Vincent Peillon a présenté le 12 décembre ses décisions à l’issue du cycle de négociations ouvert à la mi novembre sur les métiers enseignants. Il y a quelques avancées dans le premier degré. Il y en a aussi pour l’enseignement prioritaire et les formateurs. Par contre V Peillon n’arrive pas à conclure pour le second degré.
« Il ne peut pas y avoir de réforme sans y associer les professeurs… Je ne veux pas forcer le pas ». Vincent Peillon a annoncé le 12 décembre que les discussions sur la réforme des obligations de service des enseignants du second degré allaient continuer. Une situation qui rend pratiquement impossible une prise de décision applicable à la rentrée 2014. En clair, le ministre renonce.
Les professeurs de CPGE font reculer le ministre
A l’origine de cette reculade, le mouvement des professeurs de CPGE qui, depuis 15 jours, mobilisent pour le maintien de leurs obligations de service (ORS) actuelles. Comme V Peillon a lié le cas des CPGE a une réflexion globale sur les ORS de tout le second degré, le recul sur ce point aboutit à bloquer toute évolution statutaire pour l’ensemble du secondaire. Les pondérations prévues pour les professeurs de lycée et BTS ne seront pas appliquées à la rentrée 2014, tout comme celle des professeurs de CPGE.
« Je souhaite consulter les enseignants », affirme V Peillon qui estime que les professeurs du secondaire ne sont pas suffisamment informés des modifications envisagées. L’argument a été aussi avancé par le Snes cette semaine. Le syndicat appelait à la « mobilisation » pour cette information. Cependant, on se défend au ministère de parler de « recul » ou de « pause ». « Je veux changer les ORS de 1950 », affirme le ministre. Mais tout calendrier a disparu…
Mais pas sur le prioritaire
« Je veux pour 2014 avancer sur le prioritaire et que les formateurs entrent dans les ESPE. Pour les autres on verra si cela aboutit ». Vincent Peillon acte la pondération de 1,1 h pour une heure de cours en prioritaire au collège et dans le primaire. Mais la mesure sera étalée à partir de la rentrée 2014. Elle permettra à un professeur certifié de collège de bénéficier de presque deux heures de décharge pour travailler en équipe avec ses collègues. Il crée un corps de formateurs du secondaire qui devrait au final atteindre 2000 personnes. Les enseignants innovants sont invités à y entrer.
Les réactions syndicales entre soulagement et crainte
Le Snuipp est probablement le plus critique. Deux semaines après le premier versement de l’ISAE, la nouvelle prime des professeurs des écoles, » quid de la montée en charge de l’ISAE pour l’aligner sur l’ISOE du second degré », demande le syndicat. « Le temps des personnels promis par le ministre, c’est pour quand ? », demande-t-il. « La situation de la grande majorité des 330 000 enseignants des écoles ne fait l’objet d’aucune mesure nouvelle ».
Pour le Snes, Frédérique Rolet, interrogée par le Café pédagogique, estime que « le ministre a pris conscience que le projet en l’état n’est pas satisfaisant… La demande de redéploiement de moyens des CPGE vers les ZEP, les missions liées au service d’enseignement qui peuvent être détournées par l’exagération de certains chefs d’établissement, tout cela montre qu’il faut du temps de réflexion supplémentaire ». Le Snes ne croit pas à un aboutissement des discussions permettant une application à la rentrée 2014. « Un mouvement peut partir de l’éventuelle perte de postes dans des académies, de l’absence de revalorisation, de la situation en langues vivantes… il faut que le ministre s’attache à améliorer les conditions de travail et de carrière ».
Christian Chevalier, secrétaire général du Se-Unsa, interrogé par le Café, fait un bilan positif. « On se félicite de l’exercice de dialogue social qui a eu lieu ». Le Se unsa salue « de réelles avancées » sur l’indemnisation et les décharges des directeurs, l’indemnisation des conseillers pédagogiques, le soutien aux Rased, la création de formateurs dans le second degré « une demande historique ». Il s’interroge sur l’avenir du secondaire. « Est-ce un enterrement ou un délai ? ». Pour le Se unsa, la rénovation du décret de 1950 serait protectrice. En cas de retour au pouvoir de la droite, le nouveau gouvernement pourrait bien réformer les ORS de 1950 d’une toute autre façon…
Le Sgen Cfdt est plus accusateur. Il se déclare « surpris et déçu que les discussions sur le second degré restent dans l’impasse. Surpris, que les discussions n’aient pas abouti alors que les échanges officiels avec les organisations syndicales n’ont pas fait apparaitre de points de blocage insurmontables… Tous ceux qui s’accommodent du statu quo en seront comptables devant les personnels, les élèves et, au-delà, les citoyens ».
Le Snalc siffle la fin de partie en annonçant qu’il renonce à la grève du 17 décembre. Le chantier de la rénovation du métier enseignant semble clos à peine un mois après son ouverture.
François Jarraud
Le dossier de presse du ministère
http://www.education.gouv.fr/cid75724/premieres-decisions-sur-l-evolutio[…]
Sur le site du Café
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