sa réalité a été perdue. Parlons franc. A chaque fois, on a choisi l’élitisme et les avantages des privilégiés à l’intérêt général.
Ce faisant l’école républicaine élargit son grand écart. L’opposition zep – cpge qui s’est introduite dans le débat est malheureuse mais elle est bien réelle. A millions constants entre les CPGE et les ZEP le choix a été fait au lendemain même de la publication des résultats de Pisa. C’est le choix de la société à deux vitesses assumé en toute connaissance de cause.
Toute réforme est-elle impossible ? Certainement pas. Si la gauche s’avère incapable de la faire, sans nul doute la droite la fera pour en finir avec des tensions de valeurs et de système qui deviennent intolérables. La solution est toute prête et a été détaillée en septembre par l’UMP : autonomie des établissements avec chèque éducation, gestion des enseignants par les chefs d’établissement, hiérarchisation officielle des établissements avec des » Maisons familiales d’éducation » destinées aux enfants du peuple. La journée du 12 décembre semble nous amener inexorablement vers le retour à un double système éducatif dont la nostalgie, à travers le souvenir des Jules, semble peser sur la société française comme une dalle de granite. L’histoire ne repasse pas indéfiniment les plats.
François Jarraud
L’UMP et l’école
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