« Vivement les 35 heures ! » pourraient dire les enseignants. En effet, une nouvelle enquête de la Depp, le département des études du ministère de l’éducation nationale, crédite de 44 h 07 dans le 1er degré et 41 h 17 dans le second, la durée moyenne hebdomadaire du travail des enseignants. Dans le secondaire, les enseignants travaillent 1h23 de plus en 2010 qu’en 2008. Cette étude confirme l’alourdissement du travail chez les enseignants qu’un rapport de 2012 de l’Inspection générale avait déjà pointé.
Premier degré
Dans le premier degré, l’étude de la Depp, un service ministériel, estime à 44h07 le temps de travail des enseignants. Il se composerait ainsi : 25h34 devant élèves, 8 heures de préparation 3 heures 36 de correction, 1h17 de documentation, 2h26 de travail avec l’équipe et de rencontre avec les parents et 3h10 pour d’autres tâches. Total 44h07 dont 9 heures de travail à la maison. Cette moyenne cache des variations assez fortes. Ainsi les enseignants de maternelle travaillent 38h38 car les corrections et préparations sont plus courtes. Les directeurs travaillent une heure 20 de plus. Mais la principale différence est dans l’ancienneté : les enseignants débutants travaillent plus de 52 heures par semaine. Les enseignants du premier degré sacrifient 20 journées de vacances au travail scolaire.
Second degré
Dans le second degré, la Depp recense 41h17 de travail hebdomadaire avec de fortes variations selon le corps. Les certifiés font 42h53 par semaine contre 39h11 pour les agrégés. Les PLP travaillent 39h20 et les Peps 37h33. Les esneignants du secondaire sacrifient 18 journées de vacances. Il y a peu de différence selon les disciplines, à l’exception de l’EPS, où le temps de travail est inférieur à la moyenne, et les profs de langues qui sont nettement au dessus de la moyenne avec 42h33.
Une comparaison avec une étude similaire en 2008, montre que le temps de travail a sensiblement augmenté dans le secondaire (+1h23) de 2008 à 2010. C’est le temps de travail des certifiés (+ 3h02) qui a augmenté le plus par alourdissement des corrections (+2 heures). Là aussi les débuts sont difficiles avec un temps de travail alourdi avant 30 ans.
Le rapport de 2012 de l’Inspection générale sur « Les composantes de l’activité professionnelle des enseignants outre l’enseignement dans les classes » avait déjà mis en évidence l’alourdissement du temps de travail. Dans le second degré, » le socle commun de connaissances et de compétences et le livret personnel de compétences (LPC) constituent un sujet sensible pour les enseignants de collège, et il est abordé de façon le plus souvent négative. La surcharge de travail induite par la double évaluation quantitative (maintien des notes) et qualitative (validation de compétences) est couramment déplorée, beaucoup d’enseignants ne parvenant pas à concilier les deux », notait l’inspection. Le contrôle en cours de formation, la recherche de stages, les dispositifs de personnalisation sont perçus négativement. Ils sont responsables de la dégradation des emplois du temps évaluée par le rapport à 10 heures supplémentaires de présence dans l’établissement. D’après le rapport, les enseignants du premier degré travaillaient de 41 à 43 heures hebdomadaires. Dans le second degré, on travaillait 39,5 h auxquelles s’ajoutaient 12 journées de congé sacrifiées en moyenne.
Peut-on lutter contre l’alourdissement ?
Les inspecteurs généraux proposaient de recenser dans de nouveaux textes officiels les principales composantes du métier en annualisant ce qui ne relève pas du face à face pédagogique. C’est dans ce contexte de redéfinition du métier d’enseignant que sont publiées ces deux notes du ministère. Vincent Peillon l’a officiellement annoncé pour la prochaine rentrée. Ces études limitent l’initiative ministérielle. Comment augmenter le temps de travail et de présence des enseignants du second degré dans l’établissement, comme le suggère l’OCDE, si le temps de travail est déjà très lourd ?
F. Jarraud