L’effort fourni par l’Etat depuis l’alternance réussira-t-il à compenser 10 ans de désinvestissement éducatif ? Car c’est celui-ci qui se lit pour le moment dans les statistiques de l’OCDE.
En apparence tout va bien.
La France consacre 10182 $ par élève en moyenne pour son système éducatif. Une somme supérieure à la moyenne OCDE (9313). Douze pays de l’OCDE dépensent davantage , mais pas la Corée du Sud ni la Finlande.
Dans le détail c’est différent. Le taux moyen est assez élevé parce que l’enseignement supérieur français reçoit 15 067 $ par étudiant (ocde 13 528) et le secondaire 10 877 (ocde 9014). Par contre le primaire français est moins bien doté que la moyenne de l’OCDE avec 6622$ contre 7974 dans l’OCDE. Cette fois ci 19 pays de l’OCDE passent devant la France , y compris la Finlande, la Corée étant au niveau français.
Ces moyennes ne doivent pas cacher des évolutions longues négatives.
Ainsi, alors que les pays de l’OCDE ont augmenté leurs dépenses d’éducation sur la décennie 2000-2010, la France fait partie du petit groupe d epays (avec l’Italie et la Hongrie) où les dépenses d’éducation ont baissé. Tous les autres pays de l’OCDE ont une croissance positive ,parfois très forte. Les Etats-Unis sont passés de 6,2% du PNB à 7,1%, le Royaume-Uni de 4,9 à 6,5%, le Danemark de 6,6 à 7,1%.
Cette évolution se lit aussi dans les salaires des enseignants. Sur la même période seuls 4 pays de l’OCDE ont baissé le salaire de leurs enseignants : la France, la Grèce, le Japon et la Suisse. Partout ailleurs ils ont augmenté et parfois de façon significative comme en République tchèque.
Et la crise ?
Depuis 2008 la crise économique a fait évoluer négativement les dépenses d’éducation chez de nombreux pays européens membres de l’OCDE. C’est le cas de la Grèce, du Royaume-Uni, de la Hongrie, de l’Italie, de la Pologne par exemple. Bien qu’en déficit budgétaire, la France a échappé à une baisse de son budget éducation. Elle a mieux résisté.
L’effort consenti aux budgets 2013 et 2014 devrait confirmer cette tendance. Combien de temps la France pourra -t-elle cumuler un fort déficit budgétaire et une hausse de ses dépenses d’éducation ? C’est la question que beaucoup doivent se poser chez les collègues mêmes de Vincent Peillon…
François Jarraud