Par Jeanne-Claire Fumet
Le Lycée de la Nouvelle Chance à Cergy fonctionne sur le modèle des micro-lycées : accueillir des jeunes de plus de 16 ans, en rupture scolaire, ayant atteint au moins la classe de Seconde, pour préparer en 2 ans un bac général ou technologique dans un cadre adapté. Bastien Sueur, professeur de philosophie est coordonnateur de la structure depuis sa création l’année dernière.
Lorsque le Proviseur de son lycée, Joël Cantaut, lui a proposé la rédaction du projet et le pilotage de l’équipe d’une vingtaine de personnes, au Lycée Alfred Kastler de Cergy Pontoise, où il exerçait depuis plusieurs années comme professeur de philosophie, Bastien Sueur n’a pas hésité. Dans un climat de confiance et de réflexion partagée sur le renouvellement pédagogique, il a relevé le défi d’un micro-lycée sur le modèle de Sénart ou de La Courneuve. Ouvert en septembre 2012 avec 45 places de Première, reconduit cette année avec 90 places, la structure compte d’encourageants résultats aux épreuves anticipées du bac 2013 – comparables à ceux des élèves du lycée classique. Mais aussi 23% d’abandon (soit 9 élèves sur les 39 inscrits), ce qui est relativement prévisible pour des élèves en forte rupture de scolarité, parfois depuis 4 ans.
La réussite tient beaucoup à l’engagement des équipes, estime Bastien Sueur, et elle se mesure aussi à l’évaluation par les élèves. Pour eux, la qualité du climat scolaire, de l’encadrement, de l’écoute, la prise en charge globale des questions éducatives, sont autant de motifs de réconciliation avec l’école. Une satisfaction aussi pour ce professeur de philosophie, en poste depuis 15 ans, et qui s’épuisait à donner du sens à la pratique de son enseignement dans le cadre classique. Face au découragement, devant la difficulté de changer et de faire changer, de se sentir réellement utile aux élèves, d’expérimenter de nouvelles pratiques, il a trouvé dans la structure un nouveau souffle professionnel.
La philosophie a toute sa place dans ses nouvelles fonctions, avec 3 h d’enseignement pour tous les élèves de Première. Mais cet enseignement est adossé à des pratiques culturelles, de théâtre, d’écriture, d’activités partagées avec les enseignants d’autres disciplines. Il est complété par les activités de tutorat, de concertation, de partages pédagogiques et de coordination liées à la spécificité de la structure. Son collègue de philosophie, Jean-Charles Royer, militant GFEN et également professeur au Lycée de la Nouvelle Chance, trouve lui aussi dans cette structure la possibilité de développer une pédagogie plus riche et mieux adaptée aux élèves. Et, enfin, les moyens de tenter des innovations et des changements transférables à l’enseignement classique, dans un environnement sécurisé et particulièrement propice à la recherche de solutions inédites.
Une structure porteuse d’espoir, pour les élèves décrocheurs comme pour leurs professeurs, et plus largement pour l’évolution des pratiques pédagogiques en philosophie. Mais une structure onéreuse, dont la pérennisation est incertaine, même si elle met en évidence les pistes possibles d’une amélioration de fond pour l’institution.
Le site du Lycée de la Nouvelle Chance :
http://www.lyc-kastler-cergy.ac-versailles.fr/lyc-nouvelle-chance/index.html
Sur le site du Café
|